Le projet d’externalisation des opérations au sol d’Air Mauritius, du service stratégique de Load Control, suscite, depuis plusieurs semaines, de l’inquiétude au sein du personnel et de ses représentants syndicaux. Si la direction, par la voix de son président Kishore Beegoo, affirme que rien n’est encore décidé et que les syndicats seront consultés, les employés dénoncent un climat d’incertitude nourri par des échanges informels, un manque de transparence et une pression croissante sur les effectifs car, en dépit des échanges formels du syndicat avec la direction de la compagnie, le manager du département, Pravin Jogoo persiste et signe : à partir du 1er novembre, ce service devrait être “outsource”. Ce qui provoque de vive tension alimentée par des zones d’ombre sur les intentions réelles de l’administration, et une pression accrue sur des effectifs déjà
réduits et une anxiété grandissante au sein du personnel quant à leur avenir ainsi qu’à la sécurité des appareils.
Le Load Control est un service clé dans l’aérien, garantissant que les conditions de poids et d’équilibre des aéronefs respectent strictement les limites réglementaires et les procédures opératoires. Sa fonction est déterminante pour la sécurité des vols, la stabilité de l’appareil et ses performances. C’est pourquoi la formation et la certification des personnels en charge de ce service sont strictement encadrées.
Or, selon les employés, un plan d’externalisation aurait été présenté par le Ground Operations Manager, Pravin Jogoo à certains membres du personnel, sans information officielle ni consultation préalable des syndicats, notamment l’Air Mauritius Staff Association (AMSA). D’où la demande d’explication des syndicats auprès du chairman d’Air Mauritius, Kishore Beegoo évoquant la « frustration », la « confusion » et « l’anxiété » au sein des équipes, qui s’interrogent sur leur avenir professionnel et sur la pérennité de leur unité. Déplorant « l’absence de communication formelle », les syndicats ont sollicité une réunion avec le Managing Committee d’Air Mauritius, afin d’éclaircir la situation et de pouvoir apporter « une réponse claire et rassurante » aux employés.
En réponse suivant une première lettre de l’AMSA, Kishore Beegoo s’est voulu rassurant et a réaffirmé le principe qu’aucune décision ne sera prise sans engagement avec les syndicats, indiquant « Confirm, as per the policy we have adopted since the last 7 months, we shall engage with you before implementing such a project ». Mais cette réponse ne correspond pas aux actions observées sur le terrain. Pravin Jogoo insiste et a d’ailleurs présenté à certains employés un plan d’externalisation avec un calendrier précis, nommément à partir du 1er novembre, ce, sans communication officielle ni consultation préalable.
D’où la démarche du négociateur syndical de la State and Other Employees Federation représentée par Radhakrishna Sadien et de l’AMSA, d’alerter à nouveau le chairman, réclamant des garanties. Dans une réponse datée du 19 septembre, Kishore Beegoo confirme que la direction explore actuellement des devis auprès de divers fournisseurs pour étudier la faisabilité de ce projet, tout en assurant que les syndicats seront consultés « avant toute prise de décision ». Il précise qu’il s’agit d’un « processus prolongé » destiné à permettre à Air Mauritius de « rester compétitive ».
Malgré ces assurances, les employés insistent sur la précarité des conditions de travail actuelles. Le service de Ground Handling fonctionne aujourd’hui avec 8 agents au lieu des 14 nécessaires, ce qui, selon eux, alourdit la charge de travail et nuit à la qualité des opérations. Qui plus est, face à la pression de travail, la direction refusant d’employer de nouvelles personnes, préférant sans doute le outsourcing, la pression de travail devient insoutenable pour les employés, au risque de commettre des erreurs. Tant et si bien que la direction, selon nos informations, a décidé d’adopter une ligne radicale, soit un sévère warning à la moindre erreur, quelle qu’elle soit, avec pour conséquence, entre autres, la suppression des billets d’avions auxquels ont droit les employés. Les syndicats mettent en garde contre une politique de réduction des coûts, qualifiée de « fausse économie », qui pourrait compromettre la sécurité opérationnelle, tout en fragilisant le personnel. Une source rapporte qu’un employé serait, récemment, décédé dû « à la pression accrue au travail ».
Les syndicats soulignent, enfin, que le service de Load Control représente
une voie de promotion importante pour de nombreux employés et insistent sur
la nécessité d’une concertation transparente, afin d’éviter des conséquences sociales lourdes.
Dans un contexte où la sécurité aérienne repose aussi sur la rigueur et la stabilité des opérations au sol, cette polémique révèle les difficultés rencontrées par Air Mauritius pour concilier compétitivité, management des ressources humaines et exigences réglementaires.

