« Recognition Time » : Coiffés de Mortarboards sur le coaltar du marché du travail

Graduation Ceremonies teintées d'inquiétudes pour des jeunes diplômés face à un avenir incertain

Depuis ces dernières semaines, le marché du travail accuse un influx de cohortes de diplômés issus de différentes universités publiques. Les Graduation Ceremonies sont, certes, des moments de grandes réjouissances récompensant les efforts. Or, une fois le diplôme en main, les jeunes sont confrontés à la dure réalité qu’est de trouver enfin un emploi. Face à une concurrence accrue sur un marché où pullulent des diplômes par milliers, la COVID-19 vient corser l’addition. Plusieurs secteurs frappés de plein fouet préoccupent les jeunes. Toutefois, ils gardent confiance quant à un avenir meilleur, voire un avenir tout court.

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Ils sont plus d’une centaine d’étudiants de l’Université de Maurice (UoM) de la faculté de l’Information, Communication and Digital Technologies et la faculté d’Agriculture à avoir reçu leur diplôme mercredi matin à l’auditorium Octave Wiehe à Réduit. Dans une salle remplie comme un oeuf, des étudiants satisfaits de la fin d’une première manche de leurs études, et des parents, se félicitant de l’Achievement de leurs enfants, étaient réunis. Mais pour ces étudiants, coiffés de Mortarboard sur le coaltar du marché du travail, ce n’est que le début du parcours d’un combattant

Sweta Nepaul, 22 ans (Bsc Computer Science) : « Avec la COVID-19, encore plus difficile de trouver un emploi »

Son tout premier diplôme universitaire en poche, Sweta Napaul contemple déjà d’autres études supérieures. Mais elle ne les entreprendra pas de sitôt. Opérant dans une compagnie privée du secteur de la technologie, elle dit préférer attendre, au moins deux ans, avant de reprendre ses études. Ce travail, dit-elle, lui permet d’acquérir une certaine expérience en vue de gravir les échelons de la sphère professionnelle. Pour elle, l’objectif de consolider ses qualifications académiques tend vers un emploi meilleur car pour elle, ainsi va la société.
Sweta Napaul souligne que trouver un emploi n’a pas été difficile étant donné que le secteur des TIC, en pleine expansion, recherche toujours des compétences. Elle se réjouit que la COVID-19 n’ait pas eu d’effet sur l’entreprise où elle travaille, et que les postes ont été préservés. En revanche, le trop de diplômés sur le marché du travail présente des inconvénients. « On ne pourra pas empêcher la compétition mais chacun devra faire ses efforts », met-elle en exergue. La jeune fille demande aux jeunes de ne pas baisser les bras et de croire qu’une opportunité d’emploi se présentera tôt au tard. Le seul conseil qu’elle peut donner est de « rester courageux » et de continuer à postuler. « Je sais qu’avec la COVID-19, il est encore plus difficile de trouver un emploi », fait-elle ressortir. Une fois ses études poussées terminées, cette nouvelle diplômée cherchera un poste plus important.
Commentant sur l’inévitable hausse du taux de chômage cette année, affectant en particulier les jeunes, Sweta Napaul ne cache pas son inquiétude. « Nous ne savons pas ce qui nous attend à l’avenir », dit-elle. Si elle n’avait pas trouvé un emploi, elle avance qu’elle aurait pu se lancer dans l’entrepreneuriat. Mais elle avoue qu’une telle démarche n’est guère facile, soulignant qu’une assistance en premier lieu aurait pu l’aider à s’inscrire dans cette voie.

