À une semaine de Noël, Week-End est allé, hier, en vadrouille dans la capitale, histoire de voir ce que le Mauricien lambda a fait comme emplettes. Au terme de près de deux heures d’immersion, notre humble constat est que ce dernier se fait plaisir, oui, mais tout en faisant très attention au porte-monnaie. Reportage.
Samedi, 11h. Le Mauricien lambda se plaint. Oui, mais cette fois pas que de son porte-monnaie qui rétrécit à vue d’œil, mais de la chaleur étouffante de ces derniers jours. “Ayo, mari so !” entend-on de part et d’autre le long de la rue Desforges, officieusement piétonne, car pour ceux qui connaissent, le piéton y est évidemment roi, n’en déplaise aux automobilistes. Bref, soleil de plomb ou pas, les Mauriciens ont décidé de profiter de ce dernier week-end pour faire les emplettes de Noël. D’ailleurs, les bus étaient bondés dès les petites heures du matin pour éviter “sa gro soley Port-Louis la”. En vain. Dans les sacs, nous retrouvons d’abord les traditionnels nappes, rideaux et taies d’oreiller. En effet, à Maurice, les fêtes de fin d’année riment bien souvent avec nettoyage de fin d’année. “Tous les ans, à cette époque, nous en vendons deux fois plus. Les Mauriciennes aiment se faire plaisir à cette période pour s’acheter une nouvelle literie de maison”, nous confie Taslima, vendeuse de babioles à la rue Corderie. Quid des nouvelles tendances ? Nous dirons qu’en matière de nappes, celles en plastique et ornées de fruits de saison resteront les favorites…
Grand stress pour beaucoup de ménagères
Après les achats de literie, nous continuons notre reportage à “looker” dans le cabas des gens. Nous y trouvons, non sans surprise, des décorations de Noël. Cette année, les décorations sont modernes, mais surtout bruyantes, avec option connexion sans fil (Bluetooth). Par ailleurs, si effectivement l’heure est aux festivités et à la joie, il faut quand même avouer qu’il s’agit aussi d’un moment de grand stress pour beaucoup de ménagères mauriciennes. “Je suis en retard sur tout. Je n’ai pas encore mes cadeaux, je n’ai pas encore nettoyé les vitres. Et je dois aussi penser à la rentrée scolaire dans quelques semaines. Pour moi, si décembre c’est un mois de fêtes, c’est aussi pour nous, ménagères, un mois très stressant parce qu’on doit penser à absolument tout !”, confie Samantha, que nous avons rencontrée devant un marchand de tasses.
En effet, en plus du court laps de temps pour tout préparer avant les dîners et sorties familiales, il y a aussi un facteur essentiel qui pèse tous les ans dans la balance : les finances. Cette année, comme les trois dernières années, le budget dédié aux cadeaux a beaucoup rétréci, mais sans pour autant faire de concessions sur son plaisir. Ainsi, à quelques jours des festivités, c’est surtout la chasse aux bonnes affaires. “Ti rob Rs 300 madam”, nous lance une commerçante entourée d’une foule de clientes qui essaient tant bien que mal de “kas pri”. “Je dois m’acheter de nouveaux vêtements pour les fêtes, mais hors de question d’aller dans les grands magasins ! Rs 1 000 pour un t-shirt, c’est abusé. On ne peut plus se le permettre. À Port-Louis, vous pouvez faire de bonnes affaires pour trois fois moins cher”, nous dit Laëtitia, étudiante à l’université de Maurice.
Recherche de
cadeaux griffés
11 h 45. L’heure tourne et votre journaliste de Week-End en a profité pour se désaltérer avec un bon “dilo koko” glacé… Ainsi, après la rue Desforges et la rue Corderie, nous nous dirigeons cette fois vers le Victoria Urban Terminal. Ambiance de fête, magasins bondés, les jeunes Mauriciens huppés étaient de sortie hier. Par ailleurs, dans ces magasins, ce sont des emplettes d’un tout autre genre qui s’y font. Si dans la capitale l’on va à la chasse aux bons prix, dans les grands centres commerciaux, on va à la recherche de cadeaux griffés d’une tout autre gamme. Là-bas, les sacs sont remplis de vêtements équivalant à quelques milliers de roupies. “J’ai travaillé une année entière, j’ai envie de me faire plaisir et de faire plaisir à mes proches”, confie Stéphane. “Et puis, ma petite amie a déjà passé sa commande dans ce magasin, je n’ai donc pas droit à l’erreur”, lance-t-il en un éclat de rire.
En somme, cette année, oui l’on se fait plaisir, mais certainement pas au prix fort, car “si on a eu notre boni de fin d’année durant la semaine, il ne faut pas oublier que janvier ne nous fera pas de cadeaux”, conclut Jayshree…