3 crédits pour accéder aux universités publiques : démocratisation ou perte de rigueur ?

L’exigence de 3 Credits au lieu des 5 pour accéder à une université publique suscite des avis divers. Alors que certains y voient une démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur et l’élargissement des opportunités, d’autres craignent une baisse de niveau dans le tertiaire. Analysons les divers arguments pour tenter d’y voir plus clair.

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Pour Suttyhudeo Tengur, président de la GHTU (Government Hindi Teachers Union), les nouveaux critères représentent un danger à l’échelle nationale : « les risques de médiocrité se manifesteront dans l’administration publique comme celle du privé. » Il s’agit, à ses yeux, d’une politique de nivellement par le bas ; « politique contre laquelle je n’ai cessé de lutter car il ne faut pas que le pays perde son âme en descendant dans la basse-cour et faire du clientélisme politique tout simplement pour plaire à tel ou tel groupuscule. » S’il se réjouit d’une démocratisation de l’éducation, « cela ne veut pas dire que tout est gagné. Il faut que le jeune soit discipliné dès son jeune âge. Il ne devrait pas s’attendre à des cadeaux, il faut qu’il les mérite comme pour un travail ou un effort bien fait. Il ne faut pas que la jeunesse mauricienne devienne comme des sangsues et s’attende à tout avoir sans effort minimal. »

Didier Mootoo, recteur du collège Bhujoharry, considère pour sa part que davantage de jeunes pourront s’épanouir dans leur champ de prédilection tout en mettant en valeur leurs qualités innées. « Dans le contexte actuel où il y a beaucoup de développements, il y a définitivement une grande demande pour des personnes qualifiées. L’idée est de permettre à beaucoup plus de personnes de poursuivre leur parcours éducatif et éventuellement être des professionnels. » Il estime par contre que l’exigence du Pass en anglais est dépassée. « Elle ne devrait priver une personne de ses rêves. » S’il concède que le niveau entre les 3 et les 5 Credits n’est définitivement pas le même, il fait ressortir qu’ «avec l’exigence des 5 Credits, ceux qui décrochaient 4 distinctions, 3 distinctions, 2 distinctions se retrouvaient hors-jeu. Maintenant, nous aurons beaucoup plus de personnes certifiées dans l’intérêt du pays, des entreprises et du pays. »

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Arvin Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE) parle pour sa part de « décision mûrement réfléchie qui vient s’aligner avec les décisions du ministre de l’Éducation pour permettre aux élèves avec 3 Credits de monter en HSC. » Il est d’avis qu’on ne peut mettre un terme au parcours académique de certains simplement parce qu’ils n’ont pas obtenu 3 Credits. « Au lieu de retirer un jeune du collège pour le mettre lor koltar, ces critères permettent de le garder scolarisé tout en lui ouvrant la porte vers des études plus poussées. Avec la nouvelle tendance mondiale, il faut accepter de voir les choses différemment. Avec l’introduction de l’IA dans notre quotidien, il est grand temps que nous revoyions notre système d’évaluation des élèves. Un employé n’a pas besoin d’être expert dans tous les domaines pour qu’il obtienne des résultats dans son domaine spécifique. »

Sutthydeo Tengur : « Risques de médiocrité dans le public comme dans le privé »

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Parmi les nouveaux critères d’accès aux universités publiques figure cette possibilité : 3 Credits et un Pass en anglais lors d’une seule session en SC et 2 matières principales au HSC/GCE Level ? Une bonne chose ?

Une bonne chose ? Certes pour certains. Mais depuis des années on nous a fait rêver de l’île Maurice comme un Knowledge Hub. Aujourd’hui, avec le nouveau régime, je ne suis pas sûr si nous sommes encore sur la même trajectoire. Personnellement, je ne le pense pas car je crois qu’il y a beaucoup de clientélisme politique pour permettre les moins doués des enfants mauriciens à accéder à l’échelle tertiaire de l’éducation.
Une bonne chose pour ceux-là, mais dangereux à l’échelle nationale où les risques de la médiocrité se manifesteront au plus haut échelon de la hiérarchie de l’administration publique comme du privé… En ouvrant cette vanne d’admission, la possibilité que les plus doués des enfants mauriciens et – si leurs parents ont les moyens financiers – iront ailleurs que dans les universités publiques !

