C’est une mère de victime, au bord du désespoir, qui s’est confiée à Week-End, il y a quelques jours. Son fils, âgé aujourd’hui de 16 ans, fait partie des mineurs ayant accusé l’orthophoniste Ibrahim Abdool Jeelani Sorefan d’abus sexuels lorsqu’il exerçait à l’École des Sourds, en 2022. Cette affaire – en raison de la gravité des faits reprochés au présumé agresseur – avait provoqué un vif émoi dans le pays. L’homme, qui fait face à un procès devant la Children’s Court, doit répondre de 13 chefs d’accusation. Il y a quelque temps, la santé mentale de l’adolescent s’est dégradée.
Si, lorsque cette affaire a éclaté, le jeune garçon a pu continuer sa scolarité, sa mère indique que son comportement a depuis changé au point qu’une prise en charge psychiatrique a été nécessaire. Elle concède qu’elle a été contrainte de le déscolariser car l’adolescent, selon elle, était devenu violent et représentait un danger pour ses camarades de classe. La santé du garçon s’est détériorée graduellement. “Il a fini par faire une crise d’épilepsie”, dit-elle. Malgré l’assistance dont bénéficie la présumée victime – apportée par l’ONG Pedostop – à chaque fois qu’elle doit être présente lorsque son présumé agresseur comparaît en Cour, son traumatisme reprend le dessus après ces audiences. “Il ne dort pas, il donne des coups dans le mur : c’est sa façon d’extérioriser sa colère. Il est pris d’angoisse, il devient incontrôlable. Il m’arrive de le tenir dans mes bras pendant deux heures pour qu’il se calme et ne commette pas une bêtise. J’ai dû cacher tous les couteaux de la cuisine”, confie la maman de l’adolescent. “Je suis à bout !”, lâche-t-elle.
Grâce au soutien de volontaires, elle a pu faire diagnostiquer son fils dans une clinique privée. Mais faute de moyens pour poursuivre les soins en privé, elle s’est tournée vers l’hôpital Brown-Sequard où il a été pris en charge. “Le diagnostic posé par cette clinique m’a permis de comprendre son état et le traumatisme qui le perturbe. À l’hôpital, il est suivi par une psychologue exceptionnelle, très patiente et compréhensive. Il est sous traitement médicamenteux : sans cela, il ne va pas bien. Mon fils vit très mal ce qu’il a subi, et les conséquences impactent profondément sa vie. Il ne peut plus aller à l’école, mais a besoin de se retrouver dans un environnement où il pourrait exprimer sa créativité. Il adore peindre, dessiner et bricoler. Il ne pourra pas rester tout le temps à la maison. Je fais de mon mieux pour qu’il s’occupe. Je l’emmène sur un terrain de foot pour qu’il tape dans une balle que je lui ai achetée, tout en étant consciente que cela ne suffit pas”, dit la mère de l’adolescent. Qui confie en pleurs : “Je voudrais que mon file s’épanouisse. Mon enfant en a le droit. Je ne sais plus quoi faire ! J’ai besoin d’aide. Si seulement une main tendue pouvait l’aider à s’inscrire dans une activité qui l’occuperait…” En janvier prochain, l’adolescent se rendra à la Children’s Court où devra comparraître l’ancien orthoponiste de l’École des Sourds. “L’affaire devait passer ce mois-ci, mais elle a été renvoyée. Mon enfant était stressé. La tension qu’il éprouvait est retombée, mais tout recommencera en janvier…”, soupire-t-elle.

