« Scène de guerre » dans un village français: trois gendarmes tués par un forcené

« Une véritable scène de guerre »: trois gendarmes ont été tués et un quatrième blessé dans la nuit de mardi à mercredi dans un hameau isolé du centre de la France, alors qu’ils intervenaient pour porter secours à une femme menacée par son compagnon, découvert mort quelques heures plus tard.

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« Des centaines et des centaines de douilles » ont été retrouvées près du domicile incendié du couple, dans le hameau isolé du Cros, a relevé devant la presse le procureur de la République de Clermont-Ferrand Éric Maillaud.

Hors terrorisme, « c’est l’un des événements les plus tragiques » de l’histoire de la gendarmerie, a rappelé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, venu sur place apporter son soutien aux camarades des victimes, à leurs veuves et aux quatre enfants désormais orphelins de père.

Les militaires ont été blessés mortellement alors qu’ils tentaient de secourir une femme réfugiée sur le toit de sa maison après avoir été frappée à la tête par son compagnon.

C’est elle qui a alerté les secours, via une amie, alors qu’elle était sans ses deux filles nées d’une précédente union.

M. Maillaud a indiqué que la chronologie des faits était loin d’être établie. Une première patrouille dépêchée sur place aurait distingué une arme et demandé des renforts.

Le tireur incendie ensuite sa maison. Des lors, la priorité c’est « de sauver une femme des flammes et d’un conjoint potentiellement violent », a indiqué le magistrat.

Le forcené aurait ouvert le feu sans menaces préalables sur les gendarmes, dont on ne sait pas encore dans quel ordre ils ont été touchés.

– « Profil très inquiétant » –

Les militaires, âgés de 21, 37 et 45 ans, sont morts « dans des circonstances particulièrement ignobles », a dénoncé M. Darmanin.

Un quatrième a « miraculeusement survécu », sauvé par son gilet pare-balles.

Le meurtrier, « parfaitement aguerri au fonctionnement des armes » – il faisait du tir sportif -, disposait d’un « équipement militaire hors norme »: un Glock et un fusil d’assaut AR15 équipé d’un silencieux, d’une torche et d’une visée laser. Il portait un gilet pare-balles et quatre couteaux à la ceinture.

Cet homme au profil « très inquiétant » était « catholique, très pratiquant, voire extrémiste. Survivaliste. Il semblerait qu’il était convaincu de la fin du monde prochaine », a relaté M. Maillaud.

Un très important dispositif avait été déployé dans la nuit pour tenter d’appréhender le suspect qui avait pris la fuite au volant de sa voiture.

Le corps de Frédérik L. a finalement été découvert dans la matinée à proximité de son 4×4 renversé, à environ 1,5 kilomètre de son domicile. « Il y toutes les raisons de penser qu’il s’est suicidé », a indiqué le procureur.

Le président Emmanuel Macron a rapidement rendu hommage aux trois « héros » tués, et le Premier ministre Jean Castex a estimé que ce drame « endeuillait le pays tout entier ».

Très choquée, la compagne du tireur est hospitalisée et n’a pu être interrogée par les enquêteurs. Elle était en couple depuis peu avec le tireur, qui suivait une formation d’élagueur après avoir travaillé un temps à Dubaï. Le parquet n’était pas informé de l’existence de violences familiales.

En revanche, Frédérik L. était en litige avec sa précédente épouse, pour des raisons de non-paiement de pension alimentaire et de garde de leur fille de 7 ans.

– lieu isolé –

Le lieu du drame, situé dans une zone de moyenne montagne, est particulièrement isolé. Le village de Saint-Just ne compte que 157 habitants.

Pour Thierry Chelle, restaurateur à Ambert, « ce n’est pas un fait divers, c’est une catastrophe ». « On vit un peu en autarcie dans notre vallée. On se connaît tous un peu, ou du moins on se reconnaît ».

Hors faits de terrorisme, les agressions à l’arme à feu contre des forces de l’ordre sont relativement rares en France. Il faut remonter à juin 2012 et le meurtre de deux femmes gendarmes à Collobrières (sud) lors d’une intervention pour un conflit de voisinage.

En mai, un forcené retranché chez lui à Saint-Christoly-Médoc (Gironde) avait tiré avec un fusil sur les gendarmes, blessant légèrement l’un d’entre eux.

Depuis le début de l’année, onze policiers et gendarmes sont morts dans l’exercice de leurs fonctions, a rappelé M. Darmanin.

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