L’Association des Acteurs de la Location Saisonnière de l’Ile Maurice (AALSIM) réagit aux mesures budgétaires 2025-2026 annoncées pour le secteur touristique. Si plusieurs orientations témoignent d’une volonté de structuration durable du tourisme mauricien, certaines dispositions suscitent des interrogations légitimes chez les opérateurs de la location saisonnière, un segment en pleine expansion.
Une taxe difficile à appliquer pour les petits hébergeurs
L’instauration d’une taxe de séjour de 3 euros par nuit et par personne pose des défis pratiques majeurs. Une mesure qui pourrait représenter jusqu’à +20% du prix de l’hébergement pour certains groupes de voyageurs, avec un risque de freiner la demande sur un segment déjà sensible aux évolutions tarifaires. La collecte et la rétrocession de cette taxe constituent également un véritable défi logistique pour les hébergeurs indépendants, contrairement aux établissements hôteliers mieux équipés pour gérer ce type de mécanisme.
AALSIM propose une alternative qui consisterait à calculer cette taxe par logement plutôt que par personne. Cette approche serait plus juste, notamment lorsque certains membres du groupe comme les enfants sont exemptés, plus lisible pour les voyageurs et plus simple à appliquer.
La complexité de la collecte de cette taxe se pose cependant considérant toujours le problème de permis pour l’informel. Aujourd’hui, 90% des opérateurs exercent sans permis en raison de la réglementation dépassée. Selon les membres de l’association, il est urgent de réformer les permis de façon à formaliser l’informel afin que tous les opérateurs puissent collecter correctement cette taxe.
L’association insiste sur la nécessité de transparence concernant l’utilisation de cette contribution. Identifier clairement les projets touristiques qu’elle financera permettrait de donner du sens à cette taxe et de soutenir une communication positive auprès des vacanciers et partenaires internationaux.
AALSIM accueille favorablement l’annonce d’un Blueprint national pour le tourisme et souhaite y contribuer activement. « La location saisonnière représente une part essentielle de l’offre d’hébergement mauricienne et doit être reconnue comme telle dans la stratégie touristique nationale », revendiquent les membres de l’association. Pour refonder le modèle touristique autour de la durabilité, de l’inclusion, de la qualité ou de la valorisation du patrimoine, une approche ouverte et représentative de toutes les réalités du terrain s’impose, y compris celles des petits opérateurs.
TVA : un seuil abaissé au préjudice petites structures
L’abaissement du seuil d’assujettissement de la TVA à Rs 3 millions de chiffre d’affaires mobilise aussi l’association. Cette mesure technique aura un impact direct sur les petits opérateurs, contraints d’assumer de nouvelles démarches fiscales et une hausse inévitable de leurs tarifs.
AALSIM déplore cependant l’absence de clarté réglementaire, qui pourrait obliger certaines agences ou gestionnaires de biens à appliquer la TVA même lorsque les revenus locatifs d’un propriétaire de logement restent inférieurs au seuil. « Nous ne sommes pas opposés à l’idée de contribuer davantage au développement touristique du pays. Il est essentiel de garantir un Level Playing Field pour tous les opérateurs ; les mesures proposées doivent être justes, applicables et proportionnées à la réalité de notre secteur », déclare Mathieu Appassamy, président d’AALSIM.
AALSIM réitère plusieurs recommandations portées depuis des années : simplifier les procédures d’enregistrement pour permettre à 2 000 à 5 000 opérateurs de rejoindre l’économie formelle ; développer un programme de formation dédié, couplé à une stratégie marketing adaptée, pour renforcer la qualité et la visibilité de l’offre, particulièrement sur les marchés européens ; mettre en place un système de collecte et d’analyse de données sectorielles pour améliorer le pilotage, éclairer les choix publics et suivre l’évolution de ce segment stratégique.
Dans une logique de concertation constructive, AALSIM réaffirme sa disponibilité pour collaborer avec les autorités concernées et contribuer à un cadre réglementaire équilibré, inclusif et adapté aux enjeux de terrain, au service d’un tourisme plus durable et plus équitable.