La mer rose ou rouge visible jusqu’à fin novembre
Comme chaque année à cette période, la reproduction sexuée des coraux dans la région de Blue Bay-Pointe d’Esny-Mahébourg offre un beau spectacle. La mer prend une teinte rose ou rouge qui domine le bleu azur. Ce phénomène sera visible jusqu’à fin novembre.
Ceux qui sont passés par Blue-Bay et ses environs, ces dernières semaines, ont sans doute remarqué qu’à certains endroits, la mer a changé de couleur. Il ne s’agit pas de pollution, mais d’un phénomène naturel qui se produit une à deux fois l’an. Vinayagen Munusami, Scientific Officer à Eco-Sud, explique : « Pendant la période de reproduction, les polypes mâles lâchent des gamètes, c’est-à-dire des spermatozoïdes et les polypes femelles lâchent des ovules. Lorsque les deux se rencontrent dans l’eau, il y a la fécondation. Quand la mer devient rouge, cela veut dire que la fécondation a déjà eu lieu.»
À Maurice, le phénomène est surtout visible dans la région du Sud-Est, particulièrement à Blue-Bay, avec le parc marin, mais aussi à Pointe-d’Esny et Mahébourg, du côté du front de mer. « Le phénomène se déroule également dans d’autres régions mais ne sont pas visibles à cause du courant.» Une fois la fertilisation terminée, une larve est formée. Elle continuera sa route dans l’eau, jusqu’à s’accrocher sur un support pour grandir. Avec la pollution et le réchauffement climatique, peut-on s’assurer pour autant qu’elles survivent ?
Vinayagen Munusami avance que les officiers scientifiques d’Eco-Sud assurent une surveillance sur certains sites, mais qu’il est difficile de se prononcer sur l’ensemble du territoire. « Nous plaçons des morceaux de marbre sous l’eau, dans les endroits concernés et nous faisons le suivi. Il faut une lumière spéciale pour pouvoir les observer. À certains endroits, on constate, en effet, qu’il y a des larves qui se sont accrochées et à d’autres, il n’y en a pas. Mais je crois que c’est déjà un signe positif qu’on en a sur certains sites », déclare-t-il.
Quant à savoir si les activités humaines ont un impact sur la reproduction des coraux, le Scientific Officer concède que la présence de certains polluants comme le diesel provenant des bateaux peut s’avérer néfaste à ce processus de la nature. « Heureusement que la fécondation se passe pendant la nuit, lorsqu’il n’y a pas d’activités », dira-t-il. Le phénomène survient en effet, à l’approche de la pleine lune et des grandes marées.
La mer rose ne représente pas de danger non plus pour les humains. Vinayagen Munusami explique qu’on peut nager sans problème, en évitant les zones où se forment les mousses. « Ces mousses proviennent de la décomposition des matières organiques. C’est pour cela qu’une forte odeur se dégage également des sites où l’on peut observer le phénomène. Elles ne représentent rien de dangereux pour autant », rassure-t-il.
Toutes les espèces de corail ne sont pas concernées par cette reproduction spectaculaire. « Ce sont les coraux en forme de branche et les tabulaires qui sont connus pour cela. » Il ajoute que depuis quelque temps, des petits épisodes de Spawning sont aussi observés, en dehors de la grande période de reproduction.
Le phénomène sera visible jusqu’à la fin de novembre. Ceux qui souhaitent le voir peuvent se rendre à la plage publique de Blue-Bay, sur front de mer de Mahébourg ou le long de la côte de Pointe-d’Esny, entre autres.
Ap art la surveillance de la reproduction sexuée, l’ONG Eco-Sud assure également la reproduction asexuée des coraux à travers la Coral Farming. L’objectif étant de restaurer 1,6 hectare de l’écosystème coralien du parc marin de Blue-Bay. Des volontaires des communautés du Sud-Est ont aussi été formés dans la préservation des coraux. Deux sites, à Trou-Capitaine et Pointe-d’Esny, sont particulièrement concernés par ce projet.