Réforme de la pension : « Le système de retraite est une bombe à retardement déjà déclenchée », alerte le Premier ministre

Lors d’une déclaration très attendue à l’Assemblée nationale ce mardi 17 juin, le Premier ministre Navin Ramgoolam a défendu la réforme du système de pension, qualifiant le Basic Retirement Pension (BRP) actuel d’« insoutenable sur le plan fiscal » et de « bombe à retardement déjà déclenchée ».

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« Très peu de pays offrent une pension non-contributive à l’ensemble de la population. Maurice est une exception. Cette générosité est louable, mais dans le contexte actuel, elle est devenue une charge financière immense », a déclaré le Premier ministre.

Cette intervention intervient dans un climat de vive contestation populaire face à l’alignement de l’âge d’éligibilité au BRP à 65 ans, tel qu’annoncé dans le Budget 2025-2026. Le Premier ministre a martelé que cette réforme était « indispensable pour assurer l’équité intergénérationnelle et garantir la pérennité du système ».

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Le chef du gouvernement a présenté une série de chiffres pour démontrer l’ampleur du problème : les dépenses liées au BRP sont passées de Rs 5,97 milliards en 2010 à Rs 55,4 milliards en 2024-2025, soit une hausse de 828 % en 14 ans. À ce rythme, la facture pourrait atteindre Rs 100 milliards d’ici 2035.

Il a aussi souligné que les paiements du BRP avaient dépassé les budgets combinés de l’éducation, de la santé et du logement pour la dernière année fiscale, et que le service de la dette est désormais le deuxième poste budgétaire après les pensions.

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La population âgée de 60 ans et plus est passée de 186 400 personnes en 2015 à 257 600 en 2024, et atteindra 315 000 en 2038 selon les prévisions. Parallèlement, la fertilité chute, avec un taux de seulement 1,34 enfant par femme en 2024, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1).

« Moins de travailleurs devront financer les pensions d’un nombre croissant de retraités », a averti le Premier ministre. Le ratio travailleurs/pensionnés est passé de 3,9 en 2015 à 2,7 aujourd’hui, et pourrait tomber à 2 d’ici 2035.

Souhaitant répondre aux inquiétudes des plus vulnérables, le gouvernement a mis en place deux comités interministériels :

  • Le premier, présidé par le Premier ministre, étudiera les mécanismes de soutien pour les personnes âgées de 60 à 65 ans dont les ressources dépendent principalement du BRP.

  • Le second, dirigé par la ministre de la Sécurité sociale, évaluera les cas de personnes inaptes au travail pour raisons médicales.

Le Premier ministre a dénoncé l’héritage budgétaire de l’ancienne administration, accusée d’avoir aggravé le déficit par des décisions « irréfléchies et électoralistes ».

Dans son intervention, Navin Ramgoolam a également mis en garde contre un possible abaissement de la note souveraine de Maurice par les agences internationales, en raison de la situation budgétaire préoccupante, évoquant les exemples de la Grèce et du Sri Lanka, qui ont connu des crises de dette majeures.

Un déficit budgétaire de 9,8 % pour l’année financière 2024-2025, une dette publique représentant 90 % du PIB, et une croissance des dépenses incontrôlées menacent la stabilité économique du pays.

« En cas de downgrade, les conséquences seraient dramatiques : hausse du coût de la dette, perte de confiance des investisseurs, impact sur la roupie, et même difficulté à financer les pensions elles-mêmes », a-t-il martelé.

« Sans réforme, notre système de retraite n’aura plus les moyens de verser les pensions, même pour ceux qui ont plus de 65 ans. Nous devons agir maintenant, avec responsabilité et courage », a-t-il insisté.

La réforme annoncée n’implique pas de changement dans l’âge légal de départ à la retraite, qui reste fixé à 65 ans, mais elle aligne désormais l’âge d’éligibilité au BRP sur ce même seuil a fait comprendre Navin Ramgoolam.

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