Selon Dan Maraye : Sithanen avait utilisé 50% des réserves de la BoM en 1994

  • « Je n’ai aucun intérêt à défendre qui que ce soit », dit l’ancien gouverneur de la BoM

Le remboursement de la dette publique en utilisant les fonds provenant des “Special Reserves” de la Banque de Maurice (BoM), qui avait soulevé une levée de boucliers de la part de plusieurs observateurs et économistes, continue de susciter des commentaires. Lundi dernier, dans un post sur Facebook, Xavier-Luc Duval soulignait ainsi : « Le repaiement de la dette publique provenant des “Special Reserves” de la BoM pour un montant total de Rs 18 milliards ne se fera pas finalement. Les avocats de la BoM l’ont déclaré comme “illégal” en l’état actuel de la Bank of Mauritius Act. »

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Dan Maraye, ancien gouverneur de la BoM, qui s’était montré favorable à la mesure annoncée dans le budget par Pravind Jugnauth pour utiliser les réserves de la BoM afin de repayer une partie de la dette externe (Rs 18 milliards) du pays, réitère ses propos. « Selon le Hansard, le ministre des Finances avait dit qu’il fallait amender la BOM Act 2004 pour effectuer le transfert. Donc, sur le plan technique, il n’y a rien de mauvais. Au contraire, c’est dans l’intérêt du pays, car on allait économiser Rs 400 millions par an en termes d’intérêts sur ces prêts, sans oublier une possible appréciation du dollar vis-à-vis de la roupie », explique-t-il. D’ailleurs, lorsque le budget avait été présenté en juin dernier, il était l’un des rares observateurs à avoir trouvé cette mesure envisageable. Ce qui avait même donné lieu à toutes sortes de spéculations sur ses réelles motivations…

L’ancien gouverneur Ramesh Basant Roi s’était, lui, montré contre cette annonce budgétaire. Mais Dan Maraye persiste et signe : « Ce que j’ai dit, je le maintiens, car je n’ai aucun intérêt à défendre qui que ce soit, comme certains ont voulu le faire croire… Mais en tant qu’ancien gouverneur, je voudrais éclairer l’opinion publique. C’est un sujet hautement technique qui ne doit pas être commenté avec légèreté. »

Il s’appuie également le Report of the expert committee to review the Extant economic capital framework, de 150 pages, que vient de publier la Reserve Bank of India fin août. Un document rédigé par de grands experts, dont Bimal Jalan, un ancien gouverneur de la RBI et maintenant membre du Rajya Sabha. Dan Maraye conseille à tous ceux intéressés par la question de lire ce document avant de se faire une opinion sur l’utilisation des “Special Funds” d’une banque centrale. Il va même plus loin et souligne qu’en 1994, « le ministre des Finances d’alors avait fait transférer 50% des réserves en devises étrangères de la BoM au ministère des Finances, et ce malgré les critiques véhémentes du gouverneur d’alors », feu sir Indur Ramphul. « La BoM avait même obtenu un “legal advise” d’hommes de loi réputés à l’effet que cette démarche était contraire à la Bank of Mauritius Act. Et finalement, au lieu d’amender la loi, le gouvernement avait pris une “cabinet decision” pour faire transférer ces fonds », explique-t-il.

Et Dan Maraye de poursuivre : « C’est la raison pour laquelle lorsque je suis devenu gouverneur, en 1996, la roupie s’était dépréciée assez vite, parce que je n’avais pas de devises étrangères pour intervenir sur le marché, parce que la Banque centrale n’avait pas les moyens nécessaires de garder la roupie à flot. Or, l’une des priorités de la Banque centrale est de s’assurer que l’on ait assez de devises étrangères pour ce dont le gouvernement a besoin, que ce soit en termes de “debt servicing” ou pour payer les importations des denrées alimentaires et de carburant. » 

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