Les autres nouvelles possibilités permettant d’accéder à une université publique sont : 3 Credits en SC et un Diploma de niveau 5 sur le National Qualifications Framework ou 1 A Level et avoir complété un Foundation Course dans une institution supérieure reconnue. Votre opinion ?
Pour ceux qui sont déjà employés dans la fonction publique, cela ne pose pas de problème car les stages taillés sur mesure leur permettront de rehausser la qualité du service public. D’ailleurs, ce n’est pas nouveau de rehausser le niveau de ceux qui en ont le plus besoin. Et même ceux qui ne sont pas employés par l’État pourront parfaire leur éducation professionnelle pour mieux servir le pays. Ce n’est pas si mauvais.

L’autre nouveauté : avoir 25 ans + et plus de 5 ans d’expérience professionnelle ainsi que 3 Credits en SC et un Pass en anglais. Votre réaction ?
Là encore, ceux-là vont rejoindre les cours de perfection dans leurs domaines respectifs. Et comme je vous le disais, c’est une bonne chose.

Et que pensez-vous de l’exigence de l’anglais dans toutes les nouvelles conditions, soit, au minimum un Pass en anglais ou un Pass en General Paper au HSC est accepté, faute de Pass en anglais au SC ?

Écouter, l’anglais est une langue internationale, qu’on le veuille ou non. Et vous allez dans n’importe quel pays, une petite connaissance de l’anglais a toute sa valeur que ce soit pour communiquer ou pour autre chose. Donc, nous ne pouvons nous défaire de l’anglais d’un trait de plume. Il ne faut pas oublier que l’anglais est la langue administrative à Maurice et ceux qui maîtrisent cette langue ont un avantage sur les autres.

Certains pensent que l’exigence de 3 Credits au lieu de 5 Credits est un nivellement par le bas et que les 5 Credits assurent plus de compétences, de compétitivité, discipline et que cette baisse d’exigence se fera ressentir sur le niveau des universités. Qu’en pensez-vous ?

Dans la formulation de votre question, vous avez toutes les réponses. C’est bel et bien une politique de nivellement par le bas – politique contre laquelle je n’ai cessé de lutter car, il ne faut pas que le pays perde son âme en descendant dans la basse-cour et faire du clientélisme politique tout simplement pour plaire à tel ou tel groupuscule. Je pense que les autorités doivent, en leur âme et conscience, penser à la qualité et ce qu’elles vont léguer aux générations futures.
Un de mes rêves est peut-être de faire du Mauricien un citoyen du monde car avec la multiplicité de langues que nous avons et que nous enseignons dans les écoles primaires ou secondaires, je pense que le Mauricien est dans une certaine mesure, au-dessus du lot, avec l’arabe, le tamil, l’hindi, l’ourdou et d’autres langues asiatiques sans oublier le kreol morisien. Mais cela ne veut pas dire que pour en arriver là, il faut brûler les étapes. Loin de là !

Ces nouveaux critères ne permettront-ils pas d’engendrer moins de frustrations parmi les jeunes, leur évitant de ‘drop out’ et d’être des chômeurs ?
Il ne faut pas que le jeune Mauricien se croit au-dessus du lot. Il faut qu’il soit discipliné dès son jeune âge et qu’il fasse l’effort voulu en chaque circonstance pour atteindre les sommets. Il ne devrait pas s’attendre à des cadeaux, il faut qu’il les mérite comme pour un travail ou un effort bien fait.
Il ne faut pas que la jeunesse mauricienne devienne comme des sangsues et s’attend à tout avoir sans effort minimal…
Pour guider les jeunes, il n’y a pas que l’école ou les enseignants. Le rôle des parents est primordial. Le premier pas de l’éducation infantile commence à la maison avec les parents proches. La responsabilité des parents donc pèse lourd dans la balance de réussite de leurs progénitures…

En conclusion ?

