Secteur textile : Le spectre d’un bouleversement social

Noor Banon Marcelin : « Gann kouraz montre so figir devan bann pov dimounn ki finn travay kouma bef pou fer lizinn-la roule. »

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Le contexte difficile dans lequel évolue le secteur textile a eu raison de Palmar Ltd et de ses 1300 employés, lesquels ne savent plus à quel saint se vouer pour obtenir une compensation et les garanties d’un redéploiement. Sans compter l’épée de Damoclès suspendue au-dessus des usines Future Textiles et Tex Washing Ltd, avec plus d’un millier d’ouvriers dans l’incertitude quant à leur avenir professionnel. D’aucuns craignent un bouleversement social vu la situation du secteur textile.

11h, jeudi dernier. Des voix résonnent au sommet de Victoria House, à l’étage qui abrite les bureaux du ministère du Travail. Une vingtaine de licenciés de Palmar Textiles viennent tout juste d’apprendre, de la bouche de leur représentant syndical, Feyzal Ali Beegun, que les négociations avec le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, en vue d’obtenir un versement d’indemnités compensatrices, n’ont pas abouti, la loi ne prévoyant pas explicitement ce paiement pour les employés de la zone franche. Ils seront de facto inscrits au « Workfare Programme » jusqu’à la fin de mars.

Ce programme prévoit le paiement de 80% du salaire que percevait un personnel licencié, avec un maximum de Rs 17 000. Après cette annonce qui a l’effet d’un coup de massue, le ton monte. Noor Banon Marcelin, qui a travaillé pendant 20 ans dans l’usine, fustige son ancien patron, Thierry Lagesse, pour ne pas avoir, dit-elle, « gann kouraz montre so figir devan bann pov dimounn ki finn travay kouma bef pou fer lizinn-la roule. » Les propos tenus par Thierry Lagesse dans les colonnes d’un quotidien la veille mettent le feu aux poudres. « Il dit que soi-disant sa famille et lui ont injecté Rs 800M dans la compagnie. Est-ce un prétexte pour venir dire qu’il n’y a pas d’argent pour nous payer ? Qu’il vende sa Mercedes pour nous compenser », lance une autre licenciée.

Strict respect de l’ensemble des lois sociales

D’autres tirent à boulets rouges sur le gouvernement pour ne « pas avoir veillé au strict respect de l’ensemble des lois sociales et des droits des travailleurs. » Au même moment, les ex-employés apprennent que leur salaire du mois de février a été versé, comme promis par le Receiver Manager, Afsar Ebrahim. « Cette bonne nouvelle » ne calme pas les ardeurs des protestataires. Après le tumulte de la première demi-heure, la fronde s’organise. Une autre foule plus compacte se donne rendez-vous au Jardin de la Compagnie, sous l’œil de la police, présente en nombre. Les forces de l’ordre ont eu, une demi-heure plus tard, toutes les peines du monde pour disperser les manifestants, qui ont exprimé leur colère devant le bureau du Premier ministre, au moment même où se tenait le Conseil des ministres.

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Saisie des biens de Thierry Lagesse?

Une somme de Rs 73 millions devra être trouvée pour régler la totalité de la compensation due par rapport aux années de service effectuées par les ex-employés de Palmar Ltd. Il y a la perspective que les biens de Thierry Lagesse soient saisis, comme l’a laissé entendre le Receiver Manager, Afsar Ebrahim, jeudi, pour le recouvrement des dettes.« Qu’il vende sa Mercedes pour nous compenser », avaient scandé certains licenciés de Palmar Ltd, jeudi dernier dans les locaux du ministère du Travail. Blanchi en 2016 en Cour intermédiaire le cadre de l’importation d’une Mercedes Benz (SLS 63 AMG)), Thierry Lagesse pourrait cette fois, dans le sillage de la chute de son entreprise fondée en 1980, se retrouver dans l’obligation de vendre sa berline.

Les actifs de l’usine étant insuffisants pour recouvrer les quelque Rs 400 millions de dettes vis-à-vis de la banque concernée, la saisie effective des biens de l’ex-président du conseil d’administration de Groupe Mon Loisir (GML) pourrait, selon certains, se concrétiser dans les semaines à venir.

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