Readers’ Interested views – Draft National Land Development Strategy – PML : « Pas à la hauteur comme outil de planification de développement durable»

Le ministère du Logement et de la Planification de l’Utilisation des Terres a fait circuler fin mai une Draft National Land Development Strategy dont le but est de revoir la National Development Strategy de 2003 afin de la mettre à jour selon un cahier des charges précis.

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L’objectif principal est de proposer de nouvelles directions pour la planification du développement du territoire jusqu’en 2040 qui soient en accord avec les principes de développement durable.

Platform Moris Lanvironnman (PML) fait une analyse du document en deux parties. Dans la première, elle relève que les consultants ne fournissent pas une évaluation des écarts entre les objectifs de la NDS 2003 et les résultats de ses politiques stratégiques, comme cela aurait dû être le cas dans un exercice de révision.

Dans la seconde, elle analyse les manquements majeurs du Draft eu égard à quelques principaux axes stratégiques.

Bien que le Draft inclue des appréhensions et propositions d’ONGs, ces propositions n’ont pas été incorporées dans les politiques stratégiques concernées. PML note avec regret qu’en l’état, le Draft ne pourra être un outil de planification pouvant guider le développement d’une île Maurice résiliente face à l’adversité du changement climatique.

Les manquements montrent que l’exercice a raté le coche pour utiliser des outils récemment développés pour assurer une planification qui guiderait Maurice vers le « sustainability » et la résilience. PML exhorte donc le ministère à conduire une évaluation approfondie de l’approche adoptée. Car sinon, Maurice sera confrontée aux mêmes problèmes environnementaux et de planification de ces derniers 17 ans. Mais avec des conséquences catastrophiques en raison du changement climatique.
PML s’appesantit sur six domaines où l’absence d’évaluation des écarts est criante :
1. Le changement climatique.
2. L’infrastructure des drains d’eau pluviale et la gestion des inondations.
3. La destruction des zones écologiquement sensibles.
4. Mise à l’écart de politiques existantes au profit du seul développement économique, de surcroît
étroitement défini pour atteindre le statut de pays à haut revenus à travers la Business
Facilitation.
5. Protection des sources d’approvisionnement en eau.
6. Protection de la biodiversité et du capital naturel.
L’absence d’une révision complète (Comprehensive Review), d’une analyse des écarts, et d’une réelle prise en compte des impacts du changement climatique sont la cause de l’absence d’une ligne directrice ou principe fondamental qui aurait guidé l’élaboration de la National Land Development Strategy.
Au titre des manquements majeurs, PML met l’accent sur dix thématiques :
1. Approche fondée sur le risque et les pandémies futures. En plus de l’absence d’une revue des tendances et politiques passées, le Draft ne fait pas de prospective de ce que sera fait l’avenir de Maurice dans un monde de risques globaux, non seulement climatiques mais aussi liés à des pandémies. Alors que l’on sait déjà que le climat et les pandémies vont totalement bouleverser nos modes de vie et de travail, la connectivité et le transport, ainsi que l’occupation de l’espace physique. Le Draft ne contient donc pas de Policy Guidelines qui soient dans la pros ection pour guider un développement qui permette de reconstruire en mieux post-pandémie Covid 19.
2. Urgence climatique. D’une part, le Draft met davantage l’accent sur l’atténuation du changement climatique (faire baisser les gaz à effet de serre) que sur l’adaptation et la résilience face aux impacts alors qu’en tant que petite île nous sommes extrêmement vulnérables. Les strategic policies proposées sont tellement timides et peu précises qu’elles ne sont presque d’aucune utilité face à l’urgence climatique.
