L’ex-CEO, Sherry Singh de Mauritius Telecom « est crédible », a soutenu l’Entente de l’Espoir, lors de sa conférence de presse, samedi après-midi. Les trois dirigeants (Roshi Bhadain du Reform Party était absent) qui ont principalement commenté le « sniffing-gate » et la publication du rapport de l’ancien CTO, Girish Guddoy, ont réitéré leur confiance dans les révélations des deux démissionnaires de MT. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, selon la plateforme de l’opposition, ne peut esquiver ses responsabilités dans cette affaire et les imputer à une autre partie.
Pour le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, il n’y a aucun doute, l’ex-CEO de MT, Sherry Singh reste crédible dans sa démarche et ses révélations. La veille, Sherry Singh était présent sur la plateforme en ligne du Défi Media Group, où le rapport de l’ex-Chief Technical Officer, Girish Guddoy, après la visite de l’équipe indienne à la Landing Station de Baie du Jacotet, en avril dernier, a été dévoilé. « Depuis le début, j’ai dit que Sherry Singh est crédible dans ce qu’il avance. Il a des détails, la connaissance technique et il est sincère dans ses propos. Tout ce qu’il a dit jusqu’ici s’est avéré. Nous ne pouvons mettre en doute ses révélations », a souligné XLD dans son intervention, hier après-midi.
« Maurice en porte-à-faux avec les pays voisins »
« Les motivations de Sherry Singh, c’est une autre chose. Mais il dit la vérité », déclare XLD. Parlant de documents « très compromettants » pour le gouvernement, le leader de l’opposition est d’avis que ceux-ci corroborent avec les révélations de Sherry Singh. « Ces documents prouvent que les informations de ma PNQ sont vraies à 100%. Ils viennent confirmer que les lettres d’octobre et de décembre derniers n’ont jamais fait mention d’un survey, que l’appel du 15 avril à 10h18 existe bel et bien. La video (ndlr : diffusée en ligne vendredi soir) est venue démontrer qu’une équipe étrangère s’est rendue à Baie du Jacotet. Le rapport du CTO atteste qu’il y a eu une intervention, une interception, un enregistrement et une capture des données à travers les câbles », poursuit XLD. Mais la visite de 6 heures à Baie du Jacotet, rappelle encore le leader de l’opposition, avait un autre objectif qu’un survey. Le but de l’exercice, poursuit-il, aurait été la configuration d’un appareil d’écoute par un pays étranger afin d’intercepter le trafic entrant et sortant des câbles SAFE. « Nos messages sont des biens personnels. Les intercepter revient à du vol. Si cela avait été effectué par le gouvernement mauricien, l’acte aurait été extrêmement grave. Sa kout-la se enn gouvernman etranze. Be kot nou ete-là ? « , se demande le leader de l’opposition.
Cette affaire peut porter préjudice au secteur économique, notamment l’offshore et à la diplomatie étrangère, fait ressortir XLD. Le snifing-gate, assure-t-il, « détruira l’offshore ». « Le mal a déjà été fait » à ce secteur, dit-il. D’autre part, le scandale de Baie du Jacotet, estime le leader du PMSD « nous met aussi en porte-à-faux avec les pays voisins parce que Maurice a donné son autorisation pour capter leurs informations. »
« De tous les délits, mentir au Parlement est le plus grave. parce que les réponses qui y sont apportées sont basées sur la vérité absolue. Ou kapav refiz reponn, zwe lor bann mo. Me ou na pa gagn drwa manti. Le mensonge est réservé pour une République bananière, et non dans une démocratie », souligne XLD en rappelant que Boris Johnson, le PM britannique démissionnaire, a payé le prix fort pour avoir menti sur les fêtes auxquelles il a participé pendant le confinement.
« Le rapport Guddoy, une preuve irréfutable »
« Fi’nn bel et bien ena sniffing e data capture », martèle, de son côté, le leader du MMM, Paul Bérenger. Il souligne le fait que même l’ancien président de l’Information and Communication Technologies Authorities, Me Ashok Radhakissoon a affirmé publiquement que la capture de données est un acte illégal. « C’est contre les droits du Consortium qui a choisi Maurice comme point de transit « , indique Paul Bérenger. Pour lui, le rapport du 12 juillet de l’ex-CTO, Girish Guddoy « est la preuve irréfutable » qu’il y a eu capture de données. Paul Bérnger a tenu à saluer et remercier ce dernier pour « avoir donné un grand coup de main à leur pays. » Et de préciser à son tour que la Landing Station de Baie du Jacotet aurait par la suite abrité un système d’écoute permanent. « Koma dir pa ase. Letan fer Secretary to the Cabinet ale, ki san’la zot mete? Enn ansien depite MSM. Sa ousi zot pena inpe desans! », déplore Paul Bérenger en commentant la nomination de Maxime Sauzier comme nouveau président du board de MT.
Par ailleurs, Paul Bérenger a tenu à préciser que l’Entente de l’Espoir n’est pas anti-Inde. « Pena okenn india bashing de nou kote. » Il a réitéré ses positions sur la nationalité du Security Adviser au bureau du PM. « Il n’est pas possible qu’après plus de 50 ans d’indépendance, une personne qui n’est pas de nationalité mauricienne occupe le poste de Security Adviser et nous représente sur des instances internationales. Nou bizin ena enn dinite. Nous aurions eu les mêmes positions si le Security Aviser venait de France ou de Chine. Pena et pa pou ena India Bashing », insiste le leader du MMM.
47 points captés
Abordant le « sniffing-gate » également, le leader du Rassemblement Mauricien, Nando Bodha a lui parlé de 47 points où des données ont été prélevées. « Ce qui représente une durée d’une heure et demie pendant laquelle il y a eu capture de données », a-t-il expliqué. « En terme d’algorithme, cela représente des millions de messages. » Et d’avancer : « Le PM est accountable. Pour une fois, il ne peut pas se dédouaner et renvoyer les torts sur une institution ou un officier. Le leader of the house doit donner l’exemple en disant la vérité. Il a menti. Sur un point de vue moral et éthique… li bizin ale. »
L’Entente de l’Espoir a évoqué l’Immigration Bill. Paul Bérenger a été catégorique sur la question : ce projet de loi, dit-il, peut entraîner des drames familiaux, des séparations et des séquelles sur des enfants, s’il est adopté. « Au nom des droits humains, a-t-il déclaré, pa kapav ena sa lalwa-la an 2022! » La plateforme de l’opposition a lancé une demande pour amender la loi afin de la rendre moderne et juste. Et non que le PM détienne le pouvoir absolu pour révoquer la nationalité mauricienne d’un détenteur étranger, sans aucune obligation de fournir des explications.