L’Entente de l’Espoir : « Le Budget ne doit pas faire de l’ombre au scandale des tortures »

— Le leader de l’opposition sollicite l’expertise des Nations Unies

L’Entente de l’Espoir a fait des actes de torture physique incriminant des membres de la police dans des vidéos en circulation ces derniers jours le point phare de sa conférence de presse samedi matin. La plateforme de l’opposition, qui a attribué des responsabilités dans cette affaire au Premier ministre, Pravind Jugnauth, ne croit pas en un seul instant que ce dernier n’était pas au courant de ce scandale.

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Tout en réitérant une commission d’enquête sur le sadisme perpétré par des policiers sur des hommes en état d’arrestation, la plateforme des partis de l’opposition insiste sur le départ de l’assistant au commissaire de police et responsables de la CID, Heman Jangi. Quant au leader de l’opposition, il a alerté et sollicité l’aide du Comité spécial des Nations Unies sur la torture pour aider Maurice à combattre la brutalité policière.

Les quatre dirigeants de l’Entente de l’Espoir ont unanimement réitéré une commission d’enquête pour faire toute la lumière et des recommandations sur les tortures policières après la circulation de vidéos démontrant des actes violence et de sévices par des éléments de la police sur des hommes en état d’arrestation. Les dirigeants de la plateforme de l’opposition, qui étaient face à la presse hier matin, ont accordé une grande place à la brutalité policière durant leur intervention respective. D’ailleurs, le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, a souhaité que la présentation du budget ce mardi « ne vienne faire de l’ombre au scandale sur les tortures policières. » L’opposition, qui prend cette affaire au sérieux, a-t-il dit, réclame des actions.

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De son côté, Paul Bérenger, leader du MMM, qui a dit comprendre l’impatience de ceux qui veulent voir une issue dans cette affaire, a insisté sur une commission d’enquête présidée par un ancien chef juge de la Cour suprême. Dans l’immédiat, une commission d’enquête est selon le leader du MMM le seul moyen de mettre de l’ordre dans la police. « Nous avons demandé une commission d’enquête présidée par un ancien chef juge, le plus vite possible, pour son expérience et sa capacité à faire des recommandations étant donné la gravité de la situation. Gouvernman pa kapave zwe boure. Li ena anbara di swa. Il y a cinq anciens chefs juges qui sont parfaitement qualifiés pour présider cette commission d’enquête », a déclaré Paul Bérenger.

« Jangi est pensionné, il doit partir »

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La plateforme de l’opposition serait plus en faveur que ce soit le Directeur des Poursuites publiques qui ouvre une enquête ou nomme un enquêteur sur les actes barbares reprochés à la police. « Mais, a rappelé Paul Bérenger, l’Attorney General a fait appel en Cour suprême de la décision du DPP pour la nomination d’un magistrat dans le cas du Slovaque déporté de Maurice. » Ce dernier a été aussi catégorique : « La police ne peut enquêter sur elle-même. » Entre-temps, la plateforme de l’opposition réclame avec force le départ immédiat de l’adjoint au commissaire de police Heman Jangi et décrie par la même occasion la nomination de celui-ci sous contrat. « Il est pensionné, il est sous contrat, il doit partir », a insisté Paul Bérenger, avant de demander la nomination d’un successeur intègre et compétent. Le leader du MMM est d’avis que les candidats intègres à la police ne manquent pas pour succéder à Heman Jangi.

Le leader de l’opposition a pour sa part fait état de ces actes de violence au professeur Nils Malzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, dans une lettre qu’il lui a adressée vendredi dernier. Une copie de cette correspondance a été également envoyée à la coordinatrice résidente des Nations Unies à Maurice, Christine N. Umutoni. Le leader de l’opposition voudrait voir comment le comité spécial des Nations Unies sur la torture peut aider Maurice à enquêter sur l’étendue de cette pratique dans l’île.

D’île paradisiaque à île de tortures

« À travers des dizaines et des dizaines de témoignages et de vidéos, il semblerait que la violence soit une pratique commune à la CID, au CCID et à la MCIT. Et donc, au fil des années, il y a dû avoir probablement eu des milliers d’innocents qui ont eu à avouer des crimes et qui sont actuellement en prison. Leur avenir a été brisé à jamais. Nous ne devons pas les laisser souffrir à cause des crimes qu’ils n’ont pas commis. Nous devons voir comment aider ces personnes », a déclaré le leader de l’opposition. Personne ne doit faire des aveux sous la torture, a fait ressortir ce dernier.

Xavier-Luc Duval a déploré l’étendue du « cover-up » dans cette affaire. Il a soutenu : « La police est au courant de l’existence des vidéos depuis décembre 2020. Elles ont été remises au commissaire de police et pour sûr au chef du CCID, monsieur Jangi. Parce que ce dernier est au courant des vidéos depuis tout ce temps, la plateforme de l’Espoir réclame sa révocation. Li pa kapav res enn sel segonn an sarz CID. » Tout en commentant le sadisme dont ont fait preuve des policiers incriminés dans cette affaire, le leader de l’opposition est d’avis que ceux qui ont gardé le silence sur les actes inhumains perpétrés par leurs collègues devraient faire aussi partie de la purge que mériterait la police.

« Qu’adviendra-t-il de ces policiers, quelles sont les sanctions qui leur seront appliquées ? Nous demandons une purge de la police. Il faut enlever les abcès, des éléments sadiques qui commettent ces crimes. Il faut purger la police, en particulier monsieur Jangi lui-même », a insisté Xavier-Luc Duval.

