Navin Ramgoolam : « Il n’y a plus de Law and Order à Maurice »

« L’harmonie et l’unité constituent notre force », dit-il 

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Le chef de l’Alliance PTr-MMM-PMSD, Navin Ramgoolam, a commenté les incidents survenus à la Citadelle le samedi dernier lors d’une conférence de presse commune hier. Il a constaté qu’il n’y a plus de law and order dans le pays. “Nous devons préserver notre unité et l’harmonie, qui sont les sources de notre force,” a-t-il affirmé. Xavier Duval a lancé un appel à la population pour continuer à s’indigner, à exprimer sa colère et à manifester. De son côté, Paul Bérenger a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En plus des incidents à la Citadelle, les conditions entourant le contrat d’importation de produits pétroliers signé entre la STC et MMG, ainsi que le sondage publié cette semaine, ont été discutés successivement par les trois dirigeants.

Le premier à prendre la parole, Navin Ramgoolam, a observé qu’il n’y a plus de “law and order” à Maurice. Il a mentionné une série de vols avec violence, de viols, de crimes, ainsi que de nombreux actes criminels liés à la drogue, qui continuent de détruire la jeunesse, malgré ce que Pravind Jugnauth affirme. Il a cité l’exemple d’une touriste dont la poignée a été tranchée pour voler son sac, ainsi que d’un couple français qui visite régulièrement Maurice depuis 17 ans, victime d’une agression à Pereybère devant des témoins indifférents…

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Pour lui, ce qui s’est passé à la Citadelle samedi a franchi toutes les limites. “Nous avons franchi une ligne rouge. Un concert de musique visant à rassembler des familles de toutes les communautés, y compris des femmes et des enfants, a été interrompu par des personnes cagoulées et armées. Ils ont interrompu le concert, menaçant de tuer des personnes et endommageant des instruments de musique. Nous n’aurions jamais pensé voir de telles choses à Maurice”, a-t-il déclaré. Il a ajouté : “C’était un acte plus que choquant qui porte atteinte à nos valeurs et à la sécurité des citoyens. Je félicite ceux qui ont tout fait pour éviter que la situation ne s’aggrave”. Le chef du PTr a toutefois noté de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire. Tout d’abord, il s’est interrogé sur la raison pour laquelle la NSS n’était pas au courant. Il a qualifié cela d’échec total de la police et a noté que le conseiller du ministre Husnoo avait déclaré disposer d’informations indiquant qu’il pourrait y avoir des problèmes, et il avait informé son ministre et la police en conséquence.

Kaya : Pas de
fracture du crâne

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Navin Ramgoolam a appelé le gouvernement à venir en aide aux artistes qui ont perdu leurs instruments de musique. Il a également exhorté la population à ne pas céder à la tentation du communautarisme. Il a demandé aux autorités d’être sévères envers “ces fauteurs de troubles” et a souhaité qu’un message fort soit envoyé.

Navin Ramgoolam a également répondu à une remarque du transfuge Abass Mamode, qui avait affirmé qu’il était absent lors des émeutes qui ont suivi la mort de Kaya. “Il s’agit d’une propagande gratuite diffusée par le MSM. J’ai fait ce qu’il fallait dès le début. À Clarisse House, il y avait la police, le SMF, le National Security Adviser, le secrétaire du cabinet, le chef de la NIU. Nous avons rapidement rencontré Mme Kaya”, a-t-il affirmé. Il a rappelé avoir fait venir un expert britannique qui avait confirmé que Kaya n’avait pas de fracture du crâne. Il a également expliqué qu’il avait remplacé le chef du SMF par M. Servansingh, qui s’était montré très efficace. Les émeutes avaient été maîtrisées en trois jours.

Abordant un autre sujet, en référence à une interpellation de Reza Uteem concernant l’obligation pour les Mauriciens de déclarer leur communauté pour les élections, le chef du PTr a expliqué qu’en 2014, le gouvernement, auquel participait Paul Bérenger, avait décidé que le choix de déclarer sa communauté était facultatif, mais pas obligatoire. “Nous avons adopté une législation en 2014. Pourquoi le gouvernement Jugnauth refuse de faire de même ?” a-t-il demandé.

Contrat STC-MMG : “Opacité totale”

Commentant le contrat passé entre la STC et la compagnie MMG, Navin Ramgoolam a déploré l’opacité totale qui l’entoure. “Depuis quand un contrat entre le gouvernement et une compagnie privée est assorti d’une clause de confidentialité ?”, a-t-il questionné. Il a également noté que la ministre avait confirmé que sept compagnies avaient soumis des offres pour la fourniture de produits pétroliers. Or, après l’ouverture des appels d’offres, des négociations ont été engagées avec MMG. “Qui a mené ces négociations ? C’est une affaire cousue de fil blanc. C’est la première fois que l’on paie un fournisseur de produits pétroliers en roupies. Nous ne savons pas à quel taux d’intérêt. Il y a des soupçons de corruption à cet égard”, a-t-il lancé, s’interrogeant sur une possible opération de blanchiment d’argent. Navin Ramgoolam a promis que tous les appels d’offres publics ne comprendront pas de clause de confidentialité à l’avenir sauf les contrats comprenant des secrets de défense.

