Le Premier ministre Navin Ramgoolam a annoncé que le drapeau mauricien flottera sur les îles Chagos avant la fin de l’année. Cette déclaration a été faite lors d’une conférence de presse officielle au lendemain de la signature virtuelle du traité bilatéral avec le Premier ministre britannique, Sir Keir Starmer.
Accompagné de Paul Bérenger, Deputy Prime Minister, et de l’Attorney General Gavin Glover, le chef du gouvernement a retracé l’historique du combat pour la souveraineté. Il a rappelé la conférence constitutionnelle de Lancaster House en 1965 et l’ultimatum de l’ancien Premier ministre britannique, Harold Wilson, adressé à sir Seewoosagur Ramgoolam : « Soit il acceptait le détachement des Chagos, soit il rentrait à Maurice sans l’Indépendance ». Face à cette pression, SSR avait établi quatre conditions sur une feuille à l’en-tête du Strand Palace : que les Chagos soient retournés à Maurice une fois leur usage pour la sécurité terminé, que le droit de pêche ainsi que les droits d’exploitation des produits souterrains reviennent à Maurice, que le droit de navigation soit facilité, et que le droit d’atterrissage en cas d’urgence soit accepté. Londres avait alors accepté ces conditions qui, selon le PM, furent déterminantes dans le combat pour la souveraineté mauricienne sur les Chagos.
Selon Navin Ramgoolam, ces engagements qui ont fondé la base juridique de la contestation mauricienne, dont la décision du tribunal maritime en 2015 et l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice en 2019 ont été des jalons majeurs. Le qui a remercié « toutes les femmes et les leaders des Chagossiens, le MMM et Paul Bérenger, ainsi qu’Olivier Bancoult pour la lutte menée pendant toutes ces années », a tenu à saluer sir Anerood Jugnauth pour avoir poursuivi la stratégie.
Le nouveau traité, selon lui, reconnaît « sans aucune ambiguïté » la souveraineté mauricienne sur l’ensemble de l’archipel. Ramgoolam rapelle que lui et Paul Bérenger ont rejeté l’accord signé par le précédent gouvernement, qu’il qualifie de « sell-out », car il prévoyait un bail de 99 ans sur Diego Garcia. « La souveraineté passe avant l’argent », a-t-il martelé.
Le texte prévoit un cadre de coopération stratégique entre Londres et Port-Louis, ainsi qu’une zone marine protégée mauricienne. Une commission conjointe, avec les États-Unis comme observateur, veillera à la sécurité de la base militaire américaine.
Le volet financier comprend une aide annuelle de 165 millions de livres sur trois ans, puis 120 millions sur dix ans, indexée par la suite. Un fonds de 40 millions sera dédié aux Chagossiens, qui en assureront la gestion. En parallèle, un soutien annuel de 45 millions de livres est prévu pour le développement économique de Maurice.
Paul Bérenger, visiblement ému, a évoqué un moment « historique » et salué l’appui de l’Union africaine, de la SADC, de l’Inde et de la Chine. Une visite officielle aux Chagos est en préparation a-t-il confié. Le traité doit maintenant être ratifié par le Parlement britannique, où le gouvernement détient une majorité suffisante.