-  Il commence par interpeller l’ancien Premier ministre Paul Bérenger en termes de « hey » parce que ce dernier lui avait simplement dit « met enn serye do »
- C’était après les révélations du leader de l’opposition sur le nouveau bonanza des médicaments avec le Molnupiravir qui passe en 24 heures de Rs 9.30 à Rs 79.90 l’unité
La teneur de la question et l’embarras de Kailesh Jagutpal à justifier ce nouvel achat scandaleux autour du Covid ont poussé le Speaker à adopter une ligne défensive, intervenant à tout bout de champ pour empêcher l’opposition de s’exprimer et pour servir de bouclier au ministre de la Santé. Après que le ministre eut été contraint de reconnaître la soudaine inflation qui a frappé le prix de ce médicament, des voix se sont élevées des rangs de l’opposition pour réclamer la démission de Kailesh Jagutpal.
Avec Shakeel Mohamed murmurant « resign ! » « resign ! ». « What resign ? » devait soudainement s’énerver le Speaker pendant que le député travailliste précisait que l’invitation à démissionner ne lui était pas adressée. L’atmosphère était alors devenue électrique. Xavier Duval continuait à acculer le ministre lorsque le Speaker s’est interposé pour réclamer qu’il retire un propos que personne n’avait entendu. Sauf Sooroojdev Phokeer, qui a considéré comme « irrégulier » le terme « to pa onte ! » que le leader de l’opposition aurait utilisé à l’adresse du ministre de la Santé.
Peu enclin à se faire renvoyer par le Speaker, Xavier Duval a obtempéré et retiré le propos imputé dont l’inadmissibilité reste à être établie. Bien qu’il l’eut fait, Sooroojdev Phokeer a continué à insister pour qu’il fasse amende honorable au point où, exaspéré, le leader de l’opposition a lancé, un « mais j’ai retiré mes propos en deux occasions » tout en ajoutant, dépité, un « Oh my God ! »
Paul Bérenger, qui suivait attentivement la séquence, commençait à montrer des signes d’impatience et il s’est tourné vers le Speaker pour dire « met enn serye do ! » sous les applaudissements de ses collègues de l’opposition, ce qui a eu le don d’exciter davantage un Speaker, déjà hors de son perchoir, avec son masque parti en vrille et l’index menaçant en direction du leader du MMM. « Hey ! » a-t-il lancé à celui qui a été un ancien Premier ministre pour ensuite lancer un « asize twa » digne d’une classe de maternelle. Et c’est durant cet échange que Sooroojdev Phokeer l’a expulsé. Vu son grand âge, 77 ans bientôt, Paul Bérenger a pris du temps pour rassembler ses affaires et quitter l’hémicycle.
En chemin vers la sortie et alors que le Speaker n’arrêtait pas de crier « ale, ale », le leader du MMM lui a dit « al pran lord » en désignant les travées de la majorité. Et les « you go out » devaient continuer de plus belle de la part de la présidence avec le député en partance lançant « imbécile » et « bachara » à Sooroojdev Phokeer, qui décréta alors son fameux « I am naming you ».
Le Sergeant-at-arms
sèchement repoussé
Et alors qu’il se dirigeait vers la sortie, le Sergeant-at-arms, Anirood Bundhoo, a tenté de le bousculer, mais il a été sèchement repoussé de la main par le leader du MMM. On a alors vu le chef de file du PTr, Arvin Boolell, quitter son siège pour aller rejoindre Paul Bérenger et l’accompagner vers la sortie. Il reviendra quelques minutes plus tard.
Le Premier ministre est, bien entendu, venu avec une motion secondée par nul autre que Steve Obeegadoo pour que Paul Bérenger soit suspendu pour quatre séances. Dehors, le leader de l’opposition et le groupe travailliste se sont adressés à la presse pour dénoncer ce tout dernier scandale à la Santé avec des précisions sur le bénéficiaire du contrat de Molnupiravir.
« The bad goalkeeper ! »
Les travaux ont continué avec l’examen du Virtual Asset and Initial Token Offering Services Bill présenté par le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun. Texte plutôt consensuel puisque les intervenants de l’opposition y ont apporté leur soutien. Les choses devaient ensuite dégénérer lorsque le ministre de la Santé a interrompu la séance pour donner des explications supplémentaires sur l’achat de Molnupiravir. Comme Shakeel Mohamed protestait contre l’autorisation accordée au ministre pour tenter de justifier cet achat scandaleux, il a été réprimandé par le Speaker qui l’a invité à quitter la chambre.
Exaspéré, Arvin Boolell a lancé un « a nou ale do ! » en prenant ses effets pour se diriger vers la sortie suivi de ses collègues du PTr. Shakeel Mohamed n’a pas ménagé le Speaker, qu’il a accusé de parti pris et de comportement honteux. « You are their goalkeeper and a bad goalkeeper at that » lui a lancé le député travailliste alors qu’il quittait l’hémicycle. Sooroojdev Phokeer a alors décidé de le « name » avant de se fendre d’une déclaration accusant l’opposition d’avoir fait dans la provocation depuis « this morning », alors que la séance a commencé en début d’après-midi. Et il a même ajouté que « the opposition will have to take its responsibility. »
En l’absence du Premier ministre, c’est Steve Obeegadoo qui a présenté la motion proposant que le député travailliste soit, comme Paul Bérenger plus tôt, suspendu de l’Assemblée nationale pour quatre séances, à moins qu’ils ne présentent des excuses à la chambre. Après le résumé des débats et l’adoption du Virtual Asset and Initial Token Offering Services Bill, les travaux ont été ajournés au vendredi 17 décembre.
