AIDS CANDLELIGHT MEMORIAL — Le 18 au Caudan Waterfront : La Santé révèle le chiffre de 9 762 porteurs du sida

En 2024, 549 nouveaux cas de VIH/sida ont été enregistrés au sein de la population mauricienne par le Laboratoire central de santé du ministère de tutelle. « Cela représente une augmentation de 43,7% par rapport à 2023, année où 382 nouveaux cas avaient été signalés », explique cette source officielle. Le total de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) totalise ainsi 9 762.

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Le nombre de nouveaux cas de VIH/sida détectés chez les Mauriciens a connu d’importantes fluctuations entre 2003 et 2024. Après avoir culminé à 921 cas en 2005, les chiffres ont diminué, mais sont restés supérieurs à 500 jusqu’en 2010. Une baisse notable a été observée entre 2012 et 2016, atteignant 260 cas en 2013. Cependant, à partir de 2017, les chiffres ont progressivement augmenté, oscillant entre 319 et 386 cas. En 2024, une forte hausse pour atteindre 549 cas, soit le chiffre le plus élevé enregistré au cours des 14 dernières années, a été enregistrée.
À décembre 2024, toujours pour citer les chiffres recensés par les services de la Santé, le pays a enregistré un total cumulé de 9 762 nouveaux cas de VIH/sida. Le nombre de cas le plus élevé se situe dans la tranche d’âge des 25-34 ans, avec 35,3% du total, suivie par celle des 35-44 ans avec 25,9%. 1,3% des nouveaux cas détectés concernent les moins de 15 ans.
L’analyse des dix dernières années montre que l’augmentation du nombre de cas est principalement imputable aux usagers des drogues injectables (UDI). Bien qu’en 2024, le nombre de nouveaux cas détectés ait été plus élevé chez les hétérosexuels (249) que chez les UDI (243), l’augmentation est plus significative chez les UDI, avec une hausse de plus de 100% observée sur la période 2023-2024 !

Concernant la transmission hétérosexuelle, le nombre de nouveaux cas de VIH/sida a progressivement augmenté au fil des ans. De 137 cas en 2015, la tendance est à la hausse constante, culminant à 257 cas en 2021, puis fluctuant légèrement avant d’atteindre 249 cas en 2024.

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Les données sur les nouveaux cas de VIH/sida à Maurice, de 1987 à 2024, montrent que les hommes ont toujours représenté la majorité des nouveaux cas de VIH. Le taux de prévalence masculine a atteint un pic de 88,5% en 2005, tandis que celui des femmes a atteint son plus bas niveau, soit 11,5%. Au fil des ans, cet écart s’est progressivement réduit, le nombre de cas masculins diminuant et celui des femmes augmentant, pour atteindre son plus faible niveau en 2021, avec 56,2% de cas masculins et 43,8% de cas féminins, soit un écart de 12,4 points de pourcentage. Cependant, la tendance s’est à nouveau inversée ces dernières années, le taux de prévalence masculine atteignant 70,7% en 2024 et le taux de prévalence féminine chutant à 29,3%, creusant ainsi l’écart à 41,4 points de pourcentage.

L’analyse sur la période 2015-2024 montre aussi que la tranche d’âge des 25-34 ans a constamment représenté la plus forte proportion de cas, atteignant un pic de 38,3% en 2024. La tranche d’âge des 35-44 ans a également conservé une part importante, bien que fluctuante, pour atteindre 22,2% en 2024. Parallèlement, la tranche d’âge des 15-24 ans a enregistré une baisse progressive de son pourcentage, passant de 21,7% en 2017 à 16,9% en 2024. Les tranches d’âge des 45-54 ans et des 55 ans et plus ont connu une certaine variabilité, avec une baisse notable chez les 55 ans et plus, de 15,7% en 2023 à 9,3% en 2024.

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Le nombre de nouveaux cas de VIH/sida chez les moins de 15 ans est resté constamment faible de 2015 à 2024. Ce pourcentage a légèrement fluctué au fil des ans, passant d’un pic de 3,1% en 2015 à 0,5% en 2023. Cependant, en 2024, il a augmenté pour atteindre 1,3%.

S’agissant de la répartition des modes de transmission du VIH/sida à Maurice depuis le premier cas détecté en 1987, la plus grande proportion (54,7%) des cas était liée aux UDI. La transmission hétérosexuelle représentait 36,3%, ce qui en fait le deuxième mode le plus courant. Un groupe plus restreint (4,3%) était constitué de personnes hétérosexuelles et de consommateurs de drogues injectables. La transmission bisexuelle/homosexuelle représentait 1,4% des cas, tandis que la transmission de la mère à l’enfant restait relativement faible, à 1,2%. D’autres catégories mineures comprenaient les cas indéterminés (2%) et les personnes transgenres (0,1%).

En 2024, parmi les 549 nouveaux cas détectés, 45,4% concernaient des hétérosexuels, suivis des UDI, qui représentaient 44,3% du total des cas. « Si le mode d’infection n’a pu être déterminé pour 4,6% des cas, les 5,7% restants se répartissaient comme suit : hétérosexuels/consommateurs de drogues injectables (2,6%), bisexuels/homosexuels (1,8%), transmission mère-enfant (0,9%) et transgenres (0,4%) », indique encore la Santé.

