Salaires et conditions de service : La CSG de 1,5% à 5% et le NMW relancent la polémique PRB

Suttyhudeo Tengur : « Avec un taux effectif de 0,2% de révision salariale, la contribution à la CSG deviendra pour les fonctionnaires un boulet à traîner »

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Reaz Chuttoo : « Il incombe au secteur privé de corriger la relativité salariale en vue de réduire les écarts »

Les principaux dirigeants des fédérations syndicales opérant dans le secteur public procèdent actuellement à une analyse approfondie des Fine Prints du rapport du Pay Research Bureau (PRB), avec un coût de Rs 6,5 milliards, dont Rs 1,7 milliard ont déjà été encourues. Certes, la grogne est latente d’abord du fait de la décision du gouvernement de faire abstraction de la promesse électorale faite le jour du Nomination Day pour le scrutin du 7 novembre, soit la mise en application des recommandations du PRB au 1er janvier 2020. Ensuite, la question de l’introduction de la Contribution sociale généralisée (CSG) dans la fonction publique se présente sous la forme d’une bombe à retardement pour les employés du secteur privé. D’autre part, un autre dossier, aussi délicat, et susceptible de prendre en écharpe le secteur privé, demeure l’ajustement du National Minimum Wage (NMW). Que ce soit du côté du National Wage and Consultative Council, dont le président n’est autre qu’un ancien patron du PRB, à savoir Beejaye Coomar Appanah, ou encore le président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), Reaz Chuttoo, le volet du salaire minimal retrouve toute sa pertinence dans la conjoncture de révision salariale.
Après avoir dénoncé le fait que les fonctionnaires et les employés du secteur public n’ont récolté que des miettes dans le rapport du PRB, Suttyhudeo Tengur s’en prend au silence de cette institution quant à la formule de contribution à la formule CSG, en remplacement du défunt National Pensions Fund (NPF). Ainsi, la Social Contribution and Social Benefits Act 2021, adoptée par l’Assemblée nationale, fait obligation pour tout fonctionnaire de contribuer à la CSG.
« Ainsi, le rapport du PRB 2021 ne pipe pas un traître mot sur la contribution obligatoire des fonctionnaires, toutes catégories confondues, à la Cotisation sociale généralisée. D’aucuns diront que ce n’est pas le rôle du PRB d’entrer dans ce débat, mais est-ce que cet organisme public a tenu compte de ce que la contribution des salariés de la fonction publique pèsera sur leur portefeuille respectif ? » s’insurge Suttyhudeo Tengur. Ce dernier croit savoir que le plan élaboré prévoit que « le montant imposé variera en fonction de l’échelle hiérarchique », notamment dans la fourchette de 1,5% pour ceux au plus bas de l’échelle à 5% pour ceux bénéficiant de salaires plus élevés.
« Cette contribution représentera un fardeau financier très lourd à porter », fait-il comprendre, tout en ajoutant qu’« au vu des recommandations du rapport PRB, l’augmentation proposée est en moyenne de 7%, en tenant compte une hausse du coût de la vie de 6,8% en moyenne, s’échelonnant entre janvier 2016 et décembre 2020 » (paragr. 4.13 du rapport). « Ceci dit, l’augmentation dont bénéficie la quasi-totalité des fonctionnaires n’est qu’un maigre 0,2% ! Alors que la contribution à la CSG deviendra pour les fonctionnaires un véritable boulet financier. »
Suttyhudeo Tengur souhaite voir le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, se prononcer sur la question. « Quel sera l’apport financier de l’État pour assurer une pension acceptable aux fonctionnaires qui partiront à la retraite ? Une explication sur cette question est devenue impérative. Le ministre des Finances, qui a claironné que la CSG sera un amortisseur confortable pour les futurs retraités, devra sortir de son silence dans les meilleurs délais », conclut-il, en vue de rassurer les employés du secteur public.
Pour ce qui est du salaire minimal, un des points forts du rapport du PRB 2021, le National Wage and Consultative Council (NWCC), se prépare à commencer à travailler sur un nouveau salaire minimum, devant être en vigueur en 2025. Dans une déclaration au Mauricien hier, le président du NWCC, relève : « Maintenant que le PRB a corrigé le problème des écarts dans la grille salariale des fonctionnaires suite à la mise en application du salaire minimum de 2018, il revient maintenant au secteur privé, à travers le National Remuneration Board (NRB), de faire les ajustements appropriés dans les grilles salariales des travailleurs du secteur privé. Pour l’heure, le salaire minimum pour le secteur privé se chiffre à Rs 10 575 et celui pour la Fonction publique à Rs 10 250. »
Pour sa part, Reaz Chuttoo, de la CTSP, maintient que le ministère du Travail doit venir de l’avant avec le rapport du NRB en date de 2018 sur la relativité salariale pour réajuster les écarts de salaire dans le secteur privé. « La loi régissant le salaire minimum stipule qu’il faut revoir les écarts causés par l’introduction du salaire minimum dans les secteurs publics et privé. Maintenant que le PRB a corrigé le problème de relativité salariale, il incombe au secteur privé de faire de même pour réduire les écarts de salaire entre les différentes catégories », dit-il. « Si on ne corrige pas ces écarts, on enfreindra les dispositions de la loi régissant le salaire minimum », rappelle-t-il.

