(Recrutement des médecins étrangers) PMPA : « Maurice possède assez de spécialistes »

La mesure budgétaire énoncée par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans le discours du budget à l’effet que des amendements seront apportés afin d’encourager des médecins étrangers spécialistes à venir travailler à Maurice, a suscité de vives réactions de la part de la Private Medical Practitioners’ Association (PMPA).

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D’emblée, l’association des médecins privés pose la question : « Quel est le pourquoi de cette mesure ? Est-ce une priorité, dans cette période de crise sanitaire que nous traversons, à Maurice, comme dans le reste du monde ? N’avons-nous pas actuellement, à Maurice, d’autres “priority issues” que le recrutement de spécialistes étrangers ? »

La PMPA argue : « Sans flatterie, nous avons actuellement à Maurice des spécialistes de quasiment toutes les sphères de la médecine. Nous, les médecins du privé, concédons que, dans certains cas, des patients sont référés à des établissements médicaux étrangers, soit dans la région, comme en Afrique du Sud, à La Réunion ou en Inde, ou ailleurs en Europe, par exemple. Mais il faut bien souligner que ces cas sont référés à des établissements de santé parce qu’ils possèdent des équipements et des technologies de pointe ! Ce sont des questions de logistiques et d’infrastructures, surtout, et non principalement pour avoir accès à des médecins spécialistes ! »

La PMPA soutient de plus : « Il y a effectivement certains Mauriciens qui souhaitent avoir accès à des traitements par des spécialistes étrangers. Mais ce sont des cas très spécifiques, et suivant la demande de ces patients, qui peuvent s’offrir de tels soins, et dans des pathologies extrêmement rares. » La PMPA soutient que « de manière générale, les Mauriciens font confiance aux médecins locaux », ajoutant qu’il « y a un lien de confiance qui a été établi entre le patient et son/ses médecin(s) ».

De plus, fait remarquer la PMPA : « Quelle est la logique, dans cette crise économique qui ne nous épargne guère, au même titre que tous les pays de la planète, d’encourager des médecins étrangers à venir pratiquer chez nous, à Maurice, et incidemment, perdre ces revenus en devises étrangères ? Est-ce bien réfléchi ? » Dans la même veine, se demande l’association des médecins du privé : « N’y aurait-il pas, derrière cet empressement, des “lobbies” étrangers qui souhaitent s’enrichir de cette façon ? »

Cette option, élaborent ces médecins, est importante. « Par exemple, dans la pratique, à Maurice, les chirurgiens cardiaques sont payés au cas par nombre d’interventions. Si avec la nouvelle donne, c’est un “fixed salary” qui est prôné, donc qu’importe si le médecin pratique cinq ou dix interventions, pour lui, cela revient au même : il touchera la même somme en fin de compte. Cela impacte forcément la donne. »

La première prémisse pour faire venir de la main-d’œuvre étrangère, rappelle la PMPA, est le manque de main-d’œuvre locale. « Il est inconcevable que l’inscription des médecins étrangers soit facilitée alors que l’on a plus de 4 500 médecins déjà inscrits au conseil médical. » Évoquant la crise sanitaire du Covid-19, l’association souligne que « le contrôle de la pandémie a été, dans une large mesure, réussi grâce à la compétence, au sacrifice de soi et au dévouement des médecins et du personnel médical locaux ».

Maurice peut en outre se targuer d’avoir un médecin pour 275 personnes, avec quelques centaines toujours en attente d’inscription et d’emploi, et des centaines d’autres qui étudient ici et à l’étranger, poursuit la PMPA. Et de rappeler que « dans le contexte économique et social actuel, il nous est davantage approprié d’encourager et de soutenir le label “Made in Moris”, ce qui, à notre sens, implique tout aussi bien les prestations et services comme ceux des médecins ».

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