Affaire Yogita Baboo V/S Air Mauritius : Plus qu’une lutte syndicale, 
un drame humain

La présidente de l’AMCCA: “Je suis réduite à vivre de ma pension de veuve”

L’affaire Yogita Baboo, la présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), licenciée avec effet immédiat par MK pour faute grave suite à sa participation à une émission radio, soulève la question de la liberté d’expression des syndicalistes. Mais plus encore. Derrière la répression syndicale, il y a également le drame humain ! D’autres sont aussi passés par là. Sharvin Sunassee, Patrick Hofman, Rehana Ameer…

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« Mo pa per personn, mo pa pou rekile », avait laissé entendre Yogita Baboo à la sortie du comité disciplinaire institué par MK, où elle a refusé de se soumettre. Son courage, salué par l’union syndicale, elle le puise de ses valeurs transmises par ses parents. De simples employés qui n’ont jamais baissé les bras malgré les difficultés. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est devenue syndicaliste.

C’est en 1992 que Yogita Baboo intègre l’équipage de MK. Un rêve de jeune fille devenu réalité. Pendant 28 ans, la compagnie n’a jamais eu à lui reprocher quoi que ce soit par rapport à son travail. Les « ennuis » ont commencé lorsqu’elle a pris les rênes de l’AMCCA en 2019. Dès lors, c’est en chien de faïence que la direction la regardait. En 2020, avec la mise sous administration volontaire de la compagnie d’aviation nationale, les choses se compliquent. Malgré tout, la présidente de l’AMCCA continue de défendre ses membres contre vents et marées. Et lorsqu’elle refuse, avec une centaine d’autres collègues, de faire le vaccin contre le Covid, Yogita Baboo se retrouve en leave without Pay.

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« Sous le leadership de Ken Arian »
Yogita Baboo s’est retrouvée depuis deux ans sans salaire. Et aujourd’hui sans emploi. Une injustice, un drame humain. Celui d’une mère, qui élève seule son enfant. La semaine dernière, elle racontait que sa fille la soutient à sa manière. Même si ce n’est pas évidemment pour un enfant de neuf ans de comprendre le combat que mène sa mère. Mais la petite, comme les autres proches de Yogita Baboo, sont fiers de voir ce combat pour la justice et le respect des droits des travailleurs que mène avec acharnement Yogita Baboo. C’était avant qu’elle ne soit brutalement limogée le lundi 10 juillet. “Incroyable que dans un pays comme Maurice en 2023, où il existe un encadrement légal, on vit ainsi, on persécute les gens, les employés, les syndicalistes!”, dit Yogita Baboo dépitée. Et d’ajouter “ce que je suis en train de vivre a des répercussions immédiatement sur ma vie de famille, sur mon enfant. J’avais quelques économies qui ont été épuisées depuis ces deux ans. Même si j’ai un gros emprunt pour ma maison, je vivais décemment, et je pouvais m’occuper de ma fille. Aujourd’hui j’ai perdu cette stabilité. Paille-en-Queue inn met mwa lor lapaille. Je suis réduite à vivre de ma pension de veuve. Tout cela parce que je milite pour la justice”, dit la présidente de l’AMCCA.

À bien bien des égards, l’affaire Yogita Baboo ressemble à celle de Sharvin Sunassee, ancien président de l’Air Mauritius Ltd Employees Union (AMLEU), suspendu le 2 avril 2019 pour avoir “brought AML to disrepute”. Puis licencié une première fois en avril 2020, réintégré sur ordre de la cour, avant d’être à nouveau licencié en 2021 pour « gross misconduct » et « breach of trust » par Airports of Mauritius Ltd (AML) sous le leadership de Ken Arian.  Sharvin Sunassee, avec une vingtaine d’années de service chez AML comme Airport Operations Control Centre Operator, a été démis de ses fonctions à la suite d’un comité disciplinaire institué par la direction à son encontre à la suite d’un post sur sa page AML Staff Corner sur Facebook — une page Facebook privée des employés d’AML — alors qu’il était le président de l’AMLEU. Une page dont seuls les employés avaient accès et où le syndicat véhiculait toutes ses communications.

