Le Carême a démarré hier pour les chrétiens avec le Mercredi des Cendres et durera jusqu’au Samedi Saint, la veille de Pâques. Quel sens trouver à l’abstinence et vers quoi tend la quête spirituelle des fidèles ? Le père Jean-Michaël Durhône, responsable du Service diocésain de la Catéchèse et du Catéchuménat, aide à y voir plus clair.
Issu de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie « quarantième », le mot carême renvoie, comme le rappelle le père Durhône, aux quarante années du peuple hébreu dans le désert alors qu’il sort de l’esclavage en Egypte vers la Terre promise. Ensuite, le chiffre quarante renvoie aux quarante jours de Jésus dans le désert.
« Le chiffre quarante est ainsi un chiffre symbolique pour l’Eglise mais ce chiffre nous dit en même temps tout ce chemin que nous aurons à faire pour vivre un chemin de conversion, de changement d’attitude, de cœur, qui est pour nous un chemin communautaire. Le carême chrétien n’est pas un exercice individuel mais c’est ensemble, en église que nous avancerons pour parcourir ce chemin. La lettre pastorale de l’évêque le dit d’ailleurs bien : Marchons ensemble vers l’espérance », dit-il de prime abord.
Contrairement à la pensée générale, le prêtre tient à faire ressortir que ce n’est pas un temps de deuil pour l’Eglise.
« Ce n’est pas un temps de tristesse. Au contraire, c’est un temps qui réveille la foi et l’espérance. C’est moins dans les choses à faire que dans la manière d’être. Ce n’est pas un temps pour se morfondre. Le carême est lié à l’espérance de la résurrection que le Christ nous a déjà donnée. C’est un temps de grâce pour reconnaître l’amour de Dieu et pour se rapprocher de lui, pour mieux aimer nos frères à travers lesquels nous rencontrons le Christ », poursuit l’homme religieux.
Si l’on peut certes se priver de nourriture, d’Internet, entre autres choses matérielles, « comme le dit l’Evangile de Mathieu, c’est dans le secret du cœur que cela se passe. C’est donc un carême qui travaille d’abord le secret du cœur, dans ce que vous devenez intérieurement mais ce que nous devenons ensemble ».
Par ailleurs, le carême commence avec le Mercredi des Cendres où la cendre est tracée sur le front des chrétiens. Comment comprendre le rite des cendres sur le front au début du carême ?
« Les cendres existent depuis l’Ancien Testament où les rois et autres, pour se convertir, s’asseyaient sur la cendre pour se convertir, pour dire Je reconnais ma faiblesse, je suis poussière, je suis un être fragile. Ce signe de la croix avec de la cendre pour dire Convertissez-vous et croyez en l’Evangile invite à voir nos faiblesses ensemble. Quand nous sommes faibles mais ensemble, nous pouvons être forts car Jésus Christ nous donne cette force pour avancer », explique Jean Michaël Durhône.
« Les cendres sur nos fronts viennent nous rappeler notre fragilité et notre faiblesse humaine. Dieu veut nous guérir. Toute l’humanité mérite son amour. C’est comme cela que ce carême nous met en lien avec nos frères. On peut parler de carême du frère. Je ne peux vivre le carême que pour moi. Le carême, je le vis avec d’autres, je grandis avec d’autres », ajoute le prêtre.
Quant au sens de l’abstinence, poursuit Père Durhône, il s’agit de « se priver pour pouvoir être plus libre, pour s’attacher à Jésus, pour l’aimer et aimer les autres. C’est le détachement des choses qui ne sont pas nécessairement importantes pour s’attacher à l’essentiel : notre foi avec les autres. Ce n’est pas une privation de nourriture que pour se priver mais se priver de nourriture pour goûter à la Parole de Dieu. C’est pour pouvoir être plus disponible. Le jeune par exemple peut se priver d’internet, de Facebook pour être ensemble avec sa famille et les autres ».