Ancien cadre de la compagnie — Raj Ramlagun :« Il était intenable pour Beegoo de rester aux commandes de MK ! »

·             Un départ "accueilli avec beaucoup de soulagement par les différents stakeholders" ·             "Dès le début, Beegoo a aliéné et antagonisé les employés, et même les retraités par un langage et un style rugueux et arrogant" ·             Le premier message a été donné quand, au lieu de trouver un terrain d’entente pour réintégrer avec dignité Yogita Baboo, victime de l’ancien régime et l’axe Ken Arian et Anba Manikham, il l’a diminuée dans sa première conférence de presse

Ancien cadre de la compagnie, observateur attentif – et critique – de l’évolution de la situation chez Air Mauritius, Raj Ramlagun partage son analyse des raisons qui ont poussé Kishore Beegoo à soumettre sa démission.

« Le départ de Beegoo est selon moi accueilli avec beaucoup de soulagement par les différents stakeholders, sauf ceux qui ont sûrement des affinités subjectives avec lui et le tandem qu’il contrôlait : employés, management, partenaires du monde de l’aviation, politiciens, syndicats, syndicalistes, partenaires et même dans les médias, etc. Dès le début, Beegoo a aliéné et antagonisé les employés, et même les retraités par un langage et un style rugueux et arrogant. Comme si, de par sa position et sa connexion avec le PM, il était le seul maître dans le cockpit et tous devaient se plier à son autorité et sa lecture des choses et des faits. Il passera beaucoup de son temps à culpabiliser ou rendre responsables les employés pour tout le mal de MK. Il va ainsi agir en homme d’action qui veut tout remettre à plat selon son style et son agenda.

- Publicité -
Choisissant autour de lui que ceux qui adhèrent à sa méthode, confondant discipline et autoritarisme

Choisissant autour de lui que ceux qui adhèrent à sa méthode, confondant discipline et autoritarisme. Le premier message a été donné quand, au lieu de trouver un terrain d’entente pour réintégrer avec dignité Yogita Baboo, victime de l’ancien régime et l’axe Ken Arian et Anba Manikham, il l’a diminuée dans sa première conférence de presse. Le ton était donné. Avec l’autre nominé politique et proche du PM, ils vont instituer un Managing Committee pour tout contrôler et centraliser. Beegoo voulait incarner le one-man-show sur toutes les lignes. À l’intérieur de MK, dans les médias et en dehors avec les partenaires du monde de l’aviation. Le Managing Committee n’était qu’un paravent pour imposer un style et un agenda qui ne sied pas à une compagnie où l’État est l’actionnaire majoritaire et où diverses sensibilités doivent être constamment gérées tout en restant efficients pour l’intérêt supérieur de la compagnie, ses employés et autres stakeholders.

« Il a délibérément retardé la nomination un CEO chez MK pour garder le contrôle sur tout »

Alors que le nouveau gouvernement Vré Sanzman nous gavait de slogans sur la Bonne Gouvernance, Beegoo incarnait exactement le contraire ! Dès le départ de Charles Cartier, l’essence de la bonne gouvernance a été jetée à la poubelle alors que c’est le Chairman qui jouait pleinement le rôle de PDG, avec un autre membre du Board (Dass Thomas) qui en fait autant en quittant sa fonction de CEO d’AHL et membre du Board de MK pour être le chef suprême virtuel de HR chez MK ! En plus il y avait ce conflit patent de Beegoo propriétaire de Cargotech (un client et compétiteur de MK) et aussi membre/ Chairman et virtuel PDG de MK ! On aura beau rationaliser, avoir déclaré ses intérêts, bla-bla-bla, c’est une entorse à l’esprit de la bonne gouvernance. Il a délibérément retardé la nomination d’un CEO chez MK pour garder le contrôle sur tout. Même avec les meilleures intentions, cela ne marche pas dans une industrie aussi complexe avec diverses unités très spécialisées. Encore plus avec la culture de clan et d’instabilité qui prévaut chez MK depuis des lustres.

- Publicité -
«Lui-même n’inspire pas la crédibilité et l’intégrité dans le leadership exemplaire, vu son parcours »

Oui, même si Beegoo avait les meilleures intentions du monde, il oublie que c’est la personne et ses valeurs qui font l’institution. Lui, c’est plus ‘moi, moi, moi’, et un ego, manifestement surdimensionné, qui ne cherche pas à rassembler tout le monde autour d’un projet commun pour changer la culture de travail et de gouvernance de MK. Il était dans la confrontation, l’accusation, et le dénigrement de l’autre au lieu d’être rassembleur pour promouvoir l’esprit d’équipe, la confiance, le sens d’appartenance et les valeurs de base d’une industrie tournée vers un service haut de gamme et très compétitif. Prisonnier de son ego et de sa vision des choses, à la Elon Musk, il joue à Mr Perfect pour faire la leçon à tout le monde, surtout en ce qu’il s’agit de la discipline. Pour lui, il faut discipliner en sanctionnant. Pas en favorisant le dialogue, la compréhension, le contexte et exercer le sens de discernement ! One-size fits-alldans la lecture de tout ce qui va mal. Il fallait, ainsi, prendre des mesures drastiques d’un seul trait pour couper les privilèges ou autres outils de motivation dans l’industrie sans analyser les faits et distinguer le bon grain de l’ivraie. C’est sa version pour ramener la discipline chez MK. Certes, il y a lieu de faire prévaloir la discipline, mais pas avec un style synonyme d’autocratie, alors que lui-même n’inspire pas la crédibilité et l’intégrité dans le leadership exemplaire, vu son parcours.
Pour ces multiples raisons, plus particulièrement la confrontation ouverte et directe avec le Vice-Premier Ministre et le récent revers devant le National Human Rights Commission pour abus d’autorité, avec la mesure anticonstitutionnelle de couper les privilèges de tous les bénéficiaires de facilités de voyage qui intentent une action contre MK, il était devenu intenable pour Kishore Beegoo de rester aux commandes de MK. Encore plus avec l’arrivée de Viljoen et Megh Pillay.
Ce qu’il faut savoir maintenant, c’est what next post Beegoo ! »

 

- Advertisement -

 

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques