La première semaine aux affaires du nouveau CEO d’Air Mauritius, Charles Cartier, a été celle de l’écoute, de l’observation et d’un audit du fonctionnement et des structures en cours au sein de la compagnie aérienne nationale, de l’évolution nécessaire de certaines d’entre elles et de nouvelles nominations sous forme de mutations ou promotions. Dans une note interne adressée aux employés, la compagnie a annoncé cette semaine une série de changements organisationnels visant à renforcer ses opérations et à améliorer l’expérience client. Ces changements comprennent la création d’un comité consultatif des opérations, la nomination d’un Senior Manager ground Service worldwide et des ajustements au sein de l’équipe de direction.
Le nouveau comité consultatif des opérations, formé pour conseiller le CEO sur les questions opérationnelles, est composé de cinq membres expérimentés : Patrick Ter Hofsteed, Roodra Raghoobar, Sameer Baichoo, Ziyaad Parthasee et Jean-Bernard Sadien
Dans le cadre de son engagement continu envers l’amélioration de l’expérience client, Air Mauritius a nommé Anba Manikham au poste de Senior Manager Ground Services Worldwide. Cette nomination vise à renforcer les services au sol dans toutes les escales de la compagnie aérienne. Mais pas que, puisque cette promotion lui enlève certaines prérogatives dont il a usé dans le passé
Par ailleurs, Jean-Hughes Young Lan Sun a pris temporairement depuis le 13 mars les rênes des Cabin Operations and Inflight Services, assumant ainsi un rôle clé dans le maintien des normes élevées de service à la clientèle. Enfin, la compagnie a annoncé la nomination de Roodesh Muttylall au poste de responsable des Finances Corporate, qui entrera en fonction le 22 avril 2024.
Ces changements sont supposés refléter l’engagement d’Air Mauritius envers l’amélioration continue de ses opérations et de son service à la clientèle, tout en renforçant son équipe de direction avec des professionnels de haut vol.
Comme le chat échaudé craint l’eau froide et que certains potentats de la compagnie semblent avoir conservé leur “nuisance value” dans ce premier jet de changement depuis l’arrivée de la nouvelle équipe à la tête d’Air Mauritius, certaines décisions sont ouvertement critiquées et peuvent être résumées ainsi :
1. Réactions mitigées et méfiance : Les changements organisationnels et les nominations, notamment celle d’Amba Manikham, ont suscité des réactions mitigées parmi les employés et les observateurs. Certains manifestent clairement une méfiance envers les décisions prises par la nouvelle direction.
2. Contestation des nominations : La nomination d’Amba Manikham au poste de Senior Manager Ground Services Worldwide a soulevé des préoccupations quant à son autorité et à l’équilibre des responsabilités au sein de la compagnie. Certains la considèrent comme une figure contestée qui a eu une promotion et critiquent le fait qu’il cumulait auparavant plusieurs fonctions managériales clés.
3. Réintégration de Roodesh Muttylall : La réintégration de Roodesh Muttylall après une période d’absence soulève des questions sur la cohérence des processus décisionnels et sur l’équité des opportunités au sein de l’entreprise. Certains remettent en question l’absence d’une politique de méritocratie et le choix de réintégrer certains individus critiqués par le passé.
4. Gestion des ressources humaines : Les commentaires sur la gestion des ressources humaines soulèvent des questions sur la transparence des processus de recrutement et de nomination, ainsi que sur l’équité dans les opportunités offertes aux employés.
Une lettre d’employés anonymes “qui se disent animés de bonnes intentions” en date du 10 mars souhaite la bienvenue à Charles Cartier et le prévient qu’il recevra des lettres semblables à chaque fois que les principes de bonne gouvernance seront bafoués, tout en le rassurant de leur collaboration anonyme car, disent-ils, ils sont dévoués au succès de l’entreprise. Le CEO est surtout convié de faire rapidement un état des lieux du département des ressources humaines “qui pendant ces dernières années a été un outil entre les mains d’Anba Manikham et de Ken Arian avec la complicité bienveillante de Jean Bernard Sadien,… devenu une courroie de transmission de ce tandem toxique”. Une indication, selon eux, “du pourrissement atteint à ce jour dans ce département”.
Ainsi, une feuille de route est proposée au nouveau management avec, entre autres :
commanditer un audit externe et en interne sur toutes les nominations depuis l’administration volontaire.
Faire un constat de la composition des panel members pour les entrevues parce que ce sont les quatre mêmes qui reviennent toujours et sont approuvés la majorité du temps par la même personne
Se renseigner sur les cas de harcèlement dans certains départements clés et le rôle d’un homme de loi dans les affaires internes de la compagnie
Faire un état des lieux des changements intervenus, décisions majeures et innovations qui ont été apportées au HR department depuis novembre 2021
Commanditer une enquête sur les nominations de Fazlee Peerbux, Shailesh Jhowry, Anba Manikham, Nardana Rangan, Yenganaden Nallagoiden, trois nouvelles recrues toujours on probation, et Ryan Ramsamy, et sur le recrutement de Maga Ramasamy et Neeta Nuckched, entre autres…
Enfin, les responsabilités d’Anba Manikham, de Ken Arian, de Jean Bernard Sadien et de Laurent Recoura sont pointées du doigt comme étant liés à la situation chaotique au sein d’Air Mauritius. Au final, un conseil est adressé au CEO de ne pas s’entourer d’une équipe dont les personnes sont responsables de l’état de délabrement de la compagnie et qui vont tout faire pour prendre sa place.