Abus de confiance et de faiblesse : Un octogénaire poussé à vendre son terrain sur son lit de malade

Un cas présumé d’exploitation d’une personne âgée a été porté à l’attention des autorités. Il concerne feu Tiberman Sajiwan Ramyead (TSR), 81 ans, qui aurait été amené à signer, sur son lit de malade, un document de vente de terrain à des conditions jugées abusives. L’incident se serait produit le 25 décembre 2024 à son domicile de Rose-Hill.

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Selon la déclaration soumise à l’Ombudsperson for the Elderly, l’état de santé de Tiberman Sajiwan Ramyead s’était fortement détérioré à partir d’octobre 2024. Il était devenu totalement alité, incapable de se déplacer seul et sujet à des trous de mémoire fréquents. Une aide-soignante à plein temps avait été affectée à son domicile, Flat B27, Clos Verger, rue Malartic, Rose-Hill (B27MS), afin d’assurer sa prise en charge quotidienne.
Sa fille, Shalini Ramyead (SRS), résidant à Beau-Bassin, surveillait son père à distance grâce à une caméra installée dans sa chambre, et se rendait chez lui deux à trois fois par jour.
Tiberman Ramyead était le nu-propriétaire d’une maison située au 10, avenue Tristan D’Avice, Quatre-Bornes (10TDA), dont l’usufruit appartenait à sa mère, Surashwatee Ramyead, âgée de 100 ans. Celle-ci l’avait autorisé à gérer la location du bien et à encaisser les loyers. Le locataire des lieux, un certain AP, domicilié à Bois Chéri Road, Moka, exploitait la propriété à des fins commerciales (commerce d’articles de décoration intérieure) sous la dénomination Haveli Décor. Il réglait son loyer en espèces directement à TSR, à Rose-Hill.

Le 25 décembre 2024, vers 13h35, AP s’est présenté au domicile de son bailleur. Pensant qu’il venait payer le loyer, TSR a demandé à son aide-soignante de le laisser entrer.
Or, AP aurait alors présenté un document de vente concernant le bien de Quatre-Bornes. Ce document autorisait le locataire à agir comme courtier pour vendre la maison au prix plancher de Rs 9 millions, déduction faite de frais importants, et prévoyait que, si aucun acheteur n’était trouvé dans un délai d’un an, AP acquerrait lui-même le bien à ce prix.
Bien que très affaibli et confus, le vieil homme aurait signé le document, car il n’avait pas les facultés morales pour dire non à son interlocuteur, vu son état vulnérable.
L’aide-soignante, choquée de voir un visiteur faire signer des papiers à un malade en pareille condition, a immédiatement contacté la fille de ce dernier. En consultant la caméra de surveillance en direct, la fille du vieil homme, Shalini, a vu la scène et s’est rendue en urgence sur place.

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Elle serait arrivée vers 14h, mais son père avait déjà signé. Elle a alors demandé à rencontrer AP dans une autre pièce pour lui expliquer que son père n’était pas en état d’entreprendre une quelconque transaction, et que le bien appartenait encore légalement à sa grand-mère usufruitière.

SRS affirme avoir demandé à AP de restituer les documents signés. Ce dernier aurait refusé, en déclarant : « Kifer ou pe rantre ladan ? Sa pa regarde ou. » À la réponse de Shalini (SRS), « Mo so tifi », AP aurait rétorqué « Al prouve ki ou so tifi. »
La scène aurait été intégralement enregistrée, avec audio et vidéo, par la caméra installée dans la chambre de TSR, diffusant en direct au domicile de SRS.

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Selon le témoignage de la famille, AP savait pertinemment que Tiberman Ramyead n’était plus lucide et aurait profité de sa faiblesse. La vidéo montrerait clairement que l’octogénaire ne comprenait pas le contenu du document, ni même la distinction entre les termes lessor (bailleur) et lessee (preneur).

À partir de ce jour, le locataire aurait cessé de payer le loyer, ajoutant ainsi un préjudice financier à la famille.

Le 10 février 2025, AP a reçu, par voie d’huissier, une mise en demeure datée du 4 février 2025, précisant que le défunt n’était pas le propriétaire à part entière du bien et ne pouvait en disposer légalement.

Une seconde correspondance, émanant du cabinet Dentons et datée du 11 juin 2025, lui a accordé un préavis de trois mois pour libérer la propriété du 10 Tristan D’Avice Avenue. Aucune réponse n’a été reçue à ce jour, et les deux notifications ont été ignorées.
Une déposition officielle résumant l’ensemble des faits a été enregistrée le 26 juillet 2025 au poste de police de Quatre-Bornes, concernant la propriété de l’avenue Tristan D’Avice.
La famille a saisi l’Ombudsperson for the Elderly, considérant cette affaire comme un cas flagrant d’exploitation d’une personne âgée, contraire à l’esprit et à la lettre du Protection of Elderly Persons Act (Loi 16 de 2005).
Elle demande à l’État de poursuivre l’auteur présumé de cette infraction et dénonce une pratique plus large où des transactions douteuses seraient facilitées par des intermédiaires juridiques, contournant la finalité de la loi.

Le décès de Tiberman Sajiwan Ramyead, survenu le 28 avril 2025, a renforcé le sentiment d’injustice au sein de la famille. Les proches espèrent que cette affaire servira de signal d’alarme sur les risques d’exploitation des aînés vulnérables, particulièrement lorsqu’ils vivent seuls ou dépendants.

Les preuves matérielles – le document signé, la vidéo de la scène, et la déclaration policière – sont prêtes à être transmises aux autorités compétentes pour enquête.
Pour la famille Ramyead dont le fils, Avish, qui vit en Angleterre, a tenté vainement de rencontrer AP lors d’un récent séjour à Maurice, et la sœur, Shalini, qui vit aujourd’hui en Afrique du Sud, l’enjeu dépasse la valeur d’un terrain : il s’agit de défendre la dignité et les droits des personnes âgées, afin que de tels abus ne puissent plus se reproduire.
Ils jurent tous les deux qu’ils iront jusqu’au bout de leur combat au nom d’un père dont on a abusé de sa faiblesse morale et médicale.

Tout le monde attend que les autorités publiques prennent, enfin, leurs responsabilités dans cette affaire.

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