3. Gestion de la zone côtière. Le Draft ne tient pas compte des données, études, rapports, recommandations disponibles ces dernières années sur la zone côtière pour élaborer ses politiques stratégiques en vue d’une gestion en accord avec les grands enjeux. Il était attendu que le Draft ferait une évaluation des recommandations de ces études et rapports afin de produire des politiques stratégiques clairement définies pour une utilisation effective de la zone côtière.
C’est à peine que la question du repli des aménagements situés près du rivage est abordée, tandis que celle des Pas Géométriques (et donc des baux) grignotés par l’avancée de la mer à l’intérieur des terres n’est même pas évoquée. Alors que les solutions fondées sur la nature (nature-based solutions) sont reconnues comme les meilleures face au changement climatique et font partie des recommandations des agences des Nations Unies, elles ne font pas partie des strategic policies dans le Draft.
4. Des infrastructures clés pas à l’épreuve du climat ni revues. Les projets LRT/Metro Express et du Road Decongestion Programme n’ont pas été soumis à une évaluation des risques liés aux catastrophes (Disaster Risk Assessment) et les politiques qui leur sont dédiées ne se sont pas assuré que ces infrastructures soient à l’épreuve du climat et/ou n’entrent pas en contradiction ou ne compromettent les objectifs fixés pour lutter contre le changement climatique.
5. Conventions, pactes et accords sur les Objectifs de développement durable (ODD). Bien que le Draft mentionne le développement durable comme un objectif principal, il ne démontre pas comment ses policies et strategies vont permettre à Maurice de remplir ses obligations envers les divers conventions et pactes dont le pays est signataire, par exemple ceux du Sendai Framework sur la gestion des risques liés aux catastrophes ou l’ODD 11 qui est de « faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. »
6. Plans directeurs et stratégies nationaux. Le Draft ne fait aucune référence à quelques plans nationaux ou n’examine les interactions entre ces plans et l’utilisation des terres. PML mentionne six de ces plans ou stratégies qui n’ont soit pas été pris en compte du tout, soit l’ont été sans qu’il n’ait été démontré si ou comment leurs recommandations ont été évaluées/intégrées dans les Planning Policies. C’est le cas par exemple du Land Drainage Master Plan, du Sewage Master Plan, de la Protected Area Network Expansion Strategy (PANES) 2017-2026. Tout indique que le Draft souffre de cette approche cloisonnée encore si prévalente.
7. Ridge-to-Reef. Bien que mention a été faite d ce principe, il n’a pas été démontré comment il est intégré dans les politiques concernées. Or, c’est une nécessité car, par exemple, le manque de clarté technique de la Policy Planning Guidance 9 sur les pentes abruptes a permis des développements sur des pentes de plus de 20%, comme à Legend Hills où des pentes de 33-40% ont été aménagées, ce qui bafoue le PPG9.
8. Evaluation environnementale stratégique (Strategic Environmental Assessment). Il est incongru qu’aucune mention n’a été faite de l’évaluation environnementale stratégique (ESS) alors que l’évaluation des diverses options applicables à la gestion des terres se fait par une ESS. Le Draft laisse l’évaluation des impacts environnementaux aux promoteurs alors que les Environment Impact Assessments (EIA) qu’ils conduisent ne concernent que leurs projets spécifiques et non toute la zone où chaque projet s’insérerait.
9. Energie/électricité et canne à sucre. Tandis que le gouvernement a fixé comme objectif 60% d’électricité renouvelable à 2030 et que la superficie sous canne et donc de bagasse est en baisse, le Draft n’examine pas les besoins en terres pour augmenter la production de biomasse nécessaire pour atteindre l’objectif national. PML note à ce sujet que le rapport de la Banque mondiale sur le secteur Sucre n’a pas été rendu public
10. Sustainable Urban Drainage System, et accès à l’eau et l’assainissement (ODD6). Bien que le Draft fasse mention de la protection des aquifères, aucune mention n’est faite de la nécessité de protéger les zones de captage de nos réservoirs de développements. Il est inquiétant que les eaux pluviales de nouvelles zones construites soient connectées à quelques réservoirs, avec tous les risques que cela comporte.

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