Bien-Être Animal – Lettre adressée au PM : Le Vet Council au cœur des préoccupations

Dans un courrier adressé au Premier ministre, un collectif – regroupant dix ONG locales, sauveteurs d’animaux, bénévoles et représentants d’organisations de protection animale – fait part de ses préoccupations concernant le Conseil vétérinaire de Maurice (Veterinary Council of Mauritius) qui serait, selon lui, en proie à des dysfonctionnements. Le corps de bénévoles et de sauveteurs d’animaux sollicite son intervention immédiate par rapport à la situation actuelle qualifiée d’»alarmante et persistante» au sein de cette instance présidée par le Dr Beeharry et dont le rôle est de veiller à la régulation éthique de la profession vétérinaire. Une copie de la lettre a également été transmise au ministre de l’Agro Industrie Arvin Boolell, au Junior Minister Fabrice David, ainsi qu’au directeur de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), Govindasamy Tinagaren.

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Exprimant, d’une part, leur reconnaissance par rapport à la nomination du nouveau directeur de la MSAW et d’autre part, leur appréciation relativement à la collaboration entre le ministère de l’Agro-Industrie avec les ONG et les bénévoles, ce qui qui offrirait des perspectives d’amélioration des conditions de vie animale et une possibilité d’issue durable, le collectif déplore toutefois “un obstacle majeur qui continue d’entraver les progrès collectifs : la structure et le fonctionnement actuels du Vet Council (Conseil vétérinaire de Maurice).”

Dans la lettre dont une copie est parvenue à la presse, les signataires – nBlack Cat Coffee shelter, PAWS, Indie’s World, Moris Steriliz ou Zanimo, Happy Tails, 4Paws Rescue and Relocation, The Charity Centre Tamarin, The Animal House Rescue, Pink Pony Charity Trust, Community Sterilisation Campaign – implorent des réformes indispensables et rapides. “Sans réformes urgentes, ses procédures obsolètes (ndlr : celles du Vet Council) continueront de faire obstacle aux programmes de stérilisation indispensables et à l’objectif plus large de bien-être animal.”

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Selon eux, le fonctionnement du Vet Council au cours de la dernière décennie n’a pas évolué pour répondre à l’ampleur et à l’urgence de la crise actuelle. Le collectif propose quelques pistes et recommandations. Parmi elles : faciliter l’enregistrement des vétérinaires étrangers. Il ressort que “Les ONG sollicitent souvent le soutien de vétérinaires étrangers hautement qualifiés qui souhaitent se porter volontaires ou travailler sur des missions temporaires. Actuellement, la procédure d’autorisation, longue et opaque, décourage la participation de ces experts. Nous proposons d’introduire des critères plus souples et transparents pour les vétérinaires étrangers, notamment : des directives claires en matière de supervision ; des permis accélérés pour les activités caritatives de courte durée, à condition que les qualifications soient vérifiées et approuvées par un vétérinaire mauricien agréé”, peut-on lire.

Le collectif met également l’accent sur les dispositions permettant aux vétérinaires étrangers de dispenser des soins vétérinaires plus étendus, au-delà de la stérilisation, lorsque cela est nécessaire au bien-être des animaux en détresse et des propriétaires à faibles revenus. Dans les exhortations, ils expriment également leurs inquiétudes par rapport aux capacités et compétences locales. Ils sont d’avis que le pays pourrait valoriser les opportunités et tirer parti des compétences étrangères. “Bien que nous nous engageons à privilégier les vétérinaires locaux, nombre d’entre eux sont déjà employés par les services gouvernementaux ou des cabinets privés. De ce fait, les ONG peinent souvent à trouver des vétérinaires locaux qualifiés, disposés et disponibles pour effectuer des stérilisations à grande échelle. Sans accès à l’expertise étrangère, il est impossible de répondre aux besoins immédiats de stérilisation de masse.” Le collectif demande également d’assurer un fonctionnement régulier et efficace du Conseil. “Le Conseil doit se réunir régulièrement avec un quorum, afin de garantir le traitement rapide des demandes et la prise de décision. Les retards dans la délivrance des permis et les décisions incohérentes ont considérablement entravé les programmes de stérilisation.”

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Parmi ses recommandations, le collectif exhorte de diversifier et de moderniser la composition du Conseil. “Nous proposons une représentation plus inclusive au sein du Conseil vétérinaire, permettant aux jeunes professionnels d’apporter leurs connaissances actualisées, les meilleures pratiques internationales et des solutions innovantes. Un Conseil plus large et plus diversifié contribuera à garantir des décisions équilibrées, dynamiques et avant-gardistes”, lit-on.

S’agissant de la stérilisation en masse, le groupe propose le soutien des organisations internationales contractantes. “Nous convenons tous que la stérilisation de masse doit commencer immédiatement. Si elle était confiée à des organisations internationales expérimentées, elles apporteraient leurs propres équipes qualifiées, ce qui augmenterait considérablement leurs capacités et leur rapidité.” Le collectif écrit aussi qu’il faudrait encourager le Conseil à agir en tant que facilitateur du bien-être animal. “Le Conseil vétérinaire devrait évoluer d’un rôle de gardien à celui de facilitateur actif, en encourageant les vétérinaires locaux à se porter volontaires pour participer aux programmes nationaux de stérilisation ; en établissant des partenariats avec des organisations internationales pour former les vétérinaires locaux ; en accueillant l’expertise étrangère comme un  moyen de renforcer les capacités locales et le développement professionnel, plutôt que de la considérer comme une menace pour la pratique privée.

En enfin, renforcer la lutte contre l’élevage illégal : Parallèlement, une application plus stricte de la loi est nécessaire de toute urgence pour freiner l’élevage illégal et incontrôlé, qui continue d’alimenter la crise de surpopulation. Sans s’attaquer à cette cause profonde, les efforts de stérilisation seuls ne suffiront pas.”

Contacté, le ministre Arvin Boolell est resté injoignable. Réagissant à la lettre dont il a pris connaissance, le Dr Swaley Abdoola, membre du conseil de l’ordre des vétérinaire nous a déclaré :”Avant d’aborder son contenu, il convient de souligner qu’elle n’est pas signée. Si elle est légitime, les organisations dont les logos y figurent doivent s’adresser au Conseil dans le respect des lois et normes en vigueur. Le Conseil a toujours été ouvert au dialogue avec les acteurs du bien-être animal et reste disponible pour toute collaboration avec le ministère de l’Agro-industrie. Concernant le fond, les meilleures intentions ne sauraient remplacer les institutions, lois et pratiques établies, garantes de normes de qualité et de la protection de la société. Le Conseil est composé de vétérinaires expérimentés, élus par leurs pairs et dûment enregistrés à Maurice. Lancer des accusations gratuites en public est aisé, mais celles-ci doivent être étayées par des preuves. Les vétérinaires mauriciens sont hautement qualifiés

et utilisent déjà des techniques modernes. Affirmer le contraire revient à induire en erreur. Le problème des chiens errants a été adressé dans le passé par le département vétérinaire mais le plan établi a été déraillé par un manque de soutien aux vétérinaires. Je suis d’ailleurs en mesure de proposer un Masterplan immédiatement, mais une solution durable nécessite l’appui du gouvernement. En conclusion, j’invite ceux qui s’estiment lésés à se manifester avec leurs doléances concrètes, réalisations, qualifications et autorisations, dans un esprit de transparence et de bonne gouvernance.”

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