L’éducation, de manière générale, est à la base de toutes les réussites que l’on soit un petit pays comme Maurice ou énorme comme la Chine. Quand le Père de la Nation, feu Sir Seewoosagur Ramgoolam, avait pris la décision en 1976 d’accorder l’éducation gratuite à tout Mauricien indistinctement, il voulait affranchir non pas les esclaves ou les coolies, mais tout le peuple.
Cette gratuité a eu ses heures de gloire comme ses faiblesses. Aujourd’hui, nous noterons des lauréats des coins inconnus de Maurice alors que dans le temps, cette distinction éducative n’était octroyée qu’à certaines personnes privilégiées de la société d’alors.
Aujourd’hui, il y a une démocratisation de l’éducation, mais cela ne veut pas dire que tout est gagné. Il faut que les jeunes s’y mettent et fassent l’effort dans les domaines qui leur sont propres pour briller et faire briller le pays dans son ensemble. Et pour cette réussite, il faut impérativement l’encadrement nécessaire tant sur le plan administratif que des infrastructures de la part des autorités appropriées. L’éducation est comme un marathon. Et un marathon commence toujours par un premier pas…

Didier Mootoo : « L’exigence des 5 Credits est aujourd’hui dépassée »
Parmi les nouveaux critères d’accès aux universités publiques figure cette possibilité : 3 Credits et un Pass en anglais lors d’une seule session en SC et 2 matières principales au HSC/GCE Level ? Une bonne chose ?

Personnellement, je pense que oui. Nous arriverons ainsi à donner la chance à beaucoup plus de jeunes. N’oublions pas qu’il y a des compétences distinctes. Une personne peut être très compétente dans une ou deux matières, mais à cause de l’exigence de 5 Credits, beaucoup n’ont d’autre choix que d’abandonner leur rêve. Là, c’est une chance d’approfondir leurs compétences. De toute manière, la société moderne demande des personnes qualifiées dans leurs domaines respectifs. Davantage de jeunes pourront s’épanouir dans leur champ de prédilection tout en mettant en valeur leurs qualités innées.

Les autres nouvelles possibilités permettant d’accéder à une université publique sont : 3 Credits en SC et un Diploma de niveau 5 sur le National Qualifications Framework ou 1 A Level et avoir complété un Foundation Course dans une institution supérieure reconnue. Votre opinion ?
Là encore, c’est une occasion inouïe car beaucoup sont très bons dans leurs champs respectifs, mais n’ont malheureusement pas de papier pour certifier qu’ils sont qualifiés. Ces nouveaux critères leur permettront d’avoir un certificat académique leur permettant d’exercer et d’être rémunérés à leur juste valeur. Je ne connais pas mal de personnes dans l’hôtellerie qui ont de l’expérience et qui sont très compétentes, très à cheval sur les principes, valeurs et qualités que demande la profession, mais faute de certificat académique, n’ont pas une rémunération à hauteur de leur service et ne sont pas reconnus pour leurs compétences. Ce nouveau système leur permettra de faire leurs preuves et de s’améliorer. N’oublions pas que beaucoup partent travailler à l’étranger. C’est l’occasion pour eux d’avoir les qualifications requises pour poursuivre leurs rêves et de rendre fière la famille.

L’autre nouveauté : avoir 25 ans + et plus de 5 ans d’expérience professionnelle ainsi que 3 Credits en SC et un Pass en anglais. Votre réaction ?
Combien de fois n’a-t-on pas entendu les plus anciens dire « si seulement j’avais eu l’occasion de poursuivre mes études… » Il s’agit là de parfaire ses connaissances et d’approfondir le savoir-faire. Dans le contexte actuel où il y a beaucoup de développements, il y a définitivement une grande demande pour des personnes qualifiées pour que les secteurs restent vivants en termes de production, de leadership, de créativité. La formation continue est importante même dans le professorat.