Il a aussi rappelé que la médiatisation des tortures policières dans la presse internationale ne sera pas sans conséquences pour le pays. « D’île paradisiaque, nous passons à l’île des tortures », a dit Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien, à ce sujet.

« Pravind Jugnauth le premier responsable »

La plateforme de l’Espoir n’a pas minimisé les responsabilités du Premier ministre, Pravind Jugnauth, dans cette affaire. « Pravind Jugnauth est le premier responsable de tout cela », a déclaré Paul Bérenger avec force. « En tant que Premier ministre, ministre de l’Intérieur et de la police, il ne peut pas dire qu’il n’était pas au courant. Nous savons qu’il a, avec son gouvernement, pourri nos institutions, y compris la police. » De son côté, Nando Bodha a ajouté : « Nou bizin enn Premie minis ki rasir lapopilasion konsernan Law and Order. Nou bizin enn minis Linterier ek enn lapolis ki donn konfians lapopilasion. Le Premier ministre a failli dans ses responsabilités pour rassurer la population. » Toutefois, les vidéos, a-t-il constaté, ont démontré l’étendue des pratiques qui gangrènent les enquêtes à Maurice. « Inn ler pou ki sa sistem ki gangrenn fason fer lanket-la arete. Nou kone kouma sa ete dan bann stasion lapolis ! » a déclaré Nando Bodha en réclamant le départ de Heman Jangi et de toutes les équipes qui contribuent à gangrener la police.

Promotion, frustration

Intervenant également sur les actes de tortures policières, le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, est catégorique : « Si le commissaire de police n’a pas informé le PM, c’est qu’il il y a un gros problème. » Il a aussi évoqué le sentiment de frustration qui a gagné les membres de la force policière. « Des policiers qui font bien leur travail sont en train de perdre la confiance du public. Avec l’exercice de promotion, c’est une autre douche froide pour tous les policiers qui travaillent correctement. Ena dimounn ena trant an ou trann-kat an leksperians ou ena kalifikasion LLB. Honors, BSC Police Studies, MSC Police Studies, zot pena adverse report, zot nom lor lalis promosion. Me kan lalis-la scrutinised par sirtou enn dimounn dan biro Premie minis, zot nom inn raye. Kouma zot pou gagn kouraz pou zot travay kan zot gagn sa kalite tretman-la apre otan lane servis dan lafors polisier ? » s’est demandé Roshi Bhadain. La plateforme de l’Espoir, a dit ce dernier, envisage de revoir le système de promotion dans la police une fois au pouvoir. Elle rétablira l’injustice faite à ceux qui n’ont pas été promus alors qu’ils sont méritants.

Les leaders de la plateforme ont par ailleurs déploré le traitement léthargique que le gouvernement accorde au Police and Criminal Justice Bill. Et de regretter que le projet de loi qui a pourtant circulé au conseil des ministres en 2015 dort depuis dans un tiroir.

Budget 2022-23

XLD : « Rien qu’une liste de projets de construction »

Abordant le prochain exercice budgétaire, la plateforme de l’Espoir promet des commentaires en public, ce vendredi à Port-Louis. En attendant, Xavier-Luc Duval a rappelé que la présentation du budget se fera ce mardi dans un climat socio-économique extrêmement difficile. Il ne comprend pas, a-t-il dit, comment le gouverneur de la Banque de Maurice a pu faire une conférence de presse sans attendre l’annonce du budget pour calculer la croissance pour l’année et le Repo Rate.

« C’est une honte qu’il a faite à la Banque de Maurice. Komsi li fini okouran de bann zafer. » Et depoursuivre : « Le Budget Jugnauth n’est rien qu’une liste de projets de construction. On ne s’attend pas à plus, mais la priorité des priorités est de soulager la population […] Nous avons déjà fait des propositions, dont la révision de la pension de vieillesse à Rs 11 000, du salaire minimum, de la baisse du prix de l’essence. » Xavier-Luc Duval n’a pas caché son inquiétude sur la possibilité d’un downgrade de Maurice par Moody’s à la note de Baa3.

« Avec ce range, nous serons juste au-dessus du junk status. Tous nos fleurons dont les banques commerciales tomberont automatiquement dans le junk status », a expliqué le leader de l’opposition. Il a dit partager les mêmes inquiétudes que la Mauritius Bankers’ Association à ce sujet.

Courses hippiques
Bérenger met en garde Lee Shim

Paul Bérenger et Nando Bodha se sont chargés de commenter la reprise de la saison hippique. « Li kler ki tou sa bann sinema ki nou pe trouve, tou sa la se pou permet minmiz par la bande à Lee shim e Beekharry lor lorganizasion lekours. Me mwa mo bien trakase ki lapopilasion pa realize money politics inn pouri nou demokrasi. Si la bande a Lee Shim e Beekharry resi met lame lor lekours, danze-la li ankour boukou pli gran », a prévenu Paul Bérenger. Poussant plus loin, le doyen des dirigeants de la plateforme de l’opposition a fait une mise en garde au tandem Lee Shim-Beekharry. « Mo pe donn enn konsey, nou tous santi nou pe arive a enn fin de règne. Sa rezim Pravind Jugnauth-la pe ale. Gard dan latet tou dimounn ki ena pou rann kont pou rann kont dan enn lavenir pa tro lwintin », a averti le leader du MMM

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