Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, faisant état de « graves anomalies » en évoquant la liste des électeurs de 2019 (année des élections générales), a souligné que celle de 2020 comprend « 20 000 noms additionnels ».
Revenant sur ces chiffres lors de la Private Notice Question qui lui était adressée, le Premier ministre a reconnu que la liste de 2020 comprend « 961 062 » électeurs. Alors que celle de 2019, année où son gouvernement a été élu pour un deuxième mandat, en compte « 941 719 », a souligné le chef du gouvernement au parlement.
Ce qui représente une différence de 19 343 noms additionnels sur la liste de 2020.
Tergiversant, Pravind Jugnauth a reconnu que « 2020 est plus que 2019, on est d’accord ». Et ce, alors que le Speaker, Sooroojdev Phookeer, rappelait à l’ordre le leader de l’opposition .
Pour rebondir, le chef du gouvernement est revenu sur les chiffres d’électeurs entre 1998 et 1997, 2006 et 2007, et 2009 et 2010 « années des élections », où il y avait « moins » d’électeurs. Pravind Jugnauth a, dans la foulée, questionné « qui était au pouvoir », ajoutant qu’à ce moment « on n’avait rien vu ».
« Maintenant, le contraire se passe ici. Entre 2019 et 2020, il y a une augmentation en termes d’électeurs, et (le leader de l’opposition) trouve cela anormal. C’est le monde à l’envers M. le président ! », a tenté de justifier le Premier ministre.
Poursuivant, Pravind Jugnauth devait avouer : « Moi comme Premier ministre, quand je regarde le nombre (d’électeurs) au fil des années, cela me concerne. Comment se fait-il, lors des années précédentes, qu’il y a eu une diminution en termes d’électeurs ».
« Il faut voir les raisons pour lesquelles on a eu une baisse en termes de nombre d’électeurs », a-t-il conclu.
« Exactement M. le… », a commencé à rétorquer le leader de l’opposition. Cependant, il a été coupé dans son élan par le Speaker : « Time is over by seven minutes! ».
Sooroojdev Phookeer a ainsi mis un terme abrupt à la PNQ.
A noter que le temps de cette tranche de questions a été majoritairement pris par le Premier ministre expliquant, en long et en large, le processus d’enregistrement.
« Not answering any question ».
La PNQ concernait l’enregistrement des électeurs, mais plus spécifiquement les améliorations pouvant être amenées à ce processus.
Le Premier ministre a, en long et en large, retracé le procédé actuel. Citant des extraits de la Constitution ou encore la Representation of People Act, il a pendant de longues minutes expliqué le processus d’enregistrement, de même que les qualifiants requis pour voter.
Tant et si bien que le leader de l’opposition, au bout de plus d’une dizaine de minutes sur les 30 allouées, a tenté de s’interposer : « (The Prime Minister) is not answering any question I have asked ».
Cependant, le Speaker devait soutenir que « the Chair has no control over the reply of the executive », invitant le chef du gouvernement à poursuivre sur sa lancée.
Ce n’est que vers 11h47 que le Premier ministre a abordé la première question adressée par le leader de l’opposition. Il a défendu le droit de votes à Maurice des résidents des pays du Commonwealth en se basant sur son expérience durant ses études au Royaume-Uni.
Pravind Jugnauth a soutenu que les lois entourant les « qualification and disqualification » des électeurs sont « comprehensively codified ».
Il a, par la suite, fait état des évolutions technologiques mises en place par la Commission électorale, shiftant d’un « oracle based software » au « Java J2EE Technology ». Plus tard, le Premier ministre a également défendu le « door to door canvassing » et ce « pour capter le maximum de personnes éligibles pour être enregistrées comme électeurs ».
« Là-bas, il y a
quelqu’un d’indépendant »
Le leader de l’opposition a fait état du « manque de volonté politique » en vue d’améliorer le système d’enregistrement au vu, dit-il, des « anomalies » et « inquiétudes » de la population après l’exercice de 2019.
« Les inquiétudes sont plutôt du côté de l’opposition, pas de la population », a ironisé le Premier ministre. Il a vivement critiqué les pétitions électorales logées par des membres de l’opposition, dont certaines ont été « purement rejetées par la cour parce que les allégations sont frivoles ».
Le leader de l’opposition s’est également attardé sur la vulnérabilité de certains travailleurs étrangers qui « peuvent être achetés et vendus » et qui sont « présents lors des meetings ».
Le Premier ministre a souligné le manque de preuve de l’opposition face à ces allégations.
« Ici et sur les kes savon, ils peuvent dire n’importe quoi, mais pas en Cour suprême. Parce que là-bas, il y a quelqu’un d’indépendant », a déclaré le Premier ministre.
A ce stade, le député de l’opposition, Reza Uteem devait intervenir pour relever que deux affaires avec des allégations « sérieuses » sont toujours en cour. Parler d’elles se révèle dès lors « inapproprié », a-t-il ajouté. De manière virulente, Pravind Jugnauth a rétorqué qu’il évoquait les cas déjà clos.