Et que pensez-vous de l’exigence de l’anglais dans toutes les nouvelles conditions, soit, au minimum un Pass en anglais ou un Pass en General Paper au HSC est accepté, faute de Pass en anglais au SC ?
Je pense qu’il faut s’adapter aux développements dans le monde. Le monde demande des personnes compétentes, professionnelles et qualifiées dans leurs secteurs respectifs. Est-ce qu’en France, par exemple, on exige un certain niveau en anglais ? Comment font-ils en Russie, en Inde ?
Pour moi, l’anglais est juste un médium d’enseignement, une langue étrangère pourrait-on dire. Cela ne devrait être une barrière au développement personnel. Dans le passé, de par nos liens avec l’Angleterre, il y avait cette exigence. Mais, aujourd’hui, je pense que cette exigence est dépassée. Elle ne devrait priver une personne qui a des talents innés dans un domaine de qualifications universitaires et l’empêcher d’atteindre ses rêves. Il nous faut revoir ce critère et donner la chance à tous de s’épanouir et d’être professionnels dans leurs domaines respectifs.
Certains pensent que l’exigence de 3 Credits au lieu des 5 est un nivellement par le bas et que les 5 Credits assurent plus de compétences, de compétitivité, discipline et que cette baisse d’exigence se fera ressentir sur le niveau des universités. Qu’en pensez-vous ?
Définitivement, entre les 3 et les 5 Credits, le niveau n’est pas le même. Mais, l’idée n’est pas de niveler par le bas, mais de permettre à beaucoup plus de personnes de poursuivre leur parcours éducatif et éventuellement être des professionnels. Nous avons besoin de professionnels pour être compétitifs sur le marché mondial.
Pour qu’un pays puisse prospérer et être à niveau par rapport aux autres pays dans un contexte de compétition féroce au niveau mondial, nous avons besoin de personnes qualifiées. Des élèves avec 3 Credits arrivent à faire leurs preuves. Nous avons des témoignages à ce propos. Pour nous, ce qui compte, c’est que chaque élève ait la chance de parfaire ses études.
Mais, ce qui est sûr, c’est que cela n’empêche pas les High-Flyers de continuer à bien faire. Ce critère ne dit pas que ceux qui excellent, qui font des sacrifices ne peuvent plus travailler. L’élite sera l’élite et rien ne les empêche de viser plus loin. Ce nouveau système tient compte davantage de ceux qui n’arrivent pas à avoir 5 Credits, mais qui ont du potentiel, des qualités, de continuer l’aventure académique.

Ces nouveaux critères permettront-ils d’engendrer moins de frustrations parmi les jeunes, leur évitant de Drop Out et d’être des chômeurs ?
Ces critères permettront à ces jeunes qui ont des rêves plein la tête de pouvoir avancer, se perfectionner et mettre en valeur leurs qualités. Auparavant, par exemple, même des élèves avec 4 Credits ne pouvaient pas monter en SC. Il y avait des cas où l’élève avait 3 distinctions, 1 Credit et eux aussi se retrouvaient en dehors du système. Avec l’exigence des 5 Credits, les 4 distinctions, 3 distinctions, 2 distinctions se retrouvaient hors-jeu. Maintenant, nous aurons beaucoup plus de personnes certifiées dans l’intérêt du pays, des entreprises et du pays.

En conclusion ?

C’est une avancée. Nous aurons des professionnels dans des domaines distincts.

ARVIN BHOJUN (UPSEE) : « Un employé n’a pas besoin d’être expert dans tous les domaines »

Parmi les nouveaux critères d’accès aux universités publiques figure cette possibilité : 3 Credits et un Pass en anglais lors d’une seule session en SC et 2 matières principales au HSC/GCE Level ? Une bonne chose ?
Pour moi, il s’agit définitivement d’une décision mûrement réfléchie qu’a prise le nouveau ministre de l’Éducation tertiaire. D’abord, elle vient s’aligner avec les décisions du ministre de l’Éducation pour permettre aux élèves avec 3 Credits de monter en HSC. Il faut souligner que les élèves en SC et qui vont préparer leur HSC ne vont pas tous chercher du travail dans la fonction publique. Nous avons aujourd’hui plus d’employés dans le secteur privé que dans le public.
Par ailleurs, avec le développement de la culture entrepreneuriale, beaucoup de jeunes seront demain entrepreneurs ou travailleront dans le privé. Donc, on ne peut mettre un terme à leur parcours académique simplement parce qu’ils n’ont pas obtenu 3 Credits. C’est une décision qui semble donc marcher de pair avec le ministère de l’Éducation et c’est une bonne chose.
Par ailleurs, avec l’introduction de l’IA dans notre quotidien, il est grand temps que nous revoyions notre système d’évaluation des élèves. Un employé n’a pas besoin d’être expert dans tous les domaines pour qu’il obtienne des résultats dans son domaine spécifique. Aujourd’hui, si des jeunes avec 3 Credits en SC et 2 Main en HSC et un Pass en anglais arrivent à s’inscrire dans une université pour par la suite devenir professionnels dans un secteur spécifique, le reste ne comptera plus. De plus, l’IA simplifie beaucoup de choses. Nous aurons désormais beaucoup de professionnels sortant de l’université qui pourront être compétents dans leurs domaines respectifs avec l’IA comme support.

