Bhagwan : « Le plastique est devenu un véritable fléau national »

Le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan, a donné hier, à l’hôtel Maritim, Balaclava, le coup d’envoi d’un séminaire consacré à l’élaboration d’une feuille de route pour une île Maurice sans pollution plastique (Development of a Roadmap for a Plastic Pollution-Free Mauritius). Étaient présents à cette occasion la ministre déléguée à l’Environnement, Joanna Bérenger, ainsi que Peter Manyara, Regional Ocean Partnerships Manager & Regional Lead for the IslandPlas Project à l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Dès l’ouverture, le ministre Bhagwan a dressé un constat sans appel : « Le plastique est devenu un véritable fléau national. »
Le ministre a salué la présence des représentants de l’UICN, du secteur privé, du monde académique, des ONG et des institutions publiques, estimant qu’elle témoigne de l’engagement collectif de toutes les parties prenantes à œuvrer pour une même cause : une île Maurice débarrassée de la pollution plastique. « Le plastique est partout : dans nos champs, nos lagons, nos assiettes », a-t-il déclaré.
Dans un discours empreint de gravité, Rajesh Bhagwan a invité l’auditoire à réfléchir à l’omniprésence du plastique dans la vie quotidienne : « Le plastique est devenu un véritable fléau. Il est partout : dans nos champs, nos caniveaux, nos rivières, nos lagons, dans nos assiettes… et même dans notre corps. Réalisons-nous vraiment à quel point il s’est infiltré dans chaque recoin de notre vie ? Et surtout, savons-nous quel en est le prix réel ? » fait-il comprendre.
Il a rappelé que chaque objet en plastique utilisé sans réflexion devient un déchet qui mettra plus d’un siècle à se décomposer, et que des tonnes de plastique sont déversées chaque jour dans les océans. « Nos poissons ingèrent ces microplastiques… et, à notre tour, c’est nous qui les consommons », a-t-il souligné.
Pour le ministre, la pollution plastique n’est pas seulement un problème environnemental, mais également un problème de santé publique. « Face à cette situation toxique, chacun d’entre nous a un rôle à jouer. Nous ne pouvons pas simplement attendre que les lois changent nos comportements. » Il a illustré son propos par une comparaison parlante : « Chez nous, nous installons des barreaux et des systèmes de sécurité, non parce qu’une loi nous y oblige, mais pour protéger nos familles. Pourquoi ne pas agir de la même manière pour notre santé et celle de nos enfants ? »
Rajesh Bhagwan a appelé chaque entreprise, chaque commerce et chaque citoyen à prendre un engagement volontaire pour réduire l’utilisation du plastique : « La prochaine fois que vous achèterez quelque chose, demandez-vous : Est-ce bon pour moi, pour ma famille, pour ma planète ? »
Le ministre s’est appesanti sur le point que son ministère a déjà pris plusieurs mesures importantes, telles que l’interdiction des sacs plastiques et produits à usage unique, les actions continues de la police de l’Environnement et du Département du plastique pour empêcher l’importation de produits non conformes, l’engagement dans l’économie circulaire pour une meilleure gestion des déchets.
Cependant, il a insisté sur le fait que des mesures isolées ne suffiront pas. « Nous devons aller plus loin, avec une approche globale, coordonnée et durable. »
Il a invité à repenser les modes de production et de consommation, à promouvoir les produits réutilisables, et à faire du respect de la nature un véritable mode de vie. « Le gouvernement seul ne peut pas tout faire. Nous avons besoin du secteur privé, du monde académique, des ONG et de la population », a-t-il dit.
Le ministre a salué l’initiative IslandPlas, menée par son ministère, qui réunit l’ensemble des acteurs concernés pour valider cette feuille de route vers un Maurice sans pollution plastique. « Cette feuille de route ne doit pas finir dans un tiroir. Elle doit être un plan concret, réaliste et mobilisateur, qui guidera nos actions pour protéger l’avenir de nos enfants », a-t-il déclaré.
Pour sa part, la Junior Minister Joanna Bérenger a relevé que les politiques environnementales doivent s’appuyer sur des faits, des données fiables et des consultations inclusives. « C’est seulement ainsi que nous pourrons éviter de répéter les erreurs du passé, surtout lorsque la santé de notre population est en jeu. »
Citant des données du PNUD, elle a affirmé que des milliers de camions à ordures remplis de plastique déversent chaque jour leurs contenus dans les océans du monde, soit entre 19 et 23 millions de tonnes de plastique par an. Elle a également évoqué les microplastiques détectés dans le sang humain, les poumons et les tissus placentaires, ainsi que les pertes économiques mondiales estimées à 2,5 milliards de dollars par an, notamment dans les secteurs de la pêche et du tourisme. « Bien que les petits États insulaires comme Maurice ne soient pas de grands producteurs de plastique, nous en subissons de plein fouet les conséquences », a-t-elle déploré. Maurice est un acteur engagé sur la scène internationale, selon elle.
Joanna Bérenger a réaffirmé l’engagement de Maurice aux côtés de l’Alliance of Small Island States et auprès du High Ambition Coalition to End Plastic Pollution dans les négociations de l’Intergovernmental Negotiating Committee pour un traité mondial visant à mettre fin à la pollution plastique. « Maurice continuera à jouer un rôle actif et constructif dans ces discussions, en faisant entendre sa voix avec conviction et en appelant à la solidarité mondiale », a-t-elle assuré.
Elle a conclu sur une note d’espoir et d’action : « Notre seul espoir pour un avenir meilleur repose sur le dialogue, le respect mutuel et le courage d’agir. »

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