Reprise partielle des activités ce 1er avril – Dr Gujadhur : « Sistem lasante inn fini crash ! »

« Le GM favorise la sécurité économique aux dépens de la sécurité sanitaire ! »

- Publicité -

« Toute l’île est devenue une zone rouge ! À quoi ça sert de fermer telle ou telle région ? Ça ne rime à rien ! »

« Res dan zot lakaz ! C’est à chacun de nous, désormais, d’assumer ses responsabilités. Puisque le virus est désormais partout, et si le gouvernement maintient sa décision d’une reprise partielle des activités économiques, ce jeudi, malgré l’incidence croissante des cas positifs, c’est à chacun de nous de décider si nous voulons protéger les nôtres. Ou regretter de les avoir mis en péril, pire de les perdre. Ce que je ne souhaite pas du tout, parce que nous aurons pris des risques en allant travailler et ailleurs… » Le Dr Vasantrao Gujadhur, ex-patron des services de la Santé, débarqué depuis l’année dernière, en pleine première crise de la COVID-19, est catégorique : « L’urgence, avec le recensement de cas positif partout dans l’île, ce n’est pas de décréter ici ou là, zone rouge: toute l’île est devenue une zone rouge ! » Il poursuit : « Quand le personnel des hôpitaux et des centres de santé devient les vecteurs de transmission du virus, c’est un très mauvais signe ! » « Je suis inquiet pour ceux qui vivent en marge de la société et qui n’ont aucun recours. Si le GM n’aide pas ces personnes, elles défieront le virus et se rendront plus vulnérables. »

« Il ne faut absolument pas aller de l’avant avec ce projet de reprise partielle, le 1er avril ! » estime le Dr V. Gujadhur. « Le pays doit rester encore deux semaines, soit avec un confinement d’un mois ou de six semaines, au maximum, avant d’envisager quelque reprise, même partielle. » Il s’appuie sur le fait que « tout le pays est devenu une zone rouge ! » Et d’ajouter : « Il n’y a aucun endroit qui n’est à l’abri… Notre système de santé a définitivement connu un crash, hélas ! Il faut s’y résoudre. »

Et inquiet, le  Dr Gujadhur de poursuivre : « chaque jour qui passe, nous enregistrons de nouveaux ! Dimanche 28, c’était Camp-Fouquereaux. Lundi, nous avons eu des cas à Quatre-Bornes. Entre-temps, nous avons enregistré des cas positifs à Mahébourg, à Chemin Grenier, à Chamouny, à Surinam… Qu’est-ce que le gouvernement compte faire ? Fermer Chamouny ? Ce n’est pas une solution ! Ca ne marche pas : Est-ce que ça a marché à Vacoas ? À Curepipe ? À Phoenix ? À Dubreuil ? On continue d’avoir des cas positifs ! Mem inn met zonn rouz, ankor pe gagn ka pozitif dan sa bann landrwa-la ! »

Dès le départ, rappelle l’ancien patron de la Santé, il a conseillé le “lockdown” total. « Je l’ai dit et je le redis : l’option de décréter des zones rouges est insensée ! Nous sommes à Maurice, et c’est un tout petit pays. Dimounn ale vini partou. Nou pa kapav fer kouma Sydney, Melbourne, l’Angleterre ou la France, kot kan zot met enn zonn rouz, se enn rezion kot pran boukou letan, kapav zour mem, pou arive ! Li enn nonsense isi sa. »

Le Dr Gujadhur retient que « nous avons recensé des cas positifs dans la Flu Clinic de Candos, et dans d’autres établissements hospitaliers. Tous les Mauriciens ont suivi ce qui s’est passé depuis quelques jours, avec la fermeture de l’hôpital de Souillac, des départements de celui de Rose-Belle, une clinique à Curepipe, pour ne citer que ces cas. C’est dramatique ! On aurait pu éviter d’en arriver là. » Il ajoute : « si, depuis juin de l’année dernière, quand il y a eu la reprise, les autorités avaient mis en place un suivi, une structure de monitoring régulier, un comité qui s’est penché sur comment préparer et anticiper une nouvelle vague, voir comment Redeploy des frontliners, surtout dans le milieu hospitalier, qui ont été éreintés avec le confinement de l’an dernier, et qui aurait prévu une campagne de vaccination qui se respecte, on n’en serait pas là, assurément ! Aujourd’hui, notre système de santé a Ccrased’, et c’est pour autant de raisons. Et je me demande, de plus, est-ce que l’unité de contact tracing fait le travail qui s’impose?…»

