Scavengers en période de crise sanitaire  :« Dimoun péna manière. Pé pran nou pou naryé ditou »

Pas évident de travailler dans la zone rouge. Et encore moins lorsqu’on est éboueur. C’est ce que témoignent un groupe de ramasseurs d’ordures œuvrant dans les circonscriptions 15 et 16, à Vacoas-Phoenix, décrétées, avec Curepipe, zone rouge. Pour cause, non seulement font-ils face à la peur redoublée d’entrer en contact, dans l’exercice de leurs fonctions, avec la Covid-19 qui sévit dans la région, mais en plus, ils doivent affronter des citadins « hostiles » et surtout « sans manière ».

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Jeudi, Anil et ses collègues ont eu chaud. À Vacoas où ils effectuaient une tournée habituelle de ramassage d’ordures, l’un des habitants est sorti avec un sabre. « Ou ti trouve sa, ou ti pou gagn sok. Linn koumans zour nou. Madam tou inn sorti pou zour nou », racontent ces éboueurs des circonscriptions 15 et 16. En cause, le refus des éboueurs de ramasser les feuillages déposés dans les poubelles. « Nou pa supposer ramasse feuillage », expliquent-ils, faisant ressortir que ce n’est pas un refus, mais un ordre qu’ils exécutent. Mais plusieurs citadins ne comprennent pas et s’en prennent aux éboueurs. Une situation vécue au quotidien dans les différents quartiers qu’ils sillonnent, racontent-ils.

Ces employés municipaux qui quittent quotidiennement leur famille, disent travailler « la peur au ventre ». « Li pa facile. Nou pé kit nou zanfan, nou pé ale dans bann place kot Covid-la pé circuler. Nou pa koné ki pé attan nou, ek dimoun pé fer nou mizer », disent-ils. Qui plus est, en sus d’être exposés à l’hostilités de certains citadins, ils disent aussi travailler dans des conditions stressantes, sans vraiment d’équipements. « Notre employeur nous donne un masque et une paire de gants pour une semaine. Croyez-vous que ce soit hygiénique ? » demandent-ils, déplorant que « dimoun pé profité pé tir tou kalité saleté pé mett lor simé pou nou ramasser. »

Tant et si bien qu’au lieu d’effectuer un voyage par jour en cette période de confinement, ils se retrouvent contraint, au vu de la quantité d’ordures que les citadins mettent sur les routes, à devoir en effectuer deux par jour. Le camion est surchargé à chaque voyage, disent-ils. « Nou pé risquer nou lavi, mais personne pas pé trouvé », disent ces éboueurs. Mais ils sont contraints de travailler pour gagner leur vie. Certes, ils disent redoubler de précautions pour éviter de mettre leur famille à risque. « Nou fini tir nou linz depi dehor meme avant rentre dans lakaz ek nou servi sanitizer. Mais la per li la. Ek nou pe travay dans stress. »

L’an dernier, la situation était la même. Ils sont sortis en période de confinement et jamais, malgré les belles paroles des autorités, dont du Premier ministre, ils n’ont perdu les Rs 15 000 de compensation offerte aux frontliners. « Sa lané-la, situation encore pli grave parski nou pé travay dans zone rouge, nou bann frontliners ki pé mett nou fami deux fois plis en danger parski nou pé ale dans bann quartier kot éna cas Covid. Eski pou éna considération pou nou ? » demandent-ils.

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