APRÈS UNE RUDE CAMPAGNE D’HIVER:Des pêcheurs mauriciens restent à quai

Les 20 pêcheurs mauriciens ayant fait la campagne de pêche du Glory Nº1 en hiver n’ont pas été engagés pour la campagne d’été sur ce bateau. Ils reprochent à la compagnie d’avoir privilégié la main-d’oeuvre malgache à meilleur marché. Les pêcheurs reprochent aussi aux autorités de permettre aux étrangers d’exploiter les eaux mauriciennes alors que les pêcheurs locaux se retrouvent sans emploi. Du côté de la compagnie assurant la gestion du Glory N°1, on laisse entendre que ce bateau de pêche bat pavillon malgache et qu’à ce titre, 80 % de la main-d’oeuvre doit venir de la Grande île.
« Mo leker fer mal kan mo mazinn tou sakrifis ki nou inn fer pandan liver lor sa bato la. Aster la kan bon sezon vini, zot pran Malgache zot kit nou lamem. » Les larmes aux yeux, François (prénom fictif), entouré de ses collègues, raconte leur douleur. Mercredi dernier, le Glory N°1 a quitté le port pour une nouvelle campagne de pêche à St Brandon. Mais François et ses amis sont restés à quai. « Mo tifi pe fer HSC, mo ti kontan li vinn zournalis… me kouma mo pou avoy li lekol si mo pena travay ? » poursuit le pêcheur.
Le Glory Nº1, bateau de pêche battant pavillon malgache, mène ses campagnes dans les eaux mauriciennes depuis trois ans. « Comment le ministère de la Pêche peut-il autoriser ce bateau, dont le propriétaire est un Mauricien, à battre pavillon malgache ? Et si ce bateau est vraiment étranger, pourquoi vient-il débarquer sa marchandise à Maurice ? » se demande Judex Ramphul, président du syndicat des pêcheurs.
Ce dernier déplore particulièrement le fait que depuis quelque temps, ce sont les étrangers qui exploitent notre mer, alors que les pêcheurs mauriciens sont sans emploi. Pour dénoncer cet état de choses, une manifestation est prévue mercredi, devant les locaux du ministère de la Pêche.
Selon François, ses camarades et lui-même ont passé 57 jours en mer pour la campagne d’hiver du Glory N°1. « Nous avons travaillé dans des conditions extrêmement difficiles. Un de nos collègues est même décédé une semaine après notre retour à Maurice. » Il ajoute qu’au cours de cette campagne 154 tonnes de poissons ont été pêchés.
Judex Ramphul intervient pour dénoncer les conditions d’emploi des pêcheurs de banc. « Ces pêcheurs sont payés à Rs 7 le kilo de poisson, qui sera par la suite vendu à Rs 70 sur le marché. »
La présente campagne de pêche, ajoutent les pêcheurs, est la meilleure de l’année. « Cela nous aurait permis d’avoir un peu d’argent en plus, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année. Mais voilà, nous nous retrouvons au chômage. »
Du côté de Pioneer Fishing, Christian Walter Wang déclare que les pêcheurs en question avaient un contrat de 60 jours. « Ils ont complété leur contrat et ont été payés en bonne et due forme. » Il précise que sa compagnie ne fait qu’assurer le gestion du bateau battant pavillon malgache. « L’armateur a décidé d’engager la main-d’oeuvre malgache pour la présente campagne car certains pêcheurs n’ont pas eu de bonnes performances lors de la dernière campagne. »
M. Wang ajoute que 21 autres Mauriciens ont été engagés pour la présente campagne. « C’est chacun son tour. » Quant à savoir si ce bateau battant pavillon malgache a le droit de débarquer sa marchandise à Maurice, le directeur de Pioneer Fishing déclare que le Glory N°1 pêche sous licence des autorités mauriciennes. « L’armateur a payé les droits à l’État mauricien. »
Mais les pêcheurs ne comptent pas rester les bras croisés. Ils affirment qu’ils feront tout pour empêcher le Glory N°1 de débarquer sa marchandise à Maurice à son retour. « Si ce bateau bat pavillon malgache, qu’il aille débarquer ses poissons à Madagascar », lâche Judex Ramphul.

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