Dr Bhooshun Ramtohul (GMCICA) :
« Un rapport catastrophique »

Le Dr Bhooshun Ramtohul, vice-président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCICA), décrit le dernier rapport PRB comme étant catastrophique. Il ajoute : « Les médecins en général ont été bien déçus par ce rapport. Il est vrai qu’on vit un moment difficile suite à la pandémie et que le gouvernement est en difficulté. Par contre, quand on pense que pour être médecin spécialiste, il faut au minimum dix ans d’études, et que pour devenir Consultant in Charge, ce n’est que vers l’âge de 55 à 60 ans que l’on peut devenir chef de service, et que vous voyez le salaire sortir de Rs 101 000 pour passer à Rs 110 000, soit seulement 7% d’augmentation, c’est vraiment dérisoire. C’est une des raisons pour lesquelles les jeunes médecins ne reviennent pas au pays. Au lieu d’améliorer la situation en termes de salaire, on est en train de repousser les jeunes, de les encourager à rester à l’extérieur. Pour moi, c’est un rapport catastrophique. »

Rajen Narsinghen (Académicien et activiste) :

« C’est un des pires rapports du PRB »

« C’est un des pires rapports du PRB jamais publié. Ce rapport n’a rien d’innovant. C’est du réchauffé et du copier-coller de 2016. Les analyses devraient être pointues. Nous constatons de grands manquements dans ce rapport en le comparant aux anciens rapports, tel celui de 2008 lorsque les fonctionnaires avaient reçu une augmentation de plus de 40%.
« L’augmentation de 10% est complètement fausse. La hausse est de 4 à 5% uniquement. Cette augmentation est dérisoire et le fossé entre les grades supérieurs et inférieurs n’a pas changé. La classe moyenne est la plus coincée dans ce rapport. Cette classe est devenue le dindon de la farce s’agissant du quantum d’augmentation. Si nous considérons ceux qui sont au bas de l’échelle, leur augmentation n’est que de Rs 500 si nous enlevons la somme de Rs 1 000 qui avait été offerte aux fonctionnaires. C’est complètement inacceptable pour une société qui veut réduire l’écart.
Le PRB est un échec total sur ce plan. De plus, nous avons connu la dépréciation de la valeur de notre devise. On dupe les fonctionnaires en leur disant que leurs arriérés seront payés d’un seul coup. Il serait mieux de payer les fonctionnaires en petites tranches au lieu d’une grosse somme. Cela représente un pot-de-vin électoral.
« Au niveau de l’université de Maurice, les points positifs notés sont la création d’un Chair pour la recherche et la création du poste d’Educational Technologist. Ce sont des postes liés à l’orientation du “mixed mode of teaching”. Mais les problèmes systémiques n’ont pu être attaqués dans le rapport. Le salaire d’un chargé de cours démarre à Rs 33 000, un professeur reçoit Rs 110 000 alors qu’un secrétaire permanent reçoit Rs 130 000. Comment se fait-il que les fonctionnaires, qui sont formés par les chargés de cours de l’UoM et n’ayant qu’un diplôme, obtiennent un salaire aussi élevé que les chargés de cours et les professeurs ? Ces derniers ont un ou deux doctorats et obtiennent un salaire inférieur aux fonctionnaires. Comment l’UoM pourra attirer des diplômés de haut niveau ? Nous voyons que le PRB n’a rien fait.
« Le PRB n’a apporté que des changements cosmétiques mais, dans le fond, ils ne permettront pas à l’UoM de prendre son envol. Nous constatons que plusieurs universités publiques sont sur la voie descendante. »

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