Pravind Jugnauth est un “out going Prime minister”

Le leader du PtTr a finalement affirmé que lors de l’abolition du National Pension Fund en 2020, il avait attiré l’attention sur le risque que cela représentait. “Jamais je n’avais pensé qu’on aurait épuisé ce fond aussi vite que cela”, dit-il. Il observé que la CSG est une taxe pure et simple et que toutes les institutions gouvernementales sont en banqueroute.

Commentant le sondage publié par le journal l’Express cette semaine, Navin Ramgoolam estime qu’il correspond à ce qui se passe sur le terrain. Pour lui, Pravind Jugnauth est un “out going Prime minister”. Et c’est la raison pour laquelle le PM attaque les trois leaders de l’entente de l’Opposition. Il  s’est dit que le sondage reflète la réalité à laquelle les Mauriciens sont confrontés à savoir la diminution du pouvoir d’achat, la drogue, le law and order et la corruption. “Ce qui est clair, c’est que le changement arrive et que ce gouvernement ne sera pas là très bientôt”, dit-il.

Xavier Duval :
“Indignez-vous”

Le leader de l’Opposition, Xavier Duval, a exprimé le souhait que les Mauriciens ne perdent pas leur capacité à s’indigner, à se mettre en colère et à protester. Il a souligné que la société mauricienne a été témoin d’une détérioration des valeurs, de la dégradation de la société et de pratiques déplorables au sein du Parlement. Il a averti que si ces problèmes sont normalisés, cela entraînera la dégradation du pays.

Xavier Duval a qualifié le projet de loi sur la pêche l’un des pires textes de loi qu’il ait jamais rencontrés. Ce secteur emploie environ 2000 pêcheurs artisanaux, 10 000 travailleurs dans les usines de transformation et génère des milliards de roupies grâce aux exportations de poissons, contribuant ainsi à l’économie nationale.Selon Xavier Duval, ce projet de loi accorde un nombre considérable de permis, soit environ 45, sans préciser de délai pour les réponses des autorités ni la possibilité de faire appel en cas de délais excessifs ou de décisions injustes. Il estime que cette législation ouvre la porte à des risques de corruption.

Le leader de l’Opposition a également critiqué la limitation de la démocratie observée au Parlement, notamment en ce qui concerne les clauses de confidentialité. Il a mentionné le cas d’Agalega, où un aéroport a été construit, mais aucune question n’est autorisée, et aucune information n’est communiquée au Parlement.

Xavier Duval a également évoqué le sondage publié cette semaine, qui indique que 55 % des personnes estiment que la situation dans le pays se détériore, ce qui est un mauvais signe pour le gouvernement. La drogue est devenue la deuxième préoccupation majeure des Mauriciens, ce qui reflète la situation difficile pour les familles.

Enfin, il a critiqué le projet de loi Mauritius Agricultural Marketing Amendment, qui obligerait les producteurs à vendre leurs légumes à Wooton. Il préconise la création de quatre marchés régionaux à travers l’île et s’oppose au projet actuel.

Paul Bérenger :
“Une insulte à l’intelligence des Mauriciens”

Paul Bérenger a estimé que, suite à la déclaration du ministre des Finances, il n’y a plus de système de pension à Maurice tel que le National Pension Fund. Il a déclaré que la Contribution Sociale Généralisée (CSG) n’est pas un système de pension, mais une simple taxe, ce qui signifie que les bénéficiaires de la pension de vieillesse n’ont aucune garantie pour l’avenir.

Il a exprimé des inquiétudes concernant la manipulation des chiffres économiques, y compris ceux publiés par Statistics Mauritius, et a souligné que la dette de la Banque de Maurice est élevée, mettant ainsi en danger l’avenir des générations futures.

Paul Bérenger a également critiqué l’absence d’enquête du FMI, apparemment pour éviter un rapport critique susceptible d’affecter la notation de Moody’s et d’autres agences.

En ce qui concerne Gaza, Paul Bérenger a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a critiqué le veto des États-Unis contre une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire. Il a souligné que la situation à Gaza est terrible et a appelé à la solidarité avec le secrétaire général des Nations Unies. Paul Bérenger a également exhorté la population à ne pas succomber aux divisions communautaires à la suite des incidents survenus à la Citadelle.

Lorsqu’il a été interrogé sur le sondage, Paul Bérenger a déclaré que le moment n’est pas aux théories, mais que l’objectif de l’opposition est de renverser le gouvernement actuel dirigé par le MSM et Pravind Jugnauth.

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