Séquestration et vol avec violence au domicile d’un couple de septuagénaires : « Pik li enn fois, fini are li »

La victime : « Au-delà de ce qui nous est arrivé à ma femme et moi, il est évident que la société mauricienne va très mal »

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S’il a déjà reçu par le passé la visite, en son absence, de voleurs à son domicile où il habite depuis une quinzaine d’années, ce couple de septuagénaires a vécu un véritable traumatisme la semaine dernière. Des malfrats se sont introduits chez eux, les ont ligotés et enfermés dans les toilettes, non sans les avoir délestés de plusieurs biens. Ça n’a pas duré très longtemps, mais suffisamment pour choquer durablement les victimes. Un véritable cauchemar pour ce couple qui a bénéficié d’une chance inouïe de ne pas avoir perdu la vie. Car l’intention des malfrats pour en finir avec eux elle était bien là. « Pik li, fini enn foi ar li », a plusieurs fois répété la voleuse à son complice, alors que ce dernier menaçait l’homme avec couteau.

C’était mardi dernier. En début d’après-midi. Si généralement ils sont deux à la maison, cette après-midi, le septuagénaire, que nous surnommerons Pierre, se retrouve seul, sa femme, que nous appellerons Marie, étant sortie. Affairé à son bureau, il entend vers 13h15, une femme appeler son épouse. Levant la tête, dit-il, il aperçoit la femme à la porte qui lui demande après Marie. « J’ai tout de suite reconnu la dame. Elle vient de temps en temps chez nous pour quémander, tantôt des vivres, tantôt de l’argent », dit Pierre. Faisant comprendre à la femme que son épouse est absente, il lui demande de revenir une autre fois. « J’avais le dos tourné. Et dans la foulée, j’ai senti qu’elle était entrée dans la maison et qu’elle n’était pas seule », raconte-t-il.

« Il a sorti un couteau »

En cinq secondes, le complice de cette femme s’est jeté sur Pierre, tentant de l’étrangler et de l’étouffer. « J’ai lutté avec lui mais lorsqu’il a sorti le couteau, j’ai préféré me calmer. Il était menaçant », dit-il.

Pendant que le malfrat lui lie  les mains, pieds et genoux, et le traîne au salon où il est ligoté à une chaise, la voleuse fait le tour de la maison, faisant main basse sur tout ce qu’elle peut prendre, saccageant tout sur son passage. Ne trouvant pas d’argent dans la maison, les malfrats, sous la menace du couteau, ordonnent à Pierre de leur remettre Rs 15 000. « Je n’avais pas d’argent sur moi. Je leur ai dit de regarder dans mon portefeuille et ils n’ont trouvé que quelques shillings kenyans. C’est alors qu’ils ont voulu que je leur fasse un virement », raconte le septuagénaire. Toutefois, le téléphone du malfaiteur n’étant pas connecté, cette transaction a été impossible pour Pierre. Entre-temps, alors que les deux hommes essayaient de trouver un moyen pour un transfert d’argent, la voleuse, elle, excitait son complice qui pointait son couteau sur Pierre, en lui répétant plusieurs fois « pik li, fini enn foi ar li. »

Cet épisode a duré près d’un heure, se remémore le septuagénaire qui, malgré la peur, a gardé son sang-froid. Cependant, son sang devait faire un tour lorsque le malfrat a tenté de lui mettre une cagoule sur la tête. « C’était sans doute pour que je ne puisse pas voir qu’il allait en finir avec moi. C’est là où j’ai eu le plus peur », dit Pierre. Le voleur devait alors lui enfoncer un chiffon dans la bouche et le garrotter pour qu’il ne puisse pas crier. Devait alors arriver sa femme. « Quand mon épouse est arrivée, elle a vu que la porte était fermée. Elle m’a appelé plusieurs fois, mais je ne pouvais répondre », raconte-t-il. Voyant que son mari n’ouvrait pas la porte, Marie fit le tour de la maison et pénétra dans la maison par une autre ouverture.

Fouettée sur le plancher

À peine a-t-elle eu le temps d’entrer dans la pièce que Marie se retrouve à terre, les deux individus se jettent sur elle, la fouettant sur le plancher avec brutalité. Comme Pierre, Marie est elle aussi ligotée et le couple est traîné dans les toilettes, où les deux sont enfermés avant que les voleurs ne fasse main basse sur plusieurs objets de valeur dans la maison et de déguerpir, emportant avec eux bijoux, montres, boîtes de cigares, téléphones, tablettes et autres objets de valeur.

C’est le chauffeur du couple, qui revenant d’une tournée, qui les a délivrés. Poussant la porte de la maison pour déposer un objet, le chauffeur devait tomber des nues en voyant le désordre qui régnait. Appelant ses patrons, il a entendus leurs cris provenant des toilettes, où il les a découverts et libérés. Même si traumatisé, le couple a immédiatement alerté la police qui, selon eux, a été très active pour venir faire un constat sur place.

Près d’une semaine après ce drame, ce couple de septuagénaires se remet lentement de ce cauchemar. Mais Pierre ne veut pas se laisser abattre. « Il faut regarder devant », dit-il, d’autant que s’il y a eu brutalité et traumatisme, sa femme et lui ont eu la vie sauve. « Au-delà de ce qui nous est arrivé à ma femme et moi, il est évident que la société mauricienne va très mal » dit-il. Ces voleurs, selon lui, ne sont pas venus pour voler pour se nourrir. « C’est sans doute la drogue qui pousse les gens à agir ainsi. Ils étaient en manque et prêt à tout pour se procurer leur drogue, quitte à prendre des vies. Cela illustre un mal de la société qui prend de l’ampleur », dit Pierre.

Selon lui, les autorités ont une grande responsabilité d’agir, car les choses sont en train de se dégrader dans notre société. « Avec de la chance sans doute, nous avons réussi ma femme et moi à nous en sortir, mais ce vol perpétré à mon domicile, avec cette brutalité, est un énième exemple que la situation sociale dans le pays est très préoccupante. Nous avons dépassé le seuil de la prévenance. Il faut agir et vite, car la drogue est en train de tuer la population », dit-il, insistant que cette observation il l’a faite en tant qu’un citoyen responsable qui aime son pays.

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