Soulignant que « la reprise partielle des activités économiques avec des risques potentiels de contamination et de propagation», il poursuit : « est-ce qu’un cahier des charges a été élaboré pour préparer la reprise ? Le ministre Ganoo a parlé de vans pour transporter les enfants qui iront prendre part aux examens. Est-ce qu’il a defini combien de personnes un van peut transporter ? Quand le policier va contrôler ce véhicule avec son autocollant rouge, vert, jaune et j’en passe, s’il n’a pas été informé que chaque van ne doit pas porter plus de huit passagers, disons, sur quoi il se base pour le prendre en contravention ? Qui plus est, qui va s’assurer que chaque chauffeur est déjà vacciné et qu’il a déjà commencé à développer son immunité face au virus ? »

Irrité, il relève que « le gouvernement fait passer en priorité la sécurité économique au détriment de la sécurité sanitair. Oui, je concède que le pays est économiquement affaibli. Mais cette crise dure d’avant la COVID ! »

Visiblement irrité, il remarque qu’ « au lieu d’avoir Enforced les lois qui ont été votées spécifiquement pour le respect des gestes barrières, qu’est-ce qu’on a eu ? Les politiques qui sont venus se vantent que le pays était COVID-Safe ou COVID-Free, carrément ! Et voilà le résultat, aujourd’hui ! Les Mauriciens ont fait preuve d’un énorme relâchement; idem de la part des autorités. Et avec pour conséquence cette deuxième vague ! »

Commentant le fait qu’un sur trois du personnel para-médical a été vacciné contre le Covid-19, le Dr Gujadhur se demande « Comment est-ce que les autorités nationales d’un pays peuvent venir dire une telle chose ? Ce qui se passe, de fait, c’est que le public n’est plus protégé quand c’est le personnel médical qui le contamine ! » Il rappelle que ministère de la Santé « avait pour devoir, depuis l’an dernier, de s’assurer que son staff soit, d’une part bien équipé en PPE, masques, sanitizer, les aménagements pour le respect de la distanciation sociale, dans les chambers comme dans les consultations, de l’eau potable, des équipements et un système de travail qui lui permet d’évacuer le stress enduré l’an dernier, et de reprendre sur des bases fraîches et solides ! Minister pa finn sekiriz so staff ditou ! »

« Nou bizin pran nou desizyon sakenn…»

« Si le GM persiste à maintenir son projet de reprise partielle des activités économiques, à partir de cette semaine, chaque Mauricien aura à faire son propre examen de conscience, et assumer ses responsabilités : est-ce que la sécurité économique, que le GM fait primer sur la sécurité sanitaire du peuple, mérite que l’on sacrifie son enfant, ses proches, ses parents, ses voisins, tous ceux qui nous sont chers ? » Pour le Dr V. Gujadhur, « chacun d’entre nous assume, à partir de là. Si on accepte de sortir, et de céder à la pression des patrons et des entreprises, est-ce qu’on prend la mesure des risques que l’on court ? » Il ajoute : « Nou pe lager kont enn larme invizib ! Ce virus nous attend à chaque coin de rue : lui attaque partout et à tout moment ! C’est à nous de faire preuve d’intelligence et de responsabilité. »

Le médecin de carrière se dit surtout concerné par le fait que « des compatriotes, demain, aient à regretter que par leur faute, ils aient perdu des proches, de la famille ou des amis. Parce qu’ils ont eu un comportement à risque et que cela a été fatal pour quelqu’un autour… Je ne souhaite à personne d’en arriver là. Mais chacun est maître de son destin. Sachez faire le bon choix. » Il conclut : « Oui, la situation économique est fragile. Mais que vaut la vie de ceux que nous aimons, en contrepartie ? Peut-on y mettre un prix ? Je veux que chacun de nous comprenne ce message. Autant que l’on peut, évitons de sortir, évitons de prendre des risques d’amener le virus dans notre maison ! »

« Les plus vulnérables défieront le virus ! »

Le Dr Vasantrao Gujadhur a très à coeur un aspect de ce nouveau confinement : « Ce sont les personnes les plus vulnérables. Ceux qui, par exemple, ont un enfant ou deux, qu’ils n’arrivent plus à nourrir convenablement. En face, les autorités ne sont d’aucune aide. Ces personnes dépendent de leur débrouillardise et de l’entre-aide, de la solidarité des uns et des autres, pour que leurs enfants n’aillent pas dormir le ventre vide. Mais pendant combien de temps pourront-ils tenir ? » Ce qu’il craint « sérieusement, c’est que pour ne pas laisser mourir ses enfants, ces pères et mères de familles défieront le virus ! Ils sortiront de chez eux, coûte que coûte, rien que pour aller trouver de quoi nourrir leurs enfants. Et c’est là l’immense danger ! » Pour le médecin, « les autorités concernées, comme les ministères de la Sécurité sociale, de l’Intégration, entre autres, ont leur part de contribution. Si elles viennent et approvisionnent ces personnes en difficulté et assurent à ces pères et mères de familles qu’ils n’ont pas besoin d’aller courir les rues pour nourrir leurs gosses, celles-ci resteront à la maison, se protègeront et protègeront les autres ! C’est pas sorcier ! »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -