Réouverture totale des frontières le 1er octobre – Détérioration de la situation sanitaire

« Aucune raison pour repousser la réouverture » — Fébrilité mais confiance à l’approche de l’heure de vérité

Pour la réouverture totale des frontières le 1er octobre, tout est presque finalisé, disent les hôteliers. N’empêche que le gouvernement, le secteur économique et la population sont tous fébriles dans cette perspective car à n’en point douter, les premiers vols, les premiers pas des touristes dans les hôtels de l’île donneront une indication claire de ce que sera l’avenir immédiat du tourisme mauricien. Et ce, dans un contexte où la pandémie frappe au plus fort alors que les habitants sont largement vaccinés par rapport à la concurrence. Les hôteliers, eux restent confiants que l’industrie touristique est fin prête pour accueillir
« nos amis les touristes de toujours » et qu’elle a acquis l’expérience sanitaire nécessaire pour affronter cette phase ultime de leur retour à Maurice. Il ne reste pour les hôteliers que de savoir du gouvernement que faire du client mauricien non-vacciné dans un contexte où tout doit être sur un pied d’égalité. Le CEO de l’AHRIM, Jocelyn Kwok, dans l’expectative et confiant à la fois, livre à Week-End sa vision de la situation à douze jours de l’ouverture totale des frontières…

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Le CEO de l’association des hôteliers, Jocelyn Kwok, explique que l’expérience acquise lors des premières phases d’ouverture sera bénéfique: « Nous avons aujourd’hui une plus grosse expérience de ce que c’est que d’ouvrir un établissement hôtelier dans un environnement dans lequel la Covid circule toujours. L’approche par phase depuis le 15 juillet avec l’objectif final de la réouverture totale de nos frontières en toute sécurité a été bénéfique pour ce qui nous attend devant. A dix jours de l’ouverture, la grosse majorité des hôtels travaillent chacun à sa manière, mais tout le monde est en harmonie sanitaire et prêt à reprendre ce que nous savons faire de mieux ».

Est-ce à dire que le secteur hôtelier a une totale maîtrise du virus dans sa chaîne de fonctionnement? Jocelyn Kwok se dit confiant dans cette perspective : « Dans l’ensemble, tous les opérateurs fonctionnent avec des protocoles sanitaires stricts, le respect des gestes barrières, le respect des jauges pour certaines pratiques qui ne sont toujours pas conseillées en milieu hôtelier, tels le hammam et le sauna… Suivant les consignes et par rapport à la bonne pratique, le personnel de l’industrie a été vacciné et formé aux protocoles sanitaires et à toute éventualité telle la prise en charge de tout client ou collègue qui pourrait être positif. Overall, dans le milieu hôtelier, cela se passe très bien. Nous sommes fins prêts ».

Avec la situation sanitaire dans le pays qui demeure inquiétante, surtout avec la croissance du nombre de cas recensés par jour, sans compter les décès liés à la Covid en hausse, il y a toutes les raisons d’avoir des craintes d’effrayer les touristes qui désirent visiter le pays. Pour le CEO de l’AHRIM, il y a deux manières de voir les choses. D’abord, dans l’absolu, il concède que la situation est dramatique avec la croissance des cas et les morts qui l’attristent comme tous les Mauriciens. Mais il explique aussi qu’on peut regarder les choses d’une manière relative : « Nous analysons les baromètres qui existent un peu partout et, en comparaison avec les autres pays, on peut dire sans pervertir la vérité que Maurice n’est pas si mal sur le plan sanitaire ».

Vaccins obligatoires pour les clients
mauriciens des hôtels?

Le patron de l’association des hôteliers explique que Maurice a adopté une politique sur le plan pandémique très restrictive concernant le contrôle du virus depuis mars 2020. Depuis février 2021, les autorités locales ont fait foi dans la vaccination. A ce jour, 60% de la population ont été vaccinées un mois avant l’objectif initial. Selon lui, il n’y a pas de pays qui a eu la réponse parfaite qui satisfait tout le monde par rapport à la gestion de la Covid-19. Il faut, donc, être plus circonspect et viser à être efficace.