L’augmentation du nombre de cas constatés en 2024 serait « principalement due à l’intensification du dépistage du VIH auprès de diverses populations au sein des communautés, à l’introduction de l’autotest de dépistage du VIH, au dépistage des patients hospitalisés dans les hôpitaux régionaux et au dépistage ciblé des groupes à haut risque, afin de garantir que davantage de personnes connaissent leur statut et soient orientées vers des soins conformément aux objectifs “95-95-95” 1 de l’OnuSida », signale la Santé. Les objectifs « 95-95-95 » de l’OnuSida visent à mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030. Ces objectifs sont les suivants : 95% des personnes vivant avec le VIH devraient connaître leur statut sérologique, 95% des personnes diagnostiquées devraient suivre un traitement antirétroviral (ARV) et 95% des personnes sous traitement devraient obtenir une suppression virale.

Parmi les non Mauriciens, le nombre de nouveaux cas de VIH/sida a fluctué depuis 2003, avec un pic notable en 2007, avec 22 cas détectés. Ce nombre est resté relativement faible entre 2010 et 2016, oscillant entre 7 et 16 cas. À partir de 2017, le nombre de cas a augmenté progressivement, atteignant 24 en 2018 et se stabilisant entre 20 et 25 cas sur la période 2019-2023.
Cependant, en 2024, le nombre a fortement augmenté, atteignant 50 cas, le chiffre le plus élevé enregistré sur cette période. Cela représente un doublement du nombre de cas par rapport à 2023, soit une augmentation de plus de 100% en un an seulement.

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Appel des ONG à la solidarité massive
Pour la commémoration de la 20e édition mauricienne de l’AIDS Candlelight Memorial, demain au Caudan Waterfront, une pléiade d’ONG locales se sont mobilisées, nommément PILS, CUT, AILES, La Chrysalide, Le Centre de Solidarité, Lakaz A, DRIP, Out Maurice, le CAEC et YQA, pour ne citer qu’elles. L’événement démarrera à 17h30 avec la participation d’artistes locaux, dont Blakkayo, Sayaa, Richard Beaugendre et Vwayel, entre autres.
Dans leurs messages, lors d’une rencontre avec les médias la semaine dernière, Ragini Rungen, du Groupe A de Cassis/Lakaz A, Elodie Sunassee, de PILS, et Jamie Cartik, de CUT, pour ne citer qu’elles, ont lancé un vibrant appel à « toute la grande famille mauricienne pour que, dans un énorme élan de solidarité, nous nous retrouvions en masse autour de ce problème de société, qui gagne de plus en plus de terrain et provoque des drames dans de nombreuses familles ».

L’invitation, soutiennent les organisateurs de l’événement, s’étend aussi aux politiques. « Nous souhaitons vraiment que chaque Mauricien prenne la mesure de l’étendue du problème et que nos décideurs politiques soient à nos côtés et aux côtés des PVVIH pour qu’ensemble, nous puissions dégager un plan pour changer la donne. »

Nicolas Ritter, fondateur de PILS et premier Mauricien à avoir déclaré publiquement vivre avec le virus, était présent à la rencontre. Il avait d’ailleurs émis ses vives inquiétudes quant au nombre important de nouveaux cas détectés en 2024, soit 549, selon les chiffres officiels. « Cette situation nous échappe et nous devons redoubler d’efforts pour renverser la tendance », a-t-il dit.

E. Sunassee a de plus expliqué que « les thématiques retenues pour l’actuelle commémoration gravitent autour du thème déjà présent l’an dernier, “Ase”, soit assez de stigmatisation, assez de nouveaux cas, assez de voir nos patients décéder, assez de jugements, de regards négatifs, de préjugés… »

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Cindy Iyempermall, l’activiste qui a le cœur sur la main

Elle est mère de deux enfants et œuvre comme consultante auprès de l’AIDS Unit ainsi que parajuriste de PILS. Cindy Iyempermall est de ces Mauriciennes qui n’ont ni froid aux yeux, ni la langue dans leur poche quand il s’agit de défendre les droits des PVVIH. Plutôt, elle est de celles qui ont le cœur sur la main et qui n’ont de cesse de faire respecter les patients qui, souligne-t-elle avec fermeté, « sont des humains avant tout, et des citoyens à part entière de notre pays ». Ajoutant : « Sa, boukou dimounn bliye, nek met tas lor zot akoz prezize ek zizma. »

PILS a mis en place ces dernières années des équipes de volontaires et salariés qui descendent sur le terrain pour assurer une approche de proximité. Leur particularité ? Il s’agit principalement de personnes issues des groupes vulnérables qui bénéficient de formations continues et qui sont dépêchées auprès des patients discriminés et ayant grand besoin d’encadrement et d’accompagnement. Cindy Iyempermall est de ceux-là.
Toute sa semaine est consacrée à être « auprès des femmes, surtout, et des hommes PVVIH qui se retrouvent à l’hôpital ou dans un poste de police, où, de par leur statut sérologique, leurs droits ne sont pas respectés ». Cindy Iyempermall intervient alors auprès de ces autorités, mettant les points sur les i avec autant de diplomatie qu’elle le peut dans ces moments-là. « J’avoue que, bien souvent, mo sap lor kal ! »
A ce jour, concède la consultante et parajuriste, « bien que nous soyions en 2025, qu’il s’agisse de médecins, d’infirmiers, de policiers, d’avocats ou d’hommes ordinaires n’ayant pas une grande éducation, les préjugés ont la dent dure », dit-elle. « Li pli fasil pou zot maltret enn seropozitif ki ekout li, sey konpran so problem ek ed li. Bien malere boukou Morisien pa oule fer sa zefor la. »

Elle lance un appel pour que « tous les Mauriciens ouvrent leur cœur et fassent l’effort d’aimer ». Les PVVIH, dit-elle, « sont des êtres humains comme nous tous ». Aussi, « avec de l’amour, de la compréhension et de l’écoute, tous ensemble, nous pouvons faire la différence ».

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