Hibah Khodabocus, 21 ans (Bsc Computer Science) : « J’ai des craintes quant à l’avenir »

Travaillant dans le secteur de la technologie, Hibah Khodabocus souhaite accroître ses années d’expérience avant de s’engager dans des études supérieures plus poussées. Elle dit avoir remarqué, pour sa part, que la COVID-19 a eu un effet positif sur l’entreprise vu que plus de jeunes sont recherchés pour plusieurs postes vacants en ce moment.
La jeune diplômée ne croit pas nécessairement que le marché de l’emploi est hautement compétitif. Sa seule crainte est que la robotisation puisse restreindre son étendue. Face à un environnement incertain dû à la COVID-19, Hibah Khodabocus dit entretenir des craintes quant à l’avenir étant donné qu’il est difficile de prévoir le secteur de l’emploi et les répercussions de la COVID-19 sur les opérations de l’entreprise où elle travaille. Consciente qu’ils sont plusieurs jeunes diplômés à toujours être au chômage, elle avance que ceux ayant étudié dans le domaine de la technologie sont plus aptes à trouver un poste actuellement. Elle demande aux jeunes de continuer à approfondir leurs études. Si elle n’avait aucun emploi, l’entrepreneuriat serait un moyen pour se développer et aider au progrès du pays.

Naailah Permessur, 22 ans, (BSc Agriculture) : « Je me battrai pour trouver l’emploi que je recherche »

Stagiaire dans une compagnie privée, Naailah Permessur compte se concentrer sur une carrière. Désireuse de devenir enseignante dans une école, son but est de pouvoir enseigner aux enfants l’importance de l’agriculture. Cependant, obtenir cet emploi est loin d’être facile. L’entrepreneuriat reste donc une option. « Si j’ai le soutien requis je pourrais m’inscrire dans ce domaine », affirme-t-elle. Naailah Permessur dit éprouver du chagrin pour ces jeunes diplômés qui demeure en quête d’un emploi. Elle leur demande de persévérer. Par ailleurs, pour la jeune diplômée, le secteur de l’agriculture a démontré toute son importance, en particulier dans le contexte de la COVID-19.

Rebecca Tolbize, 21 ans, (Bsc Biotechnology) : « Entre cours et demandes, difficile équilibre ! »

Elle n’a pas encore un travail, est consciente qu’elle n’en trouvera pas un de sitôt, étant donné que les opportunités d’emplois sont moindres pour son domaine d’études. Originaire de Rodrigues, Rebecca Tolbize avance avoir choisi la “biotechnologie” car c’était le seul programme qui correspondait à ses demandes. Mais elle ne se doutait pas qu’elle se trouverait dans une situation compliquée après l’obtention de son diplôme. « Je pense continuer mes études pour obtenir ma maîtrise, et pourquoi pas, un doctorat après », laisse-t-elle entendre. Sa décision relève du fait qu’il sera difficile de trouver un emploi rapidement. « Les offres d’emplois sont faibles dans ce domaine. »
De plus, elle fait ressortir que la COVID-19 a davantage restreint le marché du travail. Mais pour la jeune fille, certaines opportunités vont bien sûr se présenter aux jeunes mais elle estime que si l’on n’aime pas un travail, on se met dans une “prison”. En se spécialisant dans un domaine, elle souligne qu’il sera plus facile pour elle de trouver un emploi approprié.
Se trouvant dans une situation assez complexe avec son diplôme, Rebecca Tolbize avance qu’il est important d’établir un équilibre entre les cours et les besoins du marché. « Cet équilibre est certes très difficile », concède-t-elle. La Rodriguaise garde toutefois espoir qu’elle trouvera un emploi approprié mais exprime aussi ses craintes sur le chômage chez les jeunes. Dans l’éventualité qu’elle ne trouve pas un emploi, elle pourra se lancer dans l’entrepreneuriat mais souhaite avoir le soutien nécessaire.

