Le Premier ministre Navin Ramgoolam décrypte les retombées de sa récente visite d’État en Inde

Le Premier ministre Navin Ramgoolam a qualifié les retombées de sa récente visite d’État en Inde, entreprise à partir du 9 septembre, comme étant d’une « importance capitale » tant sur le plan bilatéral qu’économique. Le déplacement, qui faisait suite à une invitation du Premier ministre indien Narendra Modi en décembre 2024, a non seulement réaffirmé les liens « exceptionnels de fraternité » unissant les deux nations, mais a également permis de sécuriser une aide financière jugée historique.

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La délégation mauricienne, qui incluait cinq ministres, un ministre junior, un député et 55 représentants du secteur privé via l’Economic Development Board (EDB), a bénéficié d’un accueil qualifié de « vraiment exceptionnel et sans précédent pour un Premier ministre mauricien, surtout récemment en tout cas ». Ce symbolisme s’est manifesté dès notre arrivée a déclaré Navin Ramgoolam, qui, dit-il, fut le premier chef de gouvernement ou chef d’État à commencer sa visite à Varanasi, la circonscription même du Premier ministre Modi.

Navin Ramgoolam a déclaré que le Premier ministre Indien Modi a insisté sur la profondeur de cette relation, déclarant que les liens entre Maurice et l’Inde dépassent ceux entre deux peuples, nations ou gouvernements, pour s’apparenter à une relation entre « deux familles ». Cette visite intervient alors que l’Inde confirme son statut de partenaire inconditionnel, étant en voie de devenir la troisième économie mondiale d’ici 2027, avec une croissance de 7,8 % enregistrée entre avril et juin 2025, précise Navin Ramgoolam.

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Un engagement financier record de 31 milliards de roupies

La principale annonce de ce déplacement réside dans l’octroi par l’Inde d’un « Special Economic Package » de 680 millions de dollars – soit environ 31 milliards de roupies. Ce montant est considéré comme l’une des aides les plus conséquentes que Maurice ait jamais reçues dans son histoire, clame le Premier ministre.

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Il précise que ce colis financier vise à soutenir des secteurs stratégiques identifiés dans le programme gouvernemental. Une partie est allouée sous forme de *subvention (grant) de 215 millions de dollars (environ 10 milliards de roupies) pour financer quatre projets : la construction d’un nouvel hôpital, essentiel pour développer le tourisme médical, l’établissement d’un centre de médecine naturelle unique dans la région (Ayurveda, yoga, naturopathie, etc.), l’édification d’un hôpital vétérinaire moderne fonctionnant 24 heures sur 24, incluant une école de formation, car , pour lui la santé des animaux, pas uniquement les chiens, est important pour lui, et, l’acquisition de nouveaux hélicoptères.

Une autre enveloppe de 440 millions de dollars sera disponible sous forme de ligne de crédit. Ces fonds sont destinés à la réalisation de quatre autres projets majeurs : la construction d’une nouvelle tour de contrôle du trafic aérien (Air Traffic Control Tower), la réalisation de la nouvelle autoroute M4, la Phase 2 du projet Ring Road, et l’acquisition d’équipements pour la Cyber Corporation. À ces aides s’ajoute une subvention ponctuelle de 25 millions de dollars pour le soutien budgétaire, « on a yearly basis ».

Parallèlement, Navin Ramgoolam explique que l’Inde apportera son assistance pour le redéveloppement et la restructuration du port, ainsi qu’une coopération en matière de sécurité maritime. Cette coopération est cruciale pour contrer les actions illégales, notamment le trafic de drogue et la pêche illégale, un enjeu amplifié suite à l’acquisition de la souveraineté sur l’archipel des Chagos.

Regagner la première place en investissements directs

Un point clé des discussions, ajoute le Premier ministre, fut le statut de Maurice en tant que source d’Investissements Directs Étrangers (IDE) vers l’Inde. Après avoir été la première source d’IDE, Maurice a perdu sa position après 2016, suite à la révision des accords, tombant au troisième rang et enregistrant une perte de 40 % des IDE. La situation s’est complexifiée avec l’introduction du protocole Principal Purpose Test (PPT) le 7 mars 2024.

Navin Ramgoolam a exprimé son désir et son objectif de faire tout son possible pour que Maurice redevienne la première source d’IDE pour l’Inde. Il a indiqué que le Premier ministre Modi avait bien compris le contexte et était disposé à aider à « bouger l’eau ».

L’accent a également été mis sur l’utilisation de Maurice comme plateforme stratégique pour l’accès au continent africain. Tirant avantage des accords avec la SADC, le COMESA et l’Union Africaine, Maurice offre des structures d’opérations avantageuses pour les investisseurs. Dans cette perspective, le Premier ministre a abordé l’idée de créer une Zone Économique Spéciale en Inde afin que les industriels indiens souhaitant investir ou manufacturer en Afrique puissent également profiter des avantages mauriciens.

Afin de faciliter l’afflux d’investisseurs indiens, l’Economic Development Board (EDB) mettra en place un guichet spécial, l’« India Gateway Desk », chargé de faciliter et de coordonner toutes les initiatives.

Coopérations ministérielles et suivi

Sept protocoles d’accord (Memorandum of Understanding) ont été signés, ainsi que trois accords séparés, couvrant des domaines variés tels que la recherche spatiale (station satellite de télécommande), l’extension de la cartographie hydrographique nécessaire pour la Zone Économique Exclusive, et un projet de centrale solaire flottante.

Les ministres accompagnateurs ont mené des réunions de travail intenses. Le ministre Patrick Assirvadent, en charge de l’énergie, a préparé un prochain protocole d’accord, l’Inde s’engageant à accompagner Maurice dans sa transition énergétique et à superviser la construction d’une centrale solaire flottante de 17,5 MW à Tamarin Falls. Le ministre Adil  Ameer Meea a obtenu l’accès à des subventions allant jusqu’à 50 000 dollars pour des projets pilotes liés aux nouvelles technologies, tandis que l’Inde assistera Maurice dans la lutte contre la cybercriminalité (logiciels préventifs) et dans l’implémentation d’un système d’alerte précoce (early warning system) en cas de calamités naturelles.

De son côté, la ministre Jyoti Jeetun a initié une collaboration avec la Bourse de Bombay (Bombay Stock Exchange) pour développer la Bourse de Maurice et lui conférer une dimension africaine et internationale. Des investisseurs privés indiens ont déjà manifesté leur intérêt dans la banque digitale, la santé, un hôpital multi-spécialisation du groupe Lilavati Foundation est prévu, l’hôtellerie, le groupe Taj prévoit un hôtel, et les technologies, soit sur l’intelligence artificielle et le développement de logiciels et également dans la fabrication de batterie externe à Maurice.

Pour assurer une implémentation « rapide » des projets discutés et des coopérations signées, un comité de pilotage (steering committee), présidé par le Ministre Junior, Dhaneshwar Damry, sera mis sur pied. Le Premier ministre Ramgoolam a conclu en insistant sur l’importance d’une vision à long terme, soulignant le grand succès de la mission et remerciant chaleureusement le Haut-commissaire indien, Anurag Srivastava, pour son travail préparatoire intensif.

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