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« Inhumain »
Deux ans après, c’est avec la même émotion qu’il revient sur cet épisode de sa vie, faisant le parallèle avec le cas de Yogita Baboo. « Ce n’est pas la lutte syndicale en tant que telle qui est la plus difficile. C’est cette bataille qu’il faut mener pour garder la tête hors de l’eau », dit-il. Il revient, entre autres, sur cette nuit alors que son fils était malade et qu’il s’apprêtait à le transporter en clinique, mais qu’il apprend que sa police d’assurance — payée à moitié par lui et l’autre moitié par AML — avait été résiliée. « Comment peut-on être aussi inhumain ? » se demande-t-il. Heureusement que ce soir-là, il a réussi à faire soigner son fils en urgence dans un centre hospitalier, évitant un drame.

Ces centaines de jours de suspension, puis son limogeage sans aucune indemnité, ont été un cap très difficile à passer pour Sharvin Sunassee et sa famille. « Ena zour pena kouraz. Ena zour pa anvi lite. Me enn de ti kout telefonn de bann kamarad ki finn rest soude inn fer mwa remonte », raconte-t-il. Avec l’affaire Yogita Baboo, il revit sa propre histoire, à quelques détails près, dit-il. « Parce qu’on oublie qu’avant d’être syndicalistes, nous sommes aussi des papas, des mamans, des enfants… »

« Mais le patronat n’a pas cette considération et AML, dans mon cas, a fait fi des ordres de la cour. C’est dire que quand le management, sous la direction de Ken Arian, a décidé de faire quelque chose, sote-pile, lakour pa lakour, zot pou al de lavan, mem si enn fami pe soufer. Mem si se enn linzistis. Mem si zot dan lilegalite. C’est pourquoi je comprends plus que n’importe qui la présidente de l’AMCCA. Car au-delà de l’oppression syndicale, j’ai aussi vécu ce drame humain », dit le désormais négociateur de la GWF.

JANE RAGOO : « Kan enn madam met so latet dan enn zafer, si li kone li ena rezon, li pa pou rekile »

On vous a vu mercredi dernier, formant partie du front commun qui a été institué pour mener le combat de Yogita Baboo. Qu’est-ce qui vous motive ?
J’étais présente à cette réunion en tant que représentante de la CTSP. Certes, entre syndicalistes, nous ne sommes pas toujours nécessairement sur la même longueur d’ondes, mais la CTSP a tenu à répondre présent à l’appel lancé, parski partout kot ena injustice, nou reponn présent pou amenn la bataille ensam. Le cas de Yogita Baboo, qui milite pour ses membres et se bat pour une cause juste, mais qui se retrouve finalement sur le pavé aujourd’hui, ne peut qu’interpeller tout le monde. Nous allons mener le combat en union, parski persécution pa kapav continuer et pou ki sa pa arriver encore.
Quel est votre sentiment personnel face à ce qui arrive à Yogita Baboo ?

Mo pa conner si mo ti pou kapav viv si mo ti dan so place. C’est un vrai drame que vit Yogita Baboo. Elle est une maman, élevant seule son enfant. Ce n’est pas facile. Depuis deux ans, elle est sans salaire. Personne n’y pense. C’est ce côté inhumain dans la manière de faire aussi qui est déplorée. Personnellement, je suis passée par deux grèves de la faim. C’est une lutte difficile quand on est au front. D’autant qu’il y a aussi la pression de la famille qui ne comprend pas toujours. Il faut être fort. Yogita est devenue plus forte mais c’est au terme de beaucoup de sacrifices. Et je salue son courage.
Pourquoi le cas de Yogita Baboo soulève-t-il cette vague de soutien ?

Parce que ce qui lui arrive est injuste. Il faut se poser la question : comment est-ce que Yogita Baboo se retrouve dans cette situation aujourd’hui ? Pensez-vous qu’elle a décidé sur un coup de tête de dénoncer son employeur ? Non ! Yogita Baboo a été élue de façon démocratique en tant que présidente de l’AMCCA. Elle a osé prendre la responsabilité de ce syndicat et c’est tout à son honneur. Et elle a fait son travail. En tant que syndicaliste, elle a donné la chance au dialogue, elle a sollicité le ministère du Travail, elle a entrepris plusieurs actions syndicales… Les syndicats ont plusieurs options, il y a les lettres, les plaintes, les manifestations, les grèves, les émissions à la radio. C’est cela la liberté syndicale.