Les autres nouvelles possibilités permettant d’accéder à une université publique sont : 3 Credits en SC et un Diploma de niveau 5 sur le National Qualifications Framework ou 1 A Level et avoir complété un Foundation Course dans une institution supérieure reconnue. Votre opinion ?
Quelle est la philosophie derrière cette décision ? Notre plus grande richesse est nos ressources humaines. Dans les années précédentes, nous avons eu une fuite de cerveaux préférant quitter le pays faute de perspectives de carrière. Il y avait trop de goulots d’étranglement. Ils sont ainsi devenus professionnels dans d’autres pays. Avec ces nouveaux critères, davantage de Mauriciens pourront être professionnels dans leur propre pays. Ce sont des mesures qui retiendront nos jeunes au pays tout en ouvrant la porte aux étrangers.

L’autre nouveauté : avoir 25 ans + et plus de 5 ans d’expérience professionnelle ainsi que 3 Credits en SC et un Pass en anglais. Votre réaction ?
Jusqu’ici, nous ne mettions pas assez l’accent sur le Life Long Learning. L’expertise que nous recevions au travail n’était pas valorisée. Aujourd’hui, il faut le souligner : une personne avec de l’expérience est une personne qui comprend le domaine mieux qu’un autre juste avec une qualification. L’expérience ne s’achète pas et ne se transmet à travers un cours.
Si un employé avec expérience peut poursuivre ses études, c’est encore mieux. Il faudrait étendre ce concept aux divers secteurs vocationnels et techniques. Nous aurons ainsi des Skilled Workers. C’est ce que le monde recherche. Pas juste des connaissances académiques. La Chine et l’Inde en sont des exemples. C’est parce qu’ils ont des Skilled Workers qu’ils ont avancé. Donc, si nous arrivons à Top-Up avec des cours universitaires, le pays ira certes plus loin.

Et que pensez-vous de l’exigence de l’anglais dans toutes les nouvelles conditions, soit, au minimum un Pass en anglais ou un Pass en General Paper au HSC est accepté, faute de Pass en anglais au SC ?

Il faut reconnaître que Maurice dépend encore de technologies et autres systèmes venant de l’étranger. Nos ordinateurs n’ont pas de programmation en kreol par exemple. Pour pouvoir rester connecté avec la tendance mondiale, donc, il est primordial d’avoir un minimum de niveau en anglais et en français. L’anglais est une langue plus universelle, il est donc important d’avoir une base dans cette langue pour communiquer avec le monde.

Certains pensent que l’exigence de 3 Credits au lieu de 5 Credits est un nivellement par le bas et que les 5 Credits assurent plus de compétences, de compétitivité, discipline et que cette baisse d’exigence se fera ressentir sur le niveau des universités. Qu’en pensez-vous ?
Si certains parlent de nivellement par le bas, moi, je pense qu’au lieu de retirer un jeune du collège pour le mettre Lor Koltar, ces critères permettent de le garder scolarisé tout en lui ouvrant la porte vers des études plus poussées. Pour moi, il n’est pas nécessaire que tous les jeunes soient des produits de formations purement académiques ou être lauréats. Mais, tous doivent pouvoir être des ressources efficientes et être productives.
Il faut savoir qu’il y a des Late Developers. Donc, ce système permet de retenir davantage de Late Developers. Ensuite, derrière la philosophie des 3 Credits, que voyons-on ? Beaucoup de pays aujourd’hui qui font du progrès, ce sont des pays dont la plupart de leur population sont des entrepreneurs. Maurice était un pays où le Primary Sector était l’agriculture. Faute de main-d’œuvre aujourd’hui et d’innovation dans le secteur, bien des planteurs ont abandonné la filière et nous devenons un peuple de consommateurs sans pouvoir produire. Nous sommes contraints à importer. Bien des jeunes ont eu à arrêter leur parcours en Grade 9 ou SC faute de 5 Credits. Ils ont été pénalisés et le pays avec. Avec la nouvelle tendance mondiale, le système que nous trouvions bon hier ne peut plus fonctionner. Il faut accepter de voir les choses différemment.

Ces nouveaux critères permettront-ils d’engendrer moins de frustrations parmi les jeunes, leur évitant de Drop Out et d’être des chômeurs ?

Définitivement, cela devrait pouvoir suivre. Si des mesures ont été prises au niveau secondaire et tertiaire, il faudrait que les secteurs qui créent des emplois, que ce soit la fonction publique ou les firmes privées, puissent aussi revoir leurs critères de recrutement. C’est seulement ainsi qu’il y aura une cohérence. C’est aberrant d’exiger 5 Credits pour être pompier, policier etc.

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