- Le leader de l’opposition révèle un appel au secours à La Réunion avec le Barracuda prêt à appareiller pour aller récupérer de l’oxygène en urgence
La logique mortifère de Kailesh Jagutpal a été mise à nu cette semaine à l’Assemblée nationale. Trois séances parlementaires depuis la reprise des travaux le 26 octobre et trois Private Notice Questions sur la résurgence spectaculaire des cas de Covid dans la communauté avec un nombre de morts conséquents enregistré depuis fin octobre, soit plus d’une dizaine sur une base quotidienne.
La séance de vendredi convoquée pour boucler l’examen du Cybercrime Bill a été d’ailleurs marquée par les révélations du leader de l’opposition qui sont venues accréditer la situation inquiétante dans laquelle se trouve le pays malgré une parole officielle lénifiante prolongée et un déni constant. Xavier Duval a en effet déposé sur la table de l’Assemblée nationale un appel au secours à La Réunion pour l’accès en urgence à de l’oxygène pour le traitement des patients atteints du Covid.
Pour souligner la gravité de la situation, le leader de l’opposition a cité un passage de la correspondance en date du 18 novembre signée de la Senior Chief Executive du ministère de la Santé, Dalida Allagapen, indiquant que le Barracuda était prêt à appareiller à n’importe quel moment pour aller récupérer les précieuses bouteilles à l’île sœur.
Cette révélation qui contredit le discours qu’a tenu jusqu’ici le ministre Jagutpal a provoqué un sentiment d’effroi jusque dans les rangs de la majorité.
Il n’y avait qu’à voir les mines de ceux qui sont toujours prompts à donner de la voix pour défendre tout ce qu’entreprend le gouvernement. Ils avaient l’air aussi surpris que décontenancés.
L’illustration de cette nervosité soudaine aura été la réaction de Kenny Dhunoo après que Xavier Duval eut qualifié les gesticulations de certains sur les bancs de la majorité de comportement de « poulailler », ce qui a été considéré comme une insulte suprême par le député de Curepipe/Midlands qui a commencé à protester.
Mais c’était sans compter l’intervention très à propos de Zahid Nazurally, qui l’a sévèrement rappelé à l’ordre.
Une des raisons pour lesquelles Kenny Dhunoo a, sans doute, pris plus que d’autres ombrage du terme « poulailler », c’est qu’avant de rejoindre le MSM aux dernières élections générales, il avait côtoyé précisément la « basse-cour » du PMSD.
Kailesh Jagutpal — habitué des effets de manche lorsqu’il est embarrassé et qui recourt à la critique personnelle vis-à-vis du leader de l’opposition tantôt pour dire qu’il déteint des actions dans une entreprise pharmaceutique ou pour lui demander ce qu’a été sa « contribution » à la lutte contre le Covid —a, lors des deux séances de cette semaine, été complètement acculé et esseulé.
Pas de tap latab de la
majorité à la séance de vendredi
Si, mardi, il poussait l’indécence jusqu’à se dire « fier » de ce qui a été fait pour combattre le Covid et qu’il refusait de démissionner et de faire preuve d’un peu plus d’humilité, comme l’invitait à le faire le leader de l’opposition, vendredi, il donnait l’impression d’être bien isolé, ses explications n’arrivant pas à convaincre même ses collègues.
La preuve, un léger recul dans l’indécence noté : pas de tap latab de la majorité à la séance de vendredi.
Le Question Time, avec le retour du Premier ministre, aura définitivement été bien plus animé ce mardi. Il faut dire que les questions avaient tout pour l’énerver; Osman Mahomed ciblait son protégé Ken Arian et Rajesh Bhagwan ses conseillers.
S’il a confirmé que Ken Arian siège bien sur plusieurs conseils d’administration publics à titre de directeur d’Airports Holdings Ltd, il a aussitôt rajouté que c’était le cas sous les gouvernements travaillistes avec Iqbal Mallam-Hasham et Raj Ringadoo se retrouvant eux aussi à la tête de plusieurs entités.
Même attitude vis-à-vis de Rajesh Bhagwan. À une question du député du MMM sur le nombre de conseillers qui l’entourent, Pravind Jugnauth a mentionné le chiffre de 14, dont quatre qui officient à titre bénévole.
Il y a aussitôt eu une question que l’on appelle “arrangée” dans le jargon parlementaire venant de Joanne Tour, confirmant son statut de « marionnette sponsorisée » demandant au Premier ministre de dire quel était le nombre de conseillers dont disposaient les anciens Premiers ministres Paul Bérenger et Navin Ramgoolam.
Si, dans le cas des députés de l’opposition, il est toujours avare de détails et qu’il leur demande invariablement de venir avec des questions spécifiques, là, il avait ben entendu toutes les informations dans son dossier. Selon lui, le leader du MMM avait 20 conseillers et celui du PTr 21, ce qui a provoqué des protestations des rangs de l’opposition.
Le plus exaspéré était Rajesh Bhagwan après que Pravind Jugnauth a aussi indiqué qu’il avait, lui-même, 11 conseillers lorsqu’il était ministre. Aucune question n’avait pourtant été posée sur le nombre de conseillers dont disposait l’ancien ministre du MMM.
Le député du MMM a vivement réagi, rappelant que c’est sir Anerood Jugnauth qui avait approuvé la nomination de ses conseillers qui, a-t-il dit, ont, eux, un bilan. Rajesh Bhagwan s’est montré particulièrement virulent vis-à-vis de Salim Abbas Mamode, passé du PMSD au MSM à qui il a lancé « pa rod lamerdma ar mwa ! »
À noter que, encore une fois, bien qu’aucune question ne lui ait été posée sur Prakash Maunthrooa, Pravind Jugnauth s’est lancé dans une envolée pour dire que son conseiller a bénéficié d’un jugement favorable dans l’affaire Boskalis bien qu’il ait été traité de tous les noms dans l’hémicycle par Rajesh Bhagwan notamment.
Les morts du Covid qui ont dominé l’actualité tant en dehors que dans le parlement ont quelque peu détourné l’attention sur le Cybercrime Bill, qui a finalement été voté dans la soirée de vendredi.
Avant le résumé des débats par le ministre des TIC Deepak Balgobin, une dizaine d’interventions, Sandra Mayotte, Fabrice David, Joanne Tour et une lecture ennuyeuse de texte, Joanna Bérenger qui est venue avec quelques propositions, Subashnee Luchmun-Roy qui a évoqué l’épisode de Charlie Hebdo dont le « joke », selon elle, a connu de graves conséquences, Mahen Gungapersad, Tania Diolle, Farhad Aumeer et le ministre Alan Ganoo.
À la séance de mardi, les intervenants étaient Kalpana Koonjoo-Shah, Nando Bodha, Avinash Teeluck, Shakeel Mohamed, Bobby Hurreeram, Patrick Assirvaden, Kavi Doolub, Rajanah Dhaliah, Richard Duval et Stephan Toussaint.