La Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP) invite les participants à la manifestation du mouvement Pa Tous Nou Pension à venir se joindre à la plate-forme syndicale commune prévue samedi à Port-Louis. Dans une déclaration, hier, le président de la CTSP, Reeaz Chuttoo, a confirmé que la manifestation contre la Basic Retirement Pension (BRP) à 65 ans démarre à Rose-Hill à 10h le même jour. Les manifestants auront ainsi amplement le temps de se rendre au Champ-de-Mars, car la manifestation à Port-Louis est à 13h pour prendre fin au jardin de la Compagnie en passant par la rue Pope Hennessy.
Après avoir pris connaissance de la déclaration du Premier ministre, Navin Ramgoolam, et la réponse du ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, à la suite de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Joer Lesjongard, il s’est dit convaincu que le gouvernement maintiendra la BRP à 65 ans. Il devait affirmer qu’il n’est pas du tout d’accord avec les Terms and Reference des deux comités qui ont été mis sur pied pour la réforme de la BRP.
« La pension à l’époque coloniale était basée sur le fait qu’il fallait démontrer que vous étiez pauvre pour bénéficier de la BRP », fait-il comprendre. Tout le monde, selon le syndicaliste, était alors pauvre. « Soixante-quinze ans après, le gouvernement vient avec le comité des malades. Maintenant, il faut justifier que vous êtes malades pour bénéficier de la BRP. Moi, je pense que ce sont eux les vrais malades. Cela va forcer les gens à dire qu’ils sont malades pour bénéficier de la BRP. Au final, tout le monde dira qu’il est malade. Nous ouvrirons la porte au trafic d’influence, à la corruption », poursuit le président de la CTSP.
D’après cette logique, les riches n’auraient pas dû toucher la BRP. « Cette thèse ne tient pas la route. Pourquoi ne pas accorder la BRP aux riches pour ensuite la reprendre sous forme de taxe ? Il est certain que ce budget a été fait par des experts financiers du secteur privé. Il n’est pas normal que le taux d’imposition de l’impôt pour les plus riches soit le plus bas au monde. Le gouvernement aurait dû venir avec des idées novatrices pour créer la croissance afin de financer la BRP », a-t-il dit.
Pour sa part, Narendranath Gopee, président du National Trade Union Council, a déclaré que le Premier ministre avance que le système de paiement de la BRP n’est plus soutenable. « Jusqu’à maintenant, nous ne sommes pas en présence d’un document qui vient démontrer que le fonds de pension est vraiment déficitaire. Le ministre de la Sécurité sociale aurait dû venir avec ces chiffres pour venir démontrer que le fonds de pension n’est plus soutenable. Si le fonds n’est pas soutenable, nous avons la solution pour le rendre soutenable. Pourquoi ne pas préparer un document à la manière du State of Economy pour la BRP ? Il ne faut pas oublier qu’en 2018, lorsqu’un comité avait été mis sur pied pour revoir la BRP, un Position Paper avait été circulé, mais tous les chiffres étaient faux. Il est bon cependant que le Premier ministre ait institué deux comités, mais jusqu’à maintenant nous n’avons pas de Working Documents. Nous avons la solution pour rendre le fonds de pension soutenable sans toucher à la BRP. Donc, notre manifestation prévue pour samedi est maintenue et j’invite tous les citoyens en général, y compris les fonctionnaires, à venir donner un coup de main, car ils sont tous concernés par la BRP. Le gouvernement motivera sa décision sur l’envergure de cette marche de protestation », argumente-t-il.
Quant au président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, Deepak Benydin, il a indiqué que le mot d’ordre est No Retreat, No Surrender. Il a déclaré ne pas être d’accord avec le fait que le fonds de pension soit déficitaire. « La BRP est payée à partir du Consolidated Fund et ce n’est pas un fonds contributif ou non contributif. La BRP est payée à partir de l’argent des contribuables à travers l’impôt et la TVA ou la Corporate Tax. C’est pourquoi nous disons :Pa tous nou pansion. Il ne faut pas oublier qu’en 1978, lorsque le pays se trouvait en difficulté, le gouvernement n’avait pas accepté le diktat du Fonds monétaire international ou celui de la Banque mondiale en vue de maintenir l’État-Providence. Il ne faut pas maintenant laisser nos aînés sombrer dans la pauvreté après avoir travaillé dur pour le pays. »
Pour le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, le peuple dans son ensemble a déjà rejeté les propositions du Premier ministre. De même que le MLC. « La réforme de la BRP va faire beaucoup de tort au gouvernement. La blessure ne va pas se cicatriser de sitôt. Cela deviendra difficile pour les députés et ministres de descendre sur le terrain. Je pense qu’il y a d’autres moyens de financer la BRP, comme taxer les gros industriels, les hôtels cinq-étoiles, l’industrie sucrière, l’offshore. Le MLC rejette en tout cas la mise sur pied de ces deux comités. Il faut laisser nos aînés jouir des derniers jours de leur existence en paix et sans contrainte financière. Durant la dernière campagne électorale, le gouvernement a fait comprendre que la pension de vieillesse ne sera pas taxable. Au lieu d’accomplir sa promesse, le gouvernement est venu ras manze dans la bous bann personn aze », trouve le président du MLC.
Pour le président de la General Workers Federation, Clency Bibi, le Premier ministre et ministre des Finances est venu par le truchement de cette déclaration au Parlement confirmer le communiqué sorti la veille, c’est-à-dire la mise sur pied de deux comités pour recommander qui sont ceux qui seront éligibles pour la BRP, comités que la classe syndicale dans sa totalité rejette.
« Dès le départ, la classe syndicale a fait comprendre que la BRP n’est pas négociable. Nous sommes donc à la case départ. La déclaration vient semer une confusion au sujet de l’âge de la retraite. Nous savons pertinemment bien que depuis 2008, l’âge de la retraite a été avancé à 65 ans, avec des options. Là n’est pas le problème. Ici, nous parlons de la pension de vieillesse qui est un acquis, une pension universelle qui est un contrat social entre les citoyens et le gouvernement et qui n’a jamais été remis en cause pendant la campagne », indique-t-il, proposant que « ce serait plus sage d’avoir une table ronde avec la délégation syndicale pour désamorcer la crise car personne ne souhaite une agitation sociale. Une chose est certaine : nous avons été toujours et nous sommes toujours contre le ciblage, car c’est embêtant pour la personne humaine d’avoir une étiquette. »