Ah, Kishore Beegoo… Depuis le 13 janvier 2025, il occupe le prestigieux fauteuil de président du Conseil d’administration d’Air Mauritius. Un fauteuil qu’on imagine moelleux, tant l’homme y est resté confortablement installé, quasi invisible, pendant que la compagnie nationale enchaînait les pannes, retards et déboires en série.Pas un mot, pas une grimace publique. Silence radio. On croyait même qu’il avait choisi l’option « mode avion » dans sa propre vie.
Et puis, patatras : sept mois plus tard, le voilà qui bondit hors de la soute de son avion pour une apparition dans la presse et à la télévision. Pas pour annoncer un retour à l’heure des vols, pas pour rassurer les passagers coincés à Bombay, ni pour expliquer pourquoi les ATR 72 prennent plus de repos que les députés en vacances parlementaires. Non. Beegoo sort de l’ombre… pour fustiger les politiciens. Et pas n’importe lesquels : le vice-Premier ministre et n° 2 du gouvernement, Paul Bérenger, figure historique et grande gueule assumée de la scène mauricienne.
« Le management d’Air Mauritius ne se fait pas selon les caprices ou les humeurs passagères des politiciens », balance-t-il, chez un confrère, l’air de dire : « Moi, je pilote dans les nuages, pas dans la boue. » Sauf que pour l’instant, ce ne sont pas les politiciens qui ont planté des avions sur le tarmac ou laissé un A330-200 transformer un vol Bombay–Maurice en hammam géant sans climatisation…
Le plus savoureux, c’est ce sens du timing. Sept mois de mutisme, puis soudain, un festival d’annonces : scinder la compagnie en plusieurs entités, imposer la discipline, réduire les billets gratuits (18 000 en 2024, tout de même), revoir la commande d’A350. Bref, un plan de guerre. Mais curieusement, ce plan arrive juste après que la tempête médiatique a éclaté… On dirait presque qu’il fallait attendre que la maison brûle pour appeler le pompier – pompier qui commence par gronder les voisins plutôt que d’éteindre le feu.
Alors oui, sur le papier, ses réformes font sens : maintenance renforcée, formation de jeunes techniciens, partenariat béton avec Airbus. Mais difficile de ne pas sourire quand l’homme qui a traversé les pires turbulences de la compagnie— pour la seconde fois — sans broncher se met soudain à donner des leçons de pilotage politique.
S’il maintient la cadence et évite de replonger dans la soute de son avion, peut-être qu’Air Mauritius finira par voler droit. Mais pour l’instant, cette sortie ressemble plus à un coup de gueule calculé qu’à un vrai changement de cap. Et si on a bien compris la leçon, ce n’est pas aux politiciens de dicter la route… mais visiblement, ce n’est pas non plus aux passagers d’espérer arriver à l’heure…A moins qu’il ne veuille précipiter son départ avec ce baroud d’honneur avec l’arrivée à la tête de la Holding de MK, AHL ..du gendre du VPM !