Bâtiment centenaire d’IBL au Caudan – Bloomage : « Aucun projet de développement envisagé… à ce stade »

— Des travaux de réparation, de remplacement de la toiture et de dévégétalisation sont en revanche en cours

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Les habitués du Caudan Waterfront et ses alentours ont sûrement constaté que des travaux battent leur plein au sein du bâtiment centenaire en pierre taillée sis en face de la station ferroviaire, où des ouvriers s’attellent à enlever la toiture en tôle délabrée recouvrant ce joyau architectural qui abritait jadis le dépôt et certains bureaux des Mauritius Government Railways. Il a ensuite été utilisé par la compagnie IBL et faisait office d’aire de stationnement jusqu’en 2023. Ce déboulement alimentait les rumeurs de l’amorce des travaux de conversion dudit site en un lieu commercial ultra moderne, à la lumière de la maquette dévoilée par Architect Studio en 2023.

Bloomage, fonds d’investissement immobilier du groupe IBL, nous a répondu par la négative : « À ce stade, aucun projet de développement n’est envisagé. Le site ne sera pas non plus utilisé comme aire de stationnement. L’édifice fait l’objet de travaux de réparation et de remplacement de sa toiture, jugée dangereuse. Des travaux de dévégétalisation sont en cours pour éliminer toute végétation susceptible de porter atteinte à l’intégrité de la structure. »

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Sauver quelques vieux bâtiments

Il y a 30 ans, les Mauriciens découvraient avec émerveillement que l’on pouvait transformer de vieux quais à l’abandon en un centre d’animation diurne et nocturne dans une capitale qui devenait ville déserte tous les après-midis à partir de 17h30. Le Caudan Waterfront était alors à un stade avancé de construction. Au lieu de faire du tout neuf, ce qui était la tendance de l’époque, les architectes Maurice Giraud et ZAC Associates décidèrent de sauver quelques vieux bâtiments et de les intégrer dans les plans du nouveau complexe. Un projet couronné de succès, vu que les édifices en question n’avaient nullement perdu leur cachet historique. Du coup, lorsque le cabinet Architect Studio a dévoilé en 2023 des images vantant la conversion du bâtiment centenaire géré par IBL et Bloomage en un pôle d’activité commerciale moderne, bâti autour du Caudan Waterfront, du Victoria Urban Terminal et de la station de métro, il était alors clair qu’un tel projet participerait à populariser davantage la capitale avec sa vie festive autour de la marina, ses boutiques et ses restaurants, etc.

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Le design du futur bâtiment moderne avait d’ailleurs propulsé Architect Studio en tant que finaliste du World Architecture Festival under the Future Projects — Commercial Mixed-Use category. Sur sa page Facebook, le cabinet faisait valoir que « the innovative concept of « Dockside » has been meticulously crafted in alignment with the vision of our client Bloomage. Further amplifying its distinctiveness, the project has also been nominated for the Future Glass Prize due to its innovative double skin façade. » Les images de la maquette révélaient une grande métamorphose de l’édifice d’IBL.

Pas du goût de SOS Patrimoine

Bien qu’alléchante, cette transformation n’était pas du goût de SOS Patrimoine en péril. Dans une missive adressée à la National Heritage Fund (NHF), à l’époque, le président de cette ONG, Arrmaan Shamachurn, fait ressortir que « we apprehend that as its counterpart the Victoria Urban Terminal with respect to Casernes Descaen, the ancient IBL Building will be reduced to a mere decorative item devoid of its cultural and historical essence. Le design du projet de conversion de l’édifice a-t-il fait l’objet d’un Heritage/Visual Impact Assessment ? »

Informé de la réponse d’IBL selon laquelle « aucun projet de développement n’est envisagé à ce stade », Arrmaan Shamachurn soutient que « SOS Patrimoine reste en faveur d’une restauration ou d’une conversion tous azimuts de l’édifice, mais qu’elle se fasse dans le respect de ses caractéristiques originelles. On suit le dossier de près. Je tiens quand même à saluer l’initiative d’IBL en ce qu’il s’agit des travaux effectués actuellement. »

Redonner au pont de GRNO ses lettres de noblesse…Eshan Juman entame des discussions

Les étudiants et témoins de la célèbre grève de mai 1975 se sont retrouvés, au cours de la semaine écoulée, sur le pont de Grande-Rivière-Nord-Ouest (GRNO), à l’occasion du 50e anniversaire de cet événement marquant de l’histoire éducative de Maurice. Au-delà des émotions suscitées par les souvenirs et les traces indélébiles cet acte de révolte, cet événement a eu le mérite de braquer les projecteurs sur l’état de décrépitude dans lequel se trouve le pont de GRNO, classé patrimoine national. Devant ce triste spectacle, le député de la circonscription N°3 (Port-Louis maritime/Est) Eshan Juman a promis de s’entretenir avec le ministre du Patrimoine culturel, Mahen Goondeea, et le lord maire, Aslam Hossenally, en vue d’un éventuel projet de réhabilitation.

Il est le témoin silencieux d’une époque révolue. Qui n’a pas eu la boule au ventre en découvrant, cette semaine, les images, relayées en boucle sur la toile, du triste sort qui a été réservé à ce joyau architectural. Avec virulence, la rouille a attaqué l’arche et les garde-corps en fer forgé du pont, au point où il pourrait lui faire perdre son intégrité architecturale. Le GRNO Bridge va-t-il subir même sort que ces bâtisses à valeur historique de la capitale vouées à disparaître, compte tenu de leur vétusté et du je-m’en-foutisme des politiques ? Interdit aux véhicules à quatre roues depuis 1985, ce lieu chargé d’histoire aurait pu et dû devenir une véritable attraction touristique et de mémoire, d’autant que du haut de la structure, il y a une vue imprenable sur certains points stratégiques de la partie sud de Port-Louis, à l’image de La Tour Kœnig.

Un avis que partage le député Eshan Juman, qui s’est appesanti sur ce déclin lors de son discours à l’occasion des commémorations de Mai-75 : « Le temps presse, et afin que les générations futures ainsi que les touristes ne soient pas privées des mille facettes de ce lieu mythique, il est important que des discussions très sérieuses démarrent autour d’un projet de réhabilitation du pont. Comme tout ce qui pourrait doper une cité, cette zone, avec des espaces verts et le cours d’eau, en contre-bas, regorge d’atouts pour devenir un lieu de promenade, de mémoire pour les événements de Mai-75, en matière de cyclotourisme et des spots de restauration autour. Une nouvelle façon de découvrir le patrimoine en flânant. J’entamerai des discussions avec les personnes concernées. »

On verra si les actes suivent les paroles.

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