Safe City : « Nous sommes des victimes consentantes » estime Raj Madhewoo

Farouche opposant à la carte d’identité biométrique, le Dr Rajah Madhewoo avait obtenu, en mai 2015, un avis favorable de Cour suprême contre la sauvegarde des données biométriques. L’autre plaignant dans cette affaire n’était nul autre que l’actuel Premier ministre, Pravind Jugnauth. Or, selon le premier nommé, malgré ce verdict favorable, il reste persuadé que l’État continue de stocker les données biométriques récoltées pour la nouvelle carte d’identité et que celles-ci seront utilisées dans le cadre du projet Safe city.

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Un mot pour définir le projet Safe City pour commencer ?

Dangereux ! Il y a un risque de banalisation de ces technologies de surveillance, qu’on voit arriver dans les gares, les aéroports, devant votre maison et qui ne vont pas tarder à sonner le glas de l’intimité en arrivant dans votre maison. ll aurait fallu introduire un cadre légal solide pour l’usage des nouvelles technologies. Or, l’État bafoue nos droits en nous obligeant à partager avec lui nos informations personnelles. Ça a commencé avec l’émission de la nouvelle carte d’identité biométrique à laquelle vient se greffer le fait d’être livré en pâture à la curiosité publique. Nous sommes des victimes consentantes.

Concernant la carte biométrique justement, l’actuel Premier ministre et vous avez pourtant obtenu, en mai 2015, un avis favorable de la Cour suprême contre la sauvegarde des données biométriques par l’État. Il n’y a donc aucun risque d’une association avec les images de caméras de surveillance pour l’identification d’un individu

L’adoption de la carte biométrique, qui fonctionne notamment grâce à la reconnaissance faciale, a été vivement contestée par Pravind Jugnauth au moment où il était dans l’opposition. Il est aujourd’hui aux antipodes. Ne soyons pas dupes, avec ce projet de Safe City, il ne fait aucun doute que les données des cartes ne sont pas détruites et seront utilisées pour faire le croisement avec les images des caméras intelligentes. Comment pourrait-il en être autrement. Les National Identity Card Regulations promulguées en septembre 2015 n’ont rien changé. Je dispose de preuves selon lesquelles des gens qui ont perdu leur carte d’identité biométrique n’ont pas eu à redonner leurs empreintes et données du visage pour bénéficier d’une nouvelle carte.

Donc, vous prétendez qu’il n’y a pas de moyens autres que les données biométriques du National Identity Card Center pour procéder à l’identification biométrique des individus via les caméras intelligentes ? La puce interconnectée intégrée dans la carte d’identité reliée aux vidéos intelligentes ? Demandez à Huawei ou Mauritius Telecom, car je ne pense pas que le Premier ministre ait évoqué ce processus pour l’identification de suspects. Cela dit, cela revient du pareil au même. Nos droits sont bafoués.

Vous n’êtes toujours pas allé faire votre nouvelle carte d’identité ?

(Rire) Il est hors de question. J’utilise mon passeport pour mes démarches administratives, même s’il expirera malheureusement dans deux ans. En revanche, mon combat contre l’utilisation de la carte biométrique continue. Je compte faire une application au Passeport Offi ce pour qu’on m’autorise à avoir mon passeport comme pièce d’identité, car un passeport est une preuve d’identité. En cas de refus, je compte de nouveau solliciter la Cour suprême.

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