Comme Maurice, certains pays ont choisi de faire de la vaccination leur priorité et de garder les frontières fermées, alors que d’autres, comme les Seychelles et les Maldives, ont ouvert leurs frontières plus tôt, sans vraiment se soucier du taux de vaccination. Sur le plan sanitaire, ces pays ont un bilan plus grave que Maurice en termes de décès et du taux de contamination. Cependant, sur le plan économique et touristique, il faut admettre que la reprise est bien là. « Par exemple, les Maldives ont retrouvé au mois d’août 2021 une fréquentation touristique supérieure à celle d’avant la Covid, en août 2019 », déclare Jocelyn Kwok

Alors, que doit faire Maurice dans le contexte de cette dualité de décision? Le patron des hôteliers n’en démord pas : « Je pense que l’objectif initial est toujours là : on rouvre les frontières en mode sécurisé et ce safe-reopening peut s’opérer maintenant parce que nous sommes réassurés sur le taux de vaccination et quant à la priorité donnée aux plus vulnérables. Pour ce qui de la capacité hospitalière de traiter le nombre de cas qui mérite hospitalisation, nous sommes convaincus que le pays est résilient et sera à la hauteur de la situation ».

En revanche, ce qui fait débat et qui n’a pas été encore établi pour l’heure, c’est ce que feront les autorités concernant les clients mauriciens des hôtels. « La politique sanitaire par rapport à la population locale et la politique sanitaire par rapport aux visiteurs marchent de pair. On ne peut pas avoir deux mondes différents. Par exemple, le 1er octobre, tous les hôtels seront ouverts aux Mauriciens également. La seule question qui subsiste est de savoir si les établissements hôteliers ou d’autres opérateurs économiques imposeront ou se verront imposer la vaccination de leurs clients locaux », lance Jocelyn Kwok.

Pour l’heure, la quarantaine en milieu isolé surveillé par les autorités n’est plus de mise. C’est l’auto-isolement chez soi qui est la règle, si on est doublement vacciné. « Par rapport aux visiteurs qui vont nous arriver, en cas de dépistage positif à la Covid, un protocole se mettra en place. Les hôtels devraient être partie prenante de ce protocole avec, par exemple, des principes d’auto-isolement sur place ou dans d’autres hôtels spécifiques… Le protocole devrait être très prochainement rendu public. Mais on sait que la priorité est de garder l’expérience du touriste la plus agréable ou la moins pénible, s’il est positif », explique le CEO de l’AHRIM.

Jocelyn Kwok affirme que les hôteliers aussi font des mesures sanitaires leur priorité : « On sait qu’un touriste qui vient à Maurice ne veut voir aucune contrainte et que, parallèlement, il est soucieux de préserver sa santé. Et on sait que le pays hôte qui l’a invité à venir doit aussi savoir où commence et où finit sa responsabilité. Tout cela, en même temps que les questions d’assurances médicale ou de rapatriement, etc. sont prises en considération. Dans ce contexte, il y a un écran protecteur que nous avons rajouté à partir du 1er octobre qui est un test PCR ou antigénique à l’arrivée et au jour 5. Certains voyageurs n’accepteront pas cela. Pour nous, toutes ces petites choses sont évolutives et on en apprendra plus au fur et à mesure que l’on avance. »

En effet, dans ce domaine et dans le contexte de la pandémie, il n’y a aucune certitude et chaque pays cherche la bonne solution. Malgré cela, Jocelyn Kwok maintient que l’ouverture du 1er octobre doit avoir lieu: « Quand on regarde ce qui se passe ailleurs, quand on voit les revirements dans certains pays, par exemple les Pays-Bas, récemment, je crois qu’il y a beaucoup trop d’éléments à prendre en considération si on devait choisir d’être pour ou contre la réouverture des frontières. Quand on aligne toutes les choses, on comprend que le risque d’accueillir les voyageurs aujourd’hui n’est pas plus fort que le risque de rester fermé. Il n’y aura pas de moment idéal ou zéro-risque pour rouvrir. Après deux mois et demi d’apprentissage et d’expérience collectée, nous allons vers un 1er octobre qui, valeur du jour, a toute sa pertinence. Il n’y a aucune raison de repousser la réouverture ».

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