Quand on est syndicaliste, surtout une femme, d’où puise-t-on sa force ?Kan enn madam mett so latete dan enn zafer, si li conner li ena raison, li pa pou baisse les bras. Li pou foncer, li pa pou reculer. Enn missier aussi ti pou fer meme zafer sauf ki pou enn missier, nou ti pou trouv enn tas missier autour li. C’est pourquoi bizin ki bann madam zoine zot à la lutte syndicale. Le travail de syndicat est un travail ingrat, qui nécessite beaucoup de sacrifices. C’est un travail dans lequel on donne sa vie, on abandonne sa famille, c’est un travail qui n’est pas toujours reconnu, car la lutte est humble.
La lutte de Yogita Baboo rappelle celle menée par Rehana Ameer et le front syndical, il y a une dizaine d’années…

C’est le même scénario. Rehana a subi les mêmes répressions et à l’époque, ce qui a fait avancer sa cause, c’est l’union syndicale. Rehana subissait exactement les memes difficultés. Et la direction de la MBC l’avait mise à la porte. Elle était sans paye depuis un an. Imaginez la difficulté, la détresse de cette maman ! Je connaissais le cas, mais pas totalement. Le 23 décembre, un journaliste m’a appelée pour me demander ce que je pensais de ce cas d’une maman, syndicaliste, qui allait passer Noël et le Nouvel An sans paye, sans rien. Cela m’a choquée parce que je n’avais pas réalisé cela. Et je me suis sentie coupable, même si je n’avais aucun tort et que je n’étais pas le négociateur dans cette affaire. J’en ai parlé à mon collègue Reaz Chuttoo qui a suggéré de mettre tous les syndicats du pays au courant pour voir la marche à suivre. Le lendemain, le 24 décembre, nous avions réuni tous les syndicats. Deux options s’offraient à nous : faire une donation à Rehana Ameer, ou prendre le dossier en main et lutter. Rehana a choisi de lutter, car ce n’était pas l’argent le plus important. C’est ainsi que unis, les syndicalistes ont réussi à faire réintégrer Rehana Ameer au sein de la MBC.
Ce soutien vient-il du fait que Yogita Baboo est une femme ?

Pas nécessairement. Pou enn zom aussi, si ti fer l’appel, nou ti pou rassembler. Dans le cas de Yogita, au départ, il n’y a pas eu assez de solidarité de ses propres membres autour d’elle. Il aurait fallu des actions de la part de tous les cabin crew. C’est une femme seule avec un enfant, mais a-t-elle tout le soutien nécessaire? Il faut une solidarité. C’est pour cela que quand on a appelé le front, nous avons répondu positivement, parski pa kapav laisse enn dimoun lit li tou sel.

MK a adopté une ligne dure en limogeant Yogita Baboo avec effet immédiat. Cette lutte syndicale ne vous semble-t-elle pas comme une lutte entre le pot de terre et le pot de fer ?
C’est un bien mauvais signal envoyé par MK. Certes, cela semble être une bataille de pot de terre contre le pot de fer car le patronat, MK, dispose de l’argent, de gens, du temps… Zot pa kass latete comier millions pou perdi. C’est cela le pouvoir de l’argent. Mais en joignant nos forces, les syndicats sont plus forts. C’est dans l’unité et la solidarité que nou pou kapav fer respecter nou droit.

En dépit des cadres, nous voyons que les lois du Travail et la liberté syndicale sont bafouées, finalement…
Maurice est un bon élève. Nous sommes signataires de pas moins de 8 conventions du BIT qui couvrent le droit humain, le dialogue social, la santé et la sécurité. Nous sommes les premiers à ratifier toutes ces conventions, mais dans la pratique c’est une autre affaire. Nous sommes le 7e pays à avoir ratifié la convention 190 concernant la violence et le harcèlement au travail pour protéger les travailleurs, surtout les femmes. Mais que fait-on là à MK ? N’est-ce pas une force de violence faite aux femmes ?
Et le silence du ministère du Travail dans toute cette affaire…?

Les paramètres sont là pour protéger les employés, les syndicalistes aussi, mais dans la pratique, même si certaines personnes au ministère connaissent leur rôle, zot pas pe kapav agir. Nou senti l’ordre pe vinn depi enn lot place. Nou senti ena enn lot lamain, enn la chambre, so anti-chambre, couma dire enn l’Etat dans enn lot l’Etat.
Comment avancer dans cet environnement ?