La séance de mardi avait, elle, démarré avec une Private Notice Question du leader de l’opposition sur les relations entre le gouvernement et les collèges confessionnels suivi du Prime Minister Question Time avec les habituels députés de la majorité qui viennent greffer des questions supplémentaires sur celles de l’opposition pour permettre à Pravind Jugnauth de gagner du temps et de continuer tranquillement la lecture de ses longues réponses en mode dictée et à cadence de tortue.
Les ratés
d’Eshan Juman
Lui n’aura pas eu la main heureuse. Eshan Juman n’a connu que des ratés à cette séance du mardi 7 décembre. Sa question sur le vol mouvementé MK 5852 provenant d’Afrique du Sud s’est retournée contre lui puisque le Premier ministre a profité pour dire que le vol MK 852 du 27 novembre dernier qui a atterri à 19h19 est revenu sans passager. Il s’agissait, en fait, d’un vol cargo.
S’il n’a pas répondu à la question, le Premier ministre en a quand même profité pour faire le procès de ceux qui avaient proféré des allégations selon lesquelles c’était la fille de Steve Obeegadoo, celle du ministre Jagutpal et même la sienne qui aurait obtenu un traitement de faveur à leur arrivée. Des députés de la majorité ont profité pour lancer des invectives au député travailliste. On a tantôt entendu « shame » et tantôt « own goal » pour le narguer, lui qui est un invité régulier de certaines radios pour parler des municipales et de plusieurs autres dossiers.
Malgré son insistance pour que le chef du gouvernement parle du vol MK 5852, ce dernier a insisté sur le fait qu’il a répondu à la question spécifique qui lui a été posée non sans avoir renchéri « I speak the truth in Parliament whenever I answer any question ».
Si Eshan Juman a obtenu quelques réponses de Pravind Jugnauth sur les casquettes de la police, il s’est de nouveau raté un peu plus tard sur le complexe de Côte d’Or, au sujet duquel il a réclamé les coûts de rénovation. Or, le ministre Stephan Toussaint a affirmé de manière catégorique qu’il n’y aucun projet en ce sens.
Après les traditionnelles déclarations ministérielles, les débats se sont poursuivis sur l’Offshore Petroleum Bill avec les interventions du ministre Soodesh Callychurn qui, pour ne pas déroger de la doxa MSM, a évoqué ce que le PTr et le PMSD ont fait ou dit dans le passé. Kushal Lobine du PMSD a lui demandé que le projet soit mis en veilleuse et qu’il soit soumis à l’examen d’un Select Committee de la chambre et que cette instance procède à de vastes consultations avant d’arrêter une décision.
Rajanah Dhaliah, PPS et ancien directeur de la State Trading Corporation, a, comme tous ceux issus du MSM, remercié chaleureusement le Premier ministre « d’avoir présenté ce projet de loi et d’avoir démontré une fois de plus son leadership pour faire évoluer les frontières de notre développement ». Osman Mahomed a, quant à lui, insisté pour que tout soit fait dans la transparence, tandis que le ministre Sudheer Maudhoo a cité des observateurs étrangers pour justifier le maintien de l’utilisation du pétrole. Arvin Boolell, qui a pu intervenir malgré les refus initiaux, a tenu un discours musclé pour dénoncer le gouvernement.
Si le ministre des Finances a défendu le texte, le leader du MMM Paul Bérenger s’est, lui, appesanti sur « la malédiction du pétrole » qui a frappé les pays qui se sont tournés vers l’exploitation de l’or noir comme le Nigeria, le Venezuela, l’Angola ou le Congo, et il a aussi salué l’accord conclu avec les Seychelles en 2013. Pour lui, c’est sur la transition énergétique que le pays doit concentrer ses efforts en vue de respecter les engagements pris.
Comme il faut au moins deux intervenants pour répondre à l’opposition, c’est Alan Ganoo qui a précédé le Premier ministre qui, lui-même, a profité de la pause pour le dîner pour peaufiner sa réplique et procéder au résumé des débats. Les deux derniers intervenants ont défendu le texte et le Premier ministre a dit avoir relevé des contradictions dans certaines interventions de l’opposition qui, tout en se disant contre de projet de loi ont, en même temps, dit ce qu’il fallait faire si jamais le pétrole était découvert dans nos eaux.
Après le vote du Offshore Petroleum Bill, les débats se sont poursuivis sur le Mauritius Recreation Council Bill. C’est après le discours prononcé par son collègue de l’Administration publique, Vikram Hurdoyal, que le Premier ministre adjoint, Steve Obeegadoo, a obtenu l’autorisation de faire une déclaration impromptue sur la décision de la France de retirer Maurice de la liste des pays rouge écarlate pour celle des pays rouges, décision qu’il a été jusqu’à qualifier de « major victory ».
Le Mauritius Recreation Council a été voté après les interventions du député Eshan Juman et du ministre Sunil Bholah.