Lors de la tranche de la Prime minister’s Question Time (PMQT), au parlement ce mardi 17 juin 2025, le Premier ministre Navin Ramgoolam a présenté une série de contrats et de bénéfices accordés à N.G & Co. Ltd et ses filiales entre 2015 et 2024, période correspondant à la gouvernance du MSM.
Selon le chef du gouvernement, la société détenue par Nundun Gopee et Vinash Gopee aurait été « très proche de l’ancien Premier ministre » et aurait bénéficié de contrats et d’avantages substantiels de l’État et de ses institutions paraétatiques. Il répondait à une question du député Rajan Jhummun, élu de Rivière des Anguilles et Souillac.
Parmi les projets cités figure la construction de 73 unités de logement à Petit Bel Air, attribuée à N.G & Co. Ltd par la NHDC en avril 2015. Le contrat, estimé à Rs 88 millions, a coûté au final Rs 110 millions à l’État. Le Premier ministre a dénoncé le fait que l’entreprise a sous-traité l’intégralité des travaux à une autre société, Pybig Construction Ltd, pour Rs 76 millions, encaissant ainsi une différence de Rs 34 millions « sans avoir posé une seule brique ».
Un deuxième contrat, de Rs 82 millions, a été attribué en septembre 2016 pour un projet similaire à Souillac. Puis, en décembre 2017, le ministère de la Santé a octroyé, après un appel d’offres international, un contrat de Rs 926,2 millions pour la construction de l’hôpital ENT à un consortium mené par Ramacivil India Construction PVT Ltd et N.G & Co. Ltd.
En mai 2023, un contrat de Rs 2,2 milliards a été accordé de gré à gré à N.G & Co. Ltd pour la construction de 800 unités de logement. Celui-ci a cependant été résilié en juillet de la même année, N.G & Co. Ltd n’ayant pas respecté les conditions contractuelles.
Immobilier, location et soutien financier
Le Premier ministre a aussi évoqué plusieurs avantages immobiliers et financiers. La firme aurait reçu une somme de Rs 550 millions de la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour son projet de village de retraite de luxe, Royal Green, en pleine pandémie de Covid-19.
À Ébène, l’entreprise aurait acquis un terrain de 3 arpents via Landscope, contracté un prêt de Rs 600 millions auprès de la SBM, puis vendu des étages du bâtiment 7 Exchange Square à cette même banque pour Rs 238,5 millions. L’EDB (Economic Development Board) loue également des bureaux dans ce bâtiment, pour un coût total de Rs 104,9 millions à ce jour.
La FSC paie de son côté Rs 5,17 millions par mois à N.G & Co. Ltd pour la location de cinq étages et de 135 places de stationnement dans le même immeuble.
Autres bénéfices évoqués : un contrat de Rs 13 millions entre Mauritius Telecom et Royal Green pour des prestations médicales, Rs 64 millions de soutien financier de l’Industrial Finance Corporation Ltd à Royal Green Healthcare Ltd, et l’octroi d’un terrain portuaire par la Mauritius Ports Authority à NG Marine Services Ltd.
Selon le Premier ministre, un projet d’envergure a aussi été stoppé in extremis en 2019. Landscope Ltd prévoyait alors l’allocation de 550 arpents de terre à Cote D’Or à seulement deux entreprises, dont 250 arpents à N.G & Co. Ltd. L’intervention du président du conseil d’administration de Landscope à l’époque, Gérard Sanspeur, aurait permis d’annuler l’opération, jugée opaque. Celui-ci a démissionné peu après.
Autre exemple cité : l’attribution à Luxury Suites Ltd, entité liée à N.G & Co. Ltd, d’un terrain à Anse La Raie avant les élections générales de 2024. La pression populaire a contraint l’entreprise à renoncer au projet.
Rs 3,45 milliards de retombées
En résumé, selon les chiffres avancés par le Premier ministre, N.G & Co. Ltd aurait bénéficié :
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d’environ Rs 2 milliards issus de contrats publics,
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de Rs 205 millions en loyers de l’État,
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et de Rs 1,25 milliard en soutiens financiers d’institutions publiques comme la SBM, la MIC et l’IFC.
Navin Ramgoolam a conclu en déclarant que ces révélations illustrent un « système de corruption, de malfaisance, de népotisme et de clientélisme » qui, selon lui, aurait saigné l’économie nationale au profit de proches du pouvoir d’alors.