La force syndicale est sa capacité à réunir tous ses membres, mobiliser les travailleurs et dessan lors semin si bizin. Nou bizin unir pou cela. Et en dépit de ce que nous voyons, les femmes ne doivent pas avoir peur. Certes, le monde syndical est un monde difficile, ek ki bizin la guerre contre enn système, que ce soit dans le secteur privé ou le secteur public. Mais c’est important d’unir nos forces. Zom fam bizin mobilisé pou nou avancer. Et je profite pour lancer un appel aux femmes de se joindre aux mouvements syndicaux. Il ne faut pas oublier que c’est grâce à la mobilisation des femmes, et pas n’importe lesquelles, les cleaners, bann ti dimoun, que nous avons réussi, avec la lutte syndicale, à obtenir aujourd’hui le salaire minimum. Si bann fam comprend zot valer, zot bizin rejoindre le syndicat en masse. Nou pa per. Nou tou ensam, nou lit contre bann injustice.Limogée par la MBC en 2010 puis réintégrée Rehana Ameer : « Mo soke ki an 2023 sindikalis ankor pe sibir opresion ! »

C’est par la presse que Rehana Ameer, en déplacement actuellement à l’étranger, a pris connaissance des derniers développements dans l’affaire Yogita Baboo/MK. Si elle n’est pas totalement au fait, confie-t-elle, elle se dit choquée et bouleversée du limogeage avec effet immédiat de la présidente de l’AMCCA. « Je me retrouve plus d’une dizaine d’années en arrière lorsque j’ai moi-même été victime d’oppression et que j’avais perdu mon emploi du jour au lendemain. Mo choqué ki en 2023, syndicaliste encore pe subir oppression et qu’aujourd’hui plus encore, les travailleurs et les syndicalistes, pour un oui ou pour un non, parce qu’ils luttent contre l’injustice, se voient suspendus ou mis à la porte », dit-elle.

L’ancienne présidente de la MBC Staff Association estime « dommage » — alors que les lois du travail existent et que Maurice est signataire de nombreuses conventions pour protéger les travailleurs — qu’en 2023, « syndicaliste ek patron still pa pe kapav assiz autour ennemi latta pou discuter amélioration conditions travailler ». Elle pense que les lois doivent êtres renforcées pour permettre aux syndicalistes de faire leur travail et « empess mettre dimoun dehors pou nanien ». Rehana Ameer est heureuse de constater que Yogita Baboo bénéficie du même soutien qu’elle, car « li important dans nou lalit ki nou tou uni pou faire avance la cause travailleurs. Je suis totalement solidaire avec elle. Yogita est une femme forte, mais le soutien des syndicats et de tous, ONG, société civile et autres, est un apport qui donne une force supplémentaire pour que le combat avance », dit-elle.La semaine du combat contre l’arbitraire et l’injustice

LUNDI 10 JUILLET

Air Mauritius licencie la présidente de l’AMCCA Yogita Baboo
« Management has no alternative, in good faith, then to terminate your employment, with immediate effect, on grounds of misconduct, inasmuch as your acts and doings are tantamount to a “faute grave” ». Ce qui était écrit sur les murs depuis l’émission radio où, en tant que syndicaliste de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), elle a dénoncé les conditions de travail de ses pairs, mais aussi et surtout les largesses et les manquements du top management, est depuis lundi dernier acté en dépit des lois locales et internationales qui protègent les syndicalistes. Cette lettre de licenciement adressée par Air Mauritius à l’hôtesse de l’air Yogita Baboo était signée de Jean Bernard Sadien, Head of Human Resources d’Air Mauritius Ltd, qu’il ne faut pas confondre avec Radkrishna Sadien, syndicaliste, président de la SEOF et de la CITU, qui s’est battu avec toutes ses armes, en vain, pour résister à l’outrance et sauver Yogita Baboo.
Après de 27 ans de bons et loyaux services qui ont démarré en 1996 – bien que les deux dernières ont été “on leave without pay” parce qu’elle n’était pas vaccinée contre le COVID —, Yogita Baboo, la présidente de l’AMCCA, a été victime d’un système managérial à MK qui consiste à faire taire la différence, quitte à payer de fortes compensations après, mais qui a la petitesse de vision de créer un climat de peur à la parole discordante et de mise sous éteignoir de toute revendication.
Il n’est pas inutile de rappeler que la compagnie aérienne nationale, qui est sous le joug total de l’État, unique actionnaire, a pour commandant de bord l’un des top chef de Lakwizinn, Ken Arian, CEO, et pour copilote un certain Krešimir Kučko, CEO de MK. Il faut aussi mettre dans la balance que l’AMCCA a traîné le management de la compagnie, alors sous administration volontaire, à l’Employment Relations Tribunal (ERT) qui — ce n’est pas un hasard — est actuellement dans la phase finale du litige opposant l’AMCCA à MK, où son “cross-examination” pourrait valoir à Air Mauritius de compenser lourdement le personnel navigant après l’épisode du Covid et de l’administration volontaire.