Yudhaveer Ramdoyal, 24 ans, (Bsc Computer Science) : « Il faut inclure la technologie dans tous les programmes »

Council Representative à l’université de Maurice, Yudhaveer Ramdoyal sera bientôt à la recherche d’un emploi. Ce jeune homme diplômé en informatique, et qui voulait poursuivre ses études juste après, avance qu’une année d’expérience est demandée avant de pouvoir entamer ces études. Or, trouver l’emploi est le premier obstacle. « Je serai obligé de travailler et j’ai déjà commencé à postuler », dit-il.  Mais pour le diplômé, il ne sera pas difficile de décrocher un travail dans le domaine de la technologie mais concède connaître des jeunes qui poireautent à la maison après leurs études. Pour lui, « il faut inclure la technologie de l’information dans tous les programmes » pour que le jeune ait les compétences nécessaires à trouver un emploi une fois ses études terminées. Yudhaveer Ramdoyal dit comprendre la situation des jeunes at home. Il leur conseille quand même des “certifications” afin d’améliorer leurs chances d’être recrutés. Par ailleurs, il ne cache pas que certaines compagnies informatiques étrangères pourraient aussi fermer leurs portes si elles n’ont pas de projets à cause de la COVID-19.

Au courant de cette semaine et de la semaine prochaine, plusieurs jeunes obtiendront leur diplôme de l’UoM.

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Et à l’UTM

L’Université de Technologie de Maurice (UTM) livre également ses nouveaux diplômés sur le marché. La 32e cérémonie de remise de diplômes, tenue mercredi après-midi au centre de conférences international Swami Vivekananda à Pailles, a montré l’intérêt des jeunes à consolider leurs qualifications académiques en vue de trouver un emploi qui corresponde à leurs attentes. Or, pour beaucoup qui ont obtenu leur premier diplôme universitaire, le choix est entre la recherche d’un emploi ou la poursuite des études en vue d’une maîtrise dans un domaine quelconque. Mais ce choix reste difficile compte tenu de la situation économique mondiale affectée par la COVID-19.

Ritesh Kumar Seeballack (BA Graphic Design) : « Je compte trouver un emploi au plus vite »

Amoureux de l’art depuis son enfance, Ritesh Kumar Seeballack a opté pour le cours de Graphic Design naturellement. Ce diplôme pour ce jeune homme est un moyen pour qu’il trouve un emploi rapidement. S’il n’obtient rien de concret, il pense qu’il pourra travailler en “freelance”, mais croit qu’il est plus important de trouver un emploi permanent pour assurer sa stabilité financière. Conscient qu’ils sont plusieurs diplômés dans ce domaine, il avance qu’il faut toujours persévérer dans les études pour se frayer un chemin. Il garde confiance qu’il peut trouver un emploi à son goût étant donné que le Graphic Design présente plusieurs opportunités d’emploi. Mais la COVID-19, selon le garçon, a aussi eu des répercussions sur les entreprises et d’autres ont perdu leur emploi. Mais pour lui, afin d’échapper aux conséquences de la COVID-19, travailler en ligne est un moyen qui assure l’emploi. Ritesh Kumar Seeballack ne cache pas qu’il est inquiet concernant le chômage chez les jeunes, mais croit que le développement de la technologie peut résoudre le problème. Ce nouveau diplômé est aussi intéressé par l’entrepreneuriat car il pourra ainsi développer ses autres compétences.

Fatema Kassamally (BSc Tourism and Hospitality Management) : « Je suis un peu inquiète »

Diplômée en Tourism and Hospitality Management, Fatema Kassamally ne cache pas son inquiétude face à une industrie touristique en berne. Dans moins d’un an, elle entamera des études en management général en vue d’avoir plus d’opportunités d’emploi. « On doit avoir plus de qualifications académiques pour sécuriser son avenir », souligne-t-elle. La jeune fille confie qu’elle éprouve du chagrin en voyant la pression exercée sur les jeunes afin de trouver un emploi. Travaillant dans une agence de voyages en ce moment, elle note une baisse dans les annulations. Toutefois, elle remarque également que des étrangers souhaitent venir à Maurice. Ce qui la réconforte en tant que nouvelle diplômée. Mais si un jour elle ne trouve pas d’emploi, elle compte se tourner vers l’entrepreneuriat.

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