Projet d’incinérateur à Riche-Terre : « Lev pake ale », lancent des habitants

Veolia : « Nous ne contaminons rien, nous sommes là pour dépolluer »

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Le projet d’incinérateur à Riche-Terre continue de faire des vagues, même si le CEO de Veolia Recycling and Environmental Services (Mauritius) Ltd, Patrice Wadley, insiste qu’il « n’a jamais été question d’un incinérateur dans le projet, mais seulement d’une solution durable pour recycler et revaloriser des déchets dangereux », dont les déchets d’hydrocarbures provenant des navires, les sols contaminés, les filtres à huile ainsi que les déchets plastiques et médicaux qui, « en l’absence d’infrastructures adéquates, ne sont pas traités de manière responsable et finissent le plus souvent dans la nature ».

Malgré ces assurances, le projet Veolia provoque déjà une levée de boucliers dans la région de Baie-du-Tombeau/Riche-Terre. D’ailleurs les habitants ont annoncé sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours une « rencontre d’information » prévue pour ce dimanche. Par ailleurs, étant donné la nature sensible de ce dossier, on apprend que la question pourrait être évoquée lors du conseil des ministres de ce jour.

Jeudi après-midi, lors de la “public consultation” tenue à Voilà Bagatelle, certains habitants de Riche-Terre n’ont pas mâché leurs mots à l’égard de Veolia et ont fait état de leurs craintes pour l’environnement et leur santé. Au départ timides, ils se sont ensuite fait entendre. « Moi, j’habite à 500 mètres du site. Pourquoi ne pas choisir un autre site ? » s’est exclamée une dame. « Initialement, nous avions proposé un site à Jin Fei, mais ce n’était pas approprié. Nous avons fait le tour de l’île, mais il faut une région proche du port », répond Patrice Wadley qui ajoute : « Il n’a jamais été question de prendre des carcasses d’animaux et de les incinérer, c’est juste le potentiel de la machine. »

D’autres voix s’élèvent pendant la tranche des questions/réponses suivant la présentation PowerPoint effectuée par Veolia et animée conjointement par Patrice Wadley et le Dr Revin Panray Beeharry, consultant en EIA. Un autre habitant de Riche-Terre, qui travaille dans la région, s’inquiète des éventuels débordements en cas de grosses averses et/ou d’inondation. Il se pose aussi des questions sur le sort des oiseaux de l’estuaire de Terre-Rouge, mais le CEO de Veolia lui répond que « les oiseaux ne vont pas venir manger des déchets d’hydrocarbures ». Un intervenant demande : « Quand on brûle du plastique, il y a de l’odeur et qu’en est-il de l’émission de particules ? » Et dans la salle, on peut aussi entendre certains lancer : « Allez faire votre projet sur une montagne ! » ou encore « lev pake ale ! »

Une habitante de Baie-du-Tombeau interroge les responsables présents dans la salle : « Que se passe-t-il si dans 20 ans, je réalise que mes enfants ont eu des problèmes de santé ?» Et d’ajouter : « Je soutiens le projet, mais je suis contre le site choisi. » Ce à quoi le CEO de Veolia explique : « Je comprends votre souci sur le cancer, mais maintenant la technologie a évolué. Ce n’est plus la même qui est utilisée, mais je suis ouvert à toute relocalisation du projet. Aujourd’hui, cela reste un projet et on n’a pas besoin d’un incinérateur. Je le répète, ce n’est pas un centre d’incinération, c’est un centre de valorisation des déchets », a-t-il lancé à plusieurs reprises, sans que cela ne puisse calmer et rassurer les habitants de la région. Devant l’insistance des personnes présentes, les responsables de Veolia ont fait comprendre que les incinérateurs aujourd’hui ne crachent rien, ni aucune particule. « Nous ne contaminons rien. Nous sommes là pour dépolluer, et de toute façon il n’y a rien de validé par l’État à ce jour. »

Avant la séance de questions/réponses, Patrice Wadley a souligné : « Notre dossier, soumis aux autorités pour l’obtention d’un permis EIA, explique clairement que nous sommes en mesure de traiter tous ces types de déchets. En tant que promoteur, nous avons souhaité présenter un dossier complet aux autorités, montrant les nombreuses solutions que nous pouvons offrir au pays grâce à notre station de recyclage et de revalorisation. C’est désormais à elles de nous dire quelles sont les solutions qu’elles souhaitent mettre en œuvre pour le pays. Aujourd’hui, tel qu’il est conçu, notre projet ne requiert pas la construction d’un incinérateur. »

Si ce projet est complété, l’essentiel de son activité sera consacré au recyclage de déchets d’hydrocarbures provenant des navires, stations essence, cuves de stockage ou d’autres opérateurs, tels que le Central Electricity Board et les compagnies pétrolières, entre autres, explique le communiqué de Veolia.

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