MARDI 11 JUILLET
Une vague de soutien pour Yogita Baboo
L’AMCCA confirme dans un communiqué qu’elle mènera sans relâche une résistance à l’arbitraire pour le compte du personnel navigant. Les membres réitèrent leur entier soutien à Yogita Baboo, qui a toujours agi en sa qualité de présidente du syndicat et a ouvertement exprimé les préoccupations de ses membres. Les membres de l’exécutif de l’AMCAA, qui suppléent temporairement Yogita Baboo, font preuve de courage et d’abnégation en clamant fortement « taking strong objection to the arbitrary and unjustified conduct of the Management of Air Mauritius Ltd which has been acting at all times illegally and contrary to the provisions of the prevailing laws/conventions when it took the unlawful decision to subject Yogita Baboo Rama to a disciplinary committee which it had no locus to set up in the first instance. »

Par ailleurs, l’association Dis-Moi a fait appel aux forces syndicales et citoyennes pour se regrouper en une plateforme de soutien et de solidarité à Yogita Baboo et l’AMCCA, et amplifier la résistance. Pour Dis-moi, ce licenciement est en soi injustifié, dans la mesure où les motifs fournis dans la lettre ne sont pas satisfaisants et pas assez solides pour procéder à un licenciement. « Mme Yogita Baboo, en tant que présidente de l’AMCCA, a seulement exprimé son opinion et son mécontentement concernant le traitement de son employeur envers elle-même et les autres employés d’Air Mauritius Ltd », note Dis-Moi.
Dis-Moi considère qu’il y a eu une violation manifeste de droits en tant que syndicaliste d’Yogita Baboo, décrite « as being a Human Rights Defender ». Il se réserve également le droit d’alerter des organisations internationales telles que le Service international des droits de l’homme (ISHR) pour enquête.

JEUDI 13 JUILLET
Les syndicats réunis réclament une réunion urgente avec le PM
Le licenciement abusif de Yogita Baboo par Air Mauritius aura eu un développement majeur sur le plan de la défense des travailleurs, car il a favorisé la mise en place d’une plateforme syndicale réunie en solidarité avec la syndicaliste licenciée, mais aussi contre tous les abus à l’encontre des syndicalistes, surtout ceux des institutions publiques. La présence derrière une même table de la General Workers Federation, la Federation of Civil Service and Other Unions, State and Other Employees Federation, la CTSP, la Federation of Parastal Bodies and Other Unions, CITU, CSG solidarité, la Mauritius Labour Federation et la National Trade Union Confederation caractérisent l’union syndicale retrouvée. Elle a réclamé une rencontre urgente avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à qui une lettre a déjà été adressée, pour lui faire part de leur inquiétude devant la gravité de la situation de non-respect des droits des syndicalistes. Outre Yogita Baboo, d’autres victimes de leurs actions syndicales sont aussi soutenues par la plateforme syndicale : Sharvin Sunassee (AML), Luximon Badal (Postal Sevice), Chit Rughoobur (BOM) et Patrick Hofmann (MK).

Il échut à Radhakrishna Sadien, président de la State Employees and Others Federation (SEOF) et du Congress of independent Trade Unions (CITU), de donner le ton de la colère et de l’inquiétude des syndicats et d’annoncer que des actions plus importantes étaient dans le collimateur. Jane Ragoo, s’exprimant au nom de la CTSP, a ajouté pour sa part qu’il y a une entorse aux droits humains dans l’affaire MK et que la « injury to one » est en vérité une « injury to all ». Deepak Benydin, de la FPBOU, a salué le courage de Yogita Baboo en tant que femme syndicaliste et considère son licenciement comme étant un camouflet pour tout le monde syndical, qui est, selon lui, en grand danger. Pour sa part, Ashok Subron a salué la SEF pour cette initiative collective. Il a plaidé pour « l’élimination des comités disciplinaires » et a dit « inn ler pou pas a latak. Yogita Baboo, li enn viktim. » Enfin, Narendranath Gopee, président de la FCSOU et de la NTUC, tout comme Ashok Subron, s’en est pris au ministre du Travail, Soodesh Callichurn, qui a maintenu dans la loi les moyens qui permettent au patronat de licencier légalement les employés.

 

 

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