Sita, habitante du village depuis 30 ans: « Des proches viennent nous offrir des packs d’eau en cadeau »
« J’habite le village d’Ecroignard à proximité du garage de l’Est depuis 30 ans, je n’ai aucun souvenir que la Cental Water Authority (CWA) nous a approvisionnés toute une journée en eau. Et nous devons veiller chaque soir lorsque le robinet coule pour récupérer un peu d’eau pour le lendemain. C’est très stressant pour nos enfants qui doivent aller à l’école le lendemain. Le problème est tel que nos proches qui viennent nous rendre visite chaque fois nous apportent comme cadeau des bouteilles ou des packs d’eau », raconte Sita, une habitante de la localité.
Cette dernière accueille toutefois favorablement la venue de camions-citernes de la CWA chaque deux jours dans le village. « Nous sommes obligés d’acheter un pack d’eau par jour pour nos besoins quotidiens. Pas toujours facile ! Avec le coût de la vie qui augmente chaque jour, nous n’avons pas le choix, Nous sommes obligés de faire avec », témoigne-t-elle.
Pour se faire une idée de l’étendue du problème d’eau dans le village d’Ecroignard, Sita invite les élus de la circonscription à se rendre chaque dimanche matin au bureau de la CWA, à Caroline, pour assister aux efforts consentis par des habitants de la région pour avoir de l’eau potable. « Imaginez les familles qui n’ont pas de moyen de transport et qui doivent faire le trajet à pied d’Ecroignard à Caroline. Combien d’entre nous ont souffert de l’indifférence des autorités ! » se désole-t-elle
Sheela, la soixantaine, habite le village depuis presque le même nombre d’années que Sita. Elle ne se rappelle pas quand un député de la circonscription est venu au village pour écouter les villageois parler de ce problème. « Kanpagn elektoral pou redemare la, nou sir pou trouv zot », anticipe-t-elle. Elle craint que la sécheresse n’affecte encore une fois les villageois.
Vijay, qui a deux réservoirs sur le toit de sa maison, se plaint que la pression d’eau soit faible. « Même si j’ai investi pour que mon épouse accomplisse ses tâches ménagères. » Ce village, d’ordinaire si paisible rappelle Sheela, avait déjà connu de fortes tensions dans le passé pendant quelques jours à cause du problème d’eau et de tous les soucis qui en découlent. Un habitant avait même été interpellé.
Un réservoir en acier
En juillet 2020, la CWA a fait état de la construction d’un premier réservoir en acier au coût de Rs 36 millions, à Montagne-Fayence, dans l’Est du pays. Les travaux sont presque achevés. Le nombre de foyers qui pourraient ainsi bénéficier d’une meilleure fourniture tourne autour entre 7 000 et 8 000.
La CWA avait qualifié ce projet de novateur car jusque-là tous les réservoirs de la CWA étaient construits en béton. Selon un haut cadre de la CWA, il ne restait que des ajustements à faire autour du réservoir.
Lettre à la CWA
La lettre écrite par Sobron Mayor, le président du village d’Écroignard, au directeur général de la CWA, le 11 septembre 2023.
« Pour le village d’Ecroignard, le problème d’eau auquel de nombreux habitants sont confrontés depuis des années persiste toujours, malgré de nombreuses discussions techniques avec votre service et nos représentants au Parlement au cours des années précédentes.
« Même si on nous a assurés que le problème d’eau dans notre village serait résolu d’ici juin 2021 avec la construction du réservoir en acier de 3 000 m3 à Fayence, y compris les canalisations associées, cela semble encore être une réalité lointaine.
« Certaines zones comme Appiah Lane et Shivala Lane sont confrontées à d’énormes pénuries d’eau. C’est également le cas de nombreux habitants le long de la route principale.
« Nous craignons que la prochaine saison de sécheresse ne soit encore plus difficile pour ces habitants et souhaitons avoir l’assurance que les travaux seront effectués avant celle-ci pour éviter de telles difficultés. Le conseil de village d’Ecroignard prend déjà un certain nombre d’initiatives à travers des mécénats pour atténuer le problème là où c’est possible. Cependant, nous aimerions avoir votre attention pour résoudre nos problèmes. »
Des copies de cette lettre ont été transmises à Joe Lesjongard, ministre de l’Énergie et des Services publics, à Soomilduth Bholah, ministre du Développement industriel, à Vikram Hurdoyal, ministre de l’Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire, au député Mohammud Zahid Nazurally, à Sanjit Kumar Nuckcheddy, secrétaire privé parlementaire, à M. Gopaul, directeur général, conseil de district de Flacq, à Kishore Kumar Jeewooth, président du conseil de district de Flacq et à Chandradev Bundhoo, conseiller du village d’Ecroignard.
Des points de Vicky Bundhoo, conseiller de district
C’est un sujet majeur du manifeste en vue des élections villageoises de décembre 2020. Le problème d’eau à Ecroignard existe depuis des lustres. C’est notre principal sujet de préoccupation, car de nombreuses personnes en souffrent et sont en colère.
La question de l’eau a fait l’objet d’une première réunion conjointe en décembre 2020, en présence de la CWA, des députés, du ministère des Services publics. Il y avait une garantie que le problème d’eau serait résolu d’ici juin 2022.
À chaque fois, le conseil de village d’Écroignard a pris les devants pour tenter de résoudre le problème. Nous avons remarqué que nos députés ou le CWA ne nous accordent pas beaucoup de soutien malgré nos demandes répétées.
Le conseil de village prend les devants avec ses fonds propres pour résoudre le problème d’Appiah Lane. Nous travaillons actuellement sur l’extension d’un pipeline… Nous n’attendons pas les autorités.
Lors de notre dernière réunion, la CWA n’est pas venue. Mais nous sommes plus que jamais disposés à travailler avec les services techniques pour résoudre nos problèmes de longue date. Nous allons continuer à travailler et à prendre les devants partout où nous le pouvons avec les moyens limités dont nous disposons. Nous voulons une solution durable… Travaillons ensemble pour trouver les solutions ! Au conseil du village, nous souhaitons trouver une solution le plus rapidement possible pour nos habitants.