Au centre culturel chinois de Bell village, la chine commémore 80 ans de victoire

Au Centre Culturel Chinois de Belle Village, un devoir de mémoire s’est matérialisé cette semaine à travers une exposition photographique marquante et une sélection de films rares. Le tout dans le cadre d’une semaine de commémoration dédiée aux 80 ans de la victoire de la Guerre de Résistance du Peuple Chinois contre l’agression japonaise et de la Seconde Guerre mondiale antifasciste.
Le lancement officiel s’est tenu mercredi  dernier, en présence du Vice-Président de la République, Robert Hungley, de la Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, de l’ambassadrice de Chine, Huang Shifang, ainsi que de nombreux diplomates et invités. À travers des dizaines de clichés d’archives, souvent inédits à Maurice, l’exposition retrace les quatorze années de lutte du peuple chinois contre l’agression japonaise, de 1931 à 1945. Les images exposées plongent les visiteurs dans les réalités d’un front de guerre souvent méconnu du grand public mauricien, mais qui fut déterminant dans l’issue du conflit mondial.
Une exposition saisissante sur une guerre souvent oubliée
Des scènes de destruction aux portraits de résistants anonymes, en passant par des documents d’époque et des cartes stratégiques, le parcours visuel met en lumière la dimension humaine, militaire et historique de la résistance chinoise, mais aussi les sacrifices immenses consentis pour la libération du territoire. L’exposition rappelle notamment que plus de 35 millions de Chinois – militaires et civils – ont perdu la vie durant cette période, et que plus des deux tiers des forces japonaises ont été mobilisées sur le front chinois, ce qui a contribué à soulager la pression sur les fronts européen et pacifique.
Cinéma historique
Le volet cinématographique de la semaine a été inauguré par la projection du film The Sinking of the Lisbon Maru, une œuvre poignante inspirée d’un fait réel survenu en 1942. Le film retrace le destin tragique d’un navire japonais transportant plus de 1 800 prisonniers de guerre britanniques, torpillé au large des côtes chinoises. Dans un acte de bravoure peu connu, des pêcheurs chinois ont risqué leur vie pour sauver 384 survivants sous les tirs ennemis.
Le film, empreint d’humanité et de tension, a ouvert une programmation spéciale de trois jours au Centre Culturel Chinois, avec la projection de deux autres œuvres : The Message, un thriller de guerre centré sur la résistance intérieure, et The Composer, inspiré de la vie du musicien chinois Xian Xinghai, réfugié en Union soviétique pendant la guerre. Ensemble, ces films composent un triptyque mémoriel qui allie reconstitution historique et hommage aux héros oubliés.
Un discours tourné vers la mémoire et la paix
Prenant la parole lors de la cérémonie d’ouverture, l’ambassadrice de Chine, Huang Shifang, a replacé l’événement dans son contexte historique et géopolitique. Elle a rappelé que la Chine fut le principal théâtre oriental de la Seconde Guerre mondiale, soulignant que plus de 1,5 million de soldats japonais y ont été neutralisés, soit plus de 70 % des pertes militaires japonaises dans le monde. « L’histoire écrite dans le sang ne doit pas être oubliée. Se souvenir, c’est honorer les sacrifices, défendre la paix et construire un avenir meilleur », a-t-elle déclaré. Citant le président Xi Jinping, elle a insisté sur le fait que « l’humanité est à un carrefour : unité ou division, coopération ou confrontation », appelant à renforcer le dialogue multilatéral dans un monde en mutation.
L’ambassadrice a également évoqué les initiatives chinoises pour une gouvernance mondiale inclusive, telles que l’Initiative pour la Gouvernance Globale, qui promeut la souveraineté, le multilatéralisme et un ordre international fondé sur le droit.
Un devoir de mémoire partagé
Si Maurice ne fut pas un champ de bataille durant la guerre, l’île a joué un rôle stratégique dans l’océan Indien, et son peuple, a rappelé l’ambassadrice, a fait preuve de résilience et de solidarité face aux turbulences de l’époque. À travers cette semaine d’exposition et de projections, la Chine invite à revisiter l’histoire non pour entretenir le ressentiment, mais pour nourrir une culture de paix. Une démarche qui résonne particulièrement dans un monde où les leçons du passé restent plus que jamais d’actualité.

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