La langue française joue un rôle crucial dans la société, a souligné le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. « La langue française, c’est Edith Piaf, mais aussi Aya Nakswamura. Elle contribue à une société dynamique et multiculturelle », dit-il, soulignant qu’ « avec ce projet de loi, nous apportons une nouvelle pierre à l’édifice culturel du pays. »
En réponse aux critiques du député de l’opposition Fabrice David, qui intervenait précédemment, le ministre des Finances a lancé : « Le Premier ministre préfère travailler que voyager. Le monde francophone reconnaît en notre Premier ministre un Premier ministre qui travaille. » Il a ensuite fourni quelques chiffres, soulignant que 47,4% de ceux dont la langue quotidienne est le français sont domiciliés en Afrique.
Par ailleurs, le français est la quatrième langue la plus utilisée sur le Web, montrant que le français est une langue plébiscitée. Il ajouté que la langue française progresse à Maurice, que ce soit dans les écoles, les universités et dans les médias. Et que « 73% des Mauriciens maîtrisent la langue française ».
Renganaden Padayachy a expliqué que la France est un partenaire de premier plan et continuera de jouer un rôle clé dans le développement de Maurice. « La France est un marché clé pour le tourisme, l’agriculture, les Tic et les services financiers. Les liens entre nos deux pays font que de nombreuses entreprises françaises ont choisi Maurice comme plateforme de développement. Et cette stratégie économique autour de la francophonie porte ses fruits. Le PIB et l’investissement sont en hausse. Les IDE ont atteint un niveau record à Rs 35 milliards en 2023 et la France est en pole position », fait-il comprendre.
Renganaden Padayachy a conclu en disant que la langue française « fait partie de nous » et que, par ce projet de loi, le gouvernement prouve son attachement à son épanouissement.
La VPM et ministre de l’Éducation Leela Dookun-Luchoomun : « Cette belle langue est un pilier de la culture »
La vice-Première ministre et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a expliqué d’emblée que la langue française est très prisée et utilisée à Maurice et s’est dit heureuse que la French Speaking Union ait trouvé sa place. « Le français moderne est aujourd’hui une langue ayant une place prépondérante à l’échelle mondiale. Langue officielle de 29 pays, le français est largement utilisé dans l’enseignement et ne se cantonne pas uniquement au domaine littéraire. Cette belle langue reste un pilier de la culture et un vecteur du développement global » a-t-elle dit. Elle a fait part de toutes les initiatives prises par le ministère de l’Education pour favoriser le développement du français.
Elle a fait ressortir que la langue française a toujours été présente dans la vie quotidienne des Mauriciens. La langue est enseignée et sert aussi de médium d’enseignement. Elle a salué les efforts de l’Alliance française et de l’Institut français de Maurice. La ministre a fait comprendre qu’elle est fière d’avoir été membre d’un gouvernement « qui a commencé à mettre sur pied des centres culturels et des “speaking unions”, car il faut encourager la diversité, même si on a parlé de balkanisation dans le passé. » Elle a déclaré que le français des îles Mascareignes, de Maurice, « est spécifique et différent de celui de l’Académie française ».
Franco Quirin (MMM) : « Il faut une synergie efficace »
Franco Quirin du MMM est d’avis que la French Speaking Union peut rechercher le soutien du Centre culturel d’expression française qui, depuis 65 ans, milite pour le développement et la promotion de la langue française à Maurice. Il est important, a-t-il dit, que la French Speaking Union ne soit pas perçue comme un concurrent des autres institutions qui militent pour la promotion de la langue française à Maurice. Comme toutes les langues, le rayonnement de la langue française « passe par une synergie efficace entre différentes instances et organisations dont l’objectif reste la promotion de la langue en question », a-t-il dit.
« Il ne suffit pas de voter une loi pour se donner bonne conscience, se frotter les mains et se dire que la boucle est bouclée. Oui, Monsieur le président, on peut voter une loi pour la promotion d’une langue et dans les faits agir autrement. C’est un peu le sort qui est réservé actuellement à notre langue maternelle, notre créole mauricien », a fait remarquer le député du MMM.
Franco Quirin a terminé son intervention en disant que la langue française s’attache à la défense des valeurs communes comme la diversité culturelle, linguistique ainsi que les droits de l’homme. « Je ne vois malheureusement rien dans ce projet de loi de l’importance de protéger la démocratie et d’éduquer surtout les jeunes sur ces questions », a-t-il dit.
Le PPS Francisco François :« Une volonté pour promouvoir la langue française »
Pour le Parliamentary Private Secretary (PPS), Francisco François, ce projet de loi démontre une volonté de la part du gouvernement de promouvoir la langue française.
« Ce projet de loi est important pour la diplomatie éducative, économique et culturelle. C’est pourquoi l’apprentissage de la langue française doit être encouragé au sein de la République mauricienne », déclare-t-il. Avec une utilisation accrue des réseaux sociaux, il a dit constater que « les écritures numériques contribuent à massacrer la langue française ».
Nando Bodha (Linion Moris) : « Quel sera le rôle de la French Speaking Union ? »
Nando Bodha de Linion Moris a souligné qu’il y a certes beaucoup de Speaking Unions à Maurice et il souhaite savoir comment dans le cas de la French Speaking Union, « nous pouvons créer la meilleure synergie avec tous les autres acteurs et toutes les autres plateformes où la vitalité et le dynamisme de la langue française sont réels ». Il s’est demandé quel sera le rôle de la French Speaking Union. « Est-ce que ce sera tout simplement une organisation symbolique ? »
Il a dit souhaiter que cette instance prône un retour à la lecture et fasse de sorte que les enfants puissent aimer et maîtriser la langue française. Il s’interroge aussi pour savoir si la French Speaking Union serait en mesure d’organiser des grands salons pour réconcilier « la nouvelle génération avec les livres au-delà du smartphone ». C’est pourquoi cette instance aura énormément de défis à relever, a-t-il dit.
Au fait, « tout dépendra de la personne qui présidera la French Speaking Union ou encore celui qui dirigera cette instance », affirme Nando Bodha.
Stephan Toussaint, ministre de la Jeunesse : « Ne pas se moquer de ceux qui prononcent mal »
Le ministre des Sports, Stephan Toussaint, a commencé par expliquer que la langue française demeure pour lui une langue étrangère. « Ce n’est pas ma langue maternelle. » Donc, il estime : « Il est inopportun pour quiconque de se moquer de ceux qui prononcent mal certains mots ou expressions français. Ce qui l’ont fait ce matin se rendront compte de ce que je suis en train de dire. »
Pour sa génération, a-t-il, il n’y avait pas de structure correcte pour l’éducation préprimaire et ce n’est qu’à son entrée à l’école primaire qu’il découvre cette langue dont il fera son métier en devenant enseignant de lange française au collège. Le ministre a parlé de l’apprentissage des voyelles à l’école et des livres Rémi et Marie et de Mots et Merveilles.
Stephan Toussaint a expliqué qu’au fil des ans, il a accentué sa passion pour la langue française, d’autant que son père avait toujours un roman ou un journal en main. Il a évoqué sa découverte de la chanson française et son acteur préféré, Louis de Funès. Il a longuement parlé de la culture française, notamment des jeux télévisés et du cinéma. Il a expliqué avoir foulé les planches pour la première fois en 2001, avec le collège Notre-Dame où il était enseignant, grâce à la pièce Les limites de l’Aube. Il a ensuite évoqué l’importance des Jeux de la Francophonie « où c’est formidable d’écouter les différents accents français. » Il a rappelé que la Charte des Jeux des îles est entièrement en français et que le français est la langue principale des jeux. Enfin Stephan Toussaint a insisté sur l’importance de la lecture.
Fabrice David, Parti Travailliste : « Le PM n’a jamais participé à un Sommet de la francophonie »
Fabrice David du parti Travailliste a expliqué que ce projet de loi est présenté 30 ans après la création de l’English Speaking Union.
« On s’étonne de ce long délai. Pourtant la langue française est omniprésente dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le français est considéré comme la deuxième langue institutionnelle de notre pays, car elle est citée dans notre Constitution. Ce bilinguisme institutionnel nous vient de la colonisation, notre île était connue comme l’île de France, donc l’île du français » , déclare-t-il.
Fabrice David a expliqué que plus de 320 millions de personnes sur la planète sont francophones et souligné que l’Alliance française de Maurice « est la plus ancienne au monde, après celle de Paris, située à Bell Village et qui faisait récemment partie de ma circonscription. » Il a rendu hommage aux écrivains de talent à Maurice, dont les œuvres sont publiées à l’étranger « alors que pas un seul texte de ces auteurs n’est étudié dans le cursus mauricien. »
Le député a poursuivi en disant que toute langue est appelée à évoluer et s’adapter. D’ailleurs la langue française a déjà changé depuis Molière : « Beaucoup de mots de cette époque ne sont plus d’actualité et d’ailleurs des propositions ont été faites pour traduire Molière dans du français contemporain. » Ciblant Pravind Jugnauth, le député a relevé que, contrairement à ses prédécesseurs, c’est la première fois qu’un Premier ministre mauricien n’a jamais participé à un Sommet de la francophonie. « Il s’est toujours fait remplacer par un ministre », comme cela a été le cas en octobre 2018, avec Vishnu Lutchmeenaraidoo qui a représenté Maurice, puis Steven Obeegadoo. « Quel message véhicule son absence à la communauté internationale francophone ? Mais je vous rassure, ce sera Navin Ramgoolam qui représentera Maurice au prochain sommet de la Francophonie. »
Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-Industrie : « Il y a unanimité autour de ce projet de loi »
Le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, est d’avis que ce projet de loi fait l’unanimité au Parlement. Il a tenu à saluer l’initiative du ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, de présenter un tel projet de loi qui vise surtout à promouvoir davantage la langue française. Ce gouvernement, a-t-il dit, s’est engagé « dans la préservation des langues vivantes ». Ce projet de loi vise aussi à encourager la publication des œuvres littéraires. « La langue française a toujours eu une place prépondérante dans le système éducatif », a souligné le ministre.
Il a fait remarquer que même si l’anglais est devenu la langue officielle du pays, « la langue française est restée très présente à Maurice ». Elle a toujours eu une place prépondérante dans le pays, que ce soit dans la presse ou au Parlement. « La promotion de la langue française n’a jamais été interrompue dans le pays », a dit le ministre. Depuis plus de 300 ans, la langue française « est restée au coeur de notre spécificité, de notre nation et elle est restée un des véhicules de notre vivre-ensemble », a dit le ministre. La beauté de la langue française « réside dans le fait qu’elle possède les qualités d’une précision qui fait qu’elle est reconnue comme la langue mondiale de la diplomatie », a-t-il ajouté.
Avinash Teeluck : « Le Mauricien doit maîtriser plusieurs langues »
Résumant les débats sur le French Speaking Union Bill, le ministre de la Culture, Avinash Teeluck, a expliqué que le français fait partie intégrante de notre histoire. « Nous sommes le produit d’un brassage culturel et cela a contribué à créer le Mauricien d’aujourd’hui. La langue française a une grande part de responsabilité dans la construction de notre pays », a dit le ministre.
Avinash Teeluck estime qu’il faut favoriser l’enseignement du français, prendre des initiatives pour soutenir la culture et l’éducation. La richesse des langues parlées et écrites à Maurice est remarquable, a-t-il affirmé, tout en soutenant que le Mauricien doit maîtriser plusieurs langues. « Et ce gouvernement fera tout pour que la langue française perdure dans notre pays. Parfois, ce n’est pas facile de saisir l’importance d’une langue. »
Les langues représentent, selon lui, une extraordinaire richesse de créativité, elles sont aussi un moyen d’expression, un moyen de renforcer la culture démocratique. « Qui plus est, le français est couramment utilisé pour l’apprentissage d’autres langues comme les langues latines et l’italien, entre autres. » Le ministre a parlé de la tenue de la Journée internationale du Livre et soutenu que ce projet de loi s’aligne sur une pléiade d’autres initiatives dans plusieurs secteurs et une philosophie de développement humain.
« Le gouvernement est venu combler des lacunes là où il le fallait. Nous avons œuvré à faire de ce pays un lieu où il fait bon vivre. Nous continuons à travailler pour apporter le sourire aux Mauriciens. » Le ministre de la Culture devait ajouter que « le gouvernement répond à chaque fois présent ».
À cet égard, il a cité l’introduction du salaire minimum, en répétant plusieurs fois « ça fait mal » à l’adresse de l’opposition. Et de conclure : « Le français est plus que vivant à Maurice et la France est toujours restée fidèle à Maurice. C’est un allié de poids sur lequel toute la nation mauricienne peut compter. Le Mauricien vit dans l’interculturalité et le français occupe une place de choix dans cette interculturalité. »