Présence hollandaise à Maurice (1598-1710) – Bodha: « Une porte qui s’ouvre sur une partie méconnue, mais capitale »

  • Des copies de documents historiques remises aux autorités

Des copies digitales de documents historiques sur la présence hollandaise à Maurice (1598-1710) ont été remises aux autorités mauriciennes lors d’une visioconférence organisée au ministère des Affaires étrangères avec des correspondants aux Pays-Bas et en Tanzanie. La partie mauricienne comprenait les ministres Nando Bodha et Avinash Teeluck ainsi que le Pr Sobhee, pro vice-chancelier (Academia) de l’Université de Maurice. Pour la partie hollandaise étaient présents la chargée d’affaires de l’ambassade des Pays-Bas, Lianne Houben, intervenant de Tanzanie, Johan Van Langen, des archives nationales des Pays-Bas, Cornelis Villem van Galen, de l’Université Nijmegen, qui supervise les recherches, et Joel Edouard.

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« Grâce à ces documents, nous découvrons que le peuplement de Maurice date de plus de 400 ans, soit de plus d’un siècle avant l’arrivée des Français », a d’emblée rappelé le ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha. « C’est une porte qui s’ouvre sur une partie méconnue, mais capitale, de notre histoire. Cette collection de documents contient des informations de sources primaires qui permettront d’enrichir notre connaissance encore fragmentée de la présence hollandaise à Maurice », a-t-il dit.

Dans le cadre d’un projet conjoint entre l’Université de Maurice et les archives hollandaises, Joel Edouard, bénéficiaire d’une bourse alors qu’il était à l’UoM, a appris le néerlandais aux Pays-Bas avant de se lancer dans la traduction de documents en néerlandais concernant la présence hollandaise à Maurice. Ainsi, nous apprenons que la première route praticable à Maurice a été construite durant cette période non loin de Trou-d’Eau-Douce, et connue comme « Le Chemin des Hollandais ». Des charrettes transportaient alors des bois d’ébène sur une distance de 3 miles (environ 4,5 km) avant que ces matériaux soient chargés sur des navires à destination du Cap, en Afrique du Sud. Une deuxième route avait également été construite par le gouverneur Hubert Hugo en 1677.

On apprend également qu’Abel Tasman, explorateur et marin hollandais, avait réalisé en 1642 la première carte de Maurice, avant que ce dernier devienne le premier explorateur européen à se rendre en Tasmanie. À noter qu’une autre carte de notre pays avait ensuite été réalisée par le naturaliste hollandais François Valentijn vers 1726.

Les Hollandais ont introduit à Maurice la canne à sucre, la culture de riz et le tabac. Toutefois, la population n’était pas suffisamment importante pour s’engager dans la culture à grande échelle. « Malgré le fait que le nombre d’esclaves était relativement bas durant la période hollandaise, il y a eu, en deux occasions, des révoltes d’esclaves, soit en 1695 et 1706 », a observé le ministre Bodha, qui n’a pas raté l’occasion de souligner que les manifestations ainsi que la lutte pour la liberté d’expression et « pour la liberté tout court », sont probablement dans l’ADN des Mauriciens.

Un bon nombre d’esclaves venus d’Afrique, de l’Inde et d’Asie sont restés dans l’île après le départ des colonisateurs hollandais. Ils peuvent ainsi être considérés comme les premiers habitants de l’île. Autre information intéressante : la première personne à être enregistrée à Maurice a été Simon Van der Stel, fils du second gouverneur Adriaan Van der Stel. Sa mère, Maria Lievens, était la fille d’une esclave indienne ayant retrouvé la liberté, et qui s’appelait Monica de Costa, native de la côte de Coromandel, et qui avait épousé le marin hollandais Hendrik Lievens. « Cela démontre que depuis le départ, Maurice a été une société multiculturelle et métissée », dira à ce propos le ministre.

Le ministre de la Culture, Avinash Teeluck, a pour sa part souligné la nécessité que « l’histoire complète de Maurice puisse être enseignée à l’école dès le primaire ». Il a par ailleurs sollicité l’aide des Pays-Bas pour aider au maintien et au développement du musée de Fort Frederik Hendrik, à Vieux-Grand-Port. « Les Hollandais sont les mieux placés pour nous aider à comprendre cette partie de notre histoire », explique-t-il. À noter que l’historienne Vijaya Teelock et Arnaud Lagesse, consul honoraire des Pays-Bas, étaient également présents à cette cérémonie.

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