Chagos : la GB et les USA en flagrant délit de crime contre l’humanité !

Human Rights Watch exige une “full and unreserved apology” aux Chagossiens du nouveau roi Charle III en marge de son couronnement du samedi 6 mai prochain

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   N°10 Downing Street tente de déjouer l’Indictment du rapport de 145 pages intitulé « That’s When the Nightmare Started » avec un échange téléphonique Sunak-Jugnauth pour la St-Valentin

   Le PM, Pravind Jugnauth : « Tout Chagossien aura droit de se rendre dans les îles de l’archipel »

À une vingtaine de jours des célébrations marquant le 55e anniversaire de l’accession de Maurice à l’indépendance, le dossier crucial pour assurer la conclusion du processus de décolonisation, notamment l’épineuse question de l’exercice du droit de souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, est brutalement remontée à la surface. Certes, l’intention non déclarée de Londres et de Port-Louis est de pouvoir conclure le round de consultations bilatérales au terme de la déclaration conjointe du jeudi 3 novembre dernier dans les meilleurs délais. Et pourquoi pas le 12 mars 2023, pour les 55 ans d’indépendance ? Même si à ce jour aucune annonce officielle n’a été faite. Toutefois, au cours de la semaine écoulée, Human Rights Watch (HRW), une organisation non gouvernementale internationale engagée dans la protection et la défense des droits de l’Homme, est venue jeter un pavé dans la mare. Avec un rapport de 145 pages intitulé That’s When the Nightmare Started — UK and US Forced Displacement of the Chagossians and Ongoing Colonial Crimes, et recommandant full reparations, cette ONG est venue remettre sur la table à l’international le délit de crime contre l’humanité reproché à Londres et à Washington pour le traitement des plus avilissants infligé aux Chagossiens en les expulsant de leur archipel natal il y a plus d’un demi-siècle déjà.

Pour les besoins de la publication de ce rapport, reprenant dans les détails la chronologie de l’expulsion des Chagossiens de leurs îles natales et leur calvaire depuis et l’excision de cette partie du territoire de la République de Maurice à la veille de l’indépendance, Human Rights Watch s’est assurée que la teneur de ces dénonciations soient diffusées dans la presse internationale. À Maurice, Mausi Segun, directrice exécutive de HRW pour l’Afrique, Ashwanee Budoo-Scholtz, directrice adjointe, et Bruno Ugarte, Chief Advocacy Officer, avaient animé la plateforme de présentation du rapport mercredi dernier. Cet événement s’est déroulé en présence d’Olivier Bancoult du Groupe Réfugiés Chagos et d’autres dirigeants de l’organisation, de même que Pierre Prosper du Comité des Seychelles intervenant en visioconférence.

Très probablement, dans une tentative d’atténuer l’impact de ces graves accusations, N°10 Downing Street a cru malin d’orchestrer des échanges téléphoniques entre le Premier ministre, Rishi Sunak, et son homologue mauricien, Pravind Jugnauth, la veille. Plus exactement pour la Saint Valentin, bousculant du même le programme de sorties de Pravind Jugnauth à Ganga Taloa pour Maha Shivaratree. Certes, aucun détail significatif n’a été rendu public quant à la teneur des discussions entre les deux chefs de gouvernement au sein du Commonwealth, sauf que « the Prime Minister (Sunak) welcomed opportunities to work even more closely together, including on tackling regional and global security challenges and growing trade and investment. They also covered the ongoing negotiations on the exercise of sovereignty over the British Indian Ocean Territory/the Chagos Archipelago. »

Mais cette conversation première ministérielle n’a pu atténuer l’écho dans la presse internationale de cette accusation de crime contre l’humanité proférée contre Londres et Washington avec l’occupation illégale des Chagos et l’exil forcé des Chagossiens.

« A full and unreserved apology »

Pire, le nouveau roi Charles III, dont le couronnement se déroulera le samedi 6 mai, soit dans exactement dix semaines, se retrouve avec une sommation sans équivoque de présenter « a full and unreserved apology » aux Chagossiens.

« Ce cadeau aux Chagossiens pour le couronnement du roi Charles III, succédant à sa mère, la reine Elizabeth II, celle qui avait, par voie d’Order in Council, bloqué le processus du resettlement des Chagossiens, devenu alors possible sur la base d’un jugement des plus hautes instances britanniques, ne serait qu’une maigre consolation à la dignité souillée de nos aïeux. Surtout quand nous prenons en considération ce document lapidaire de l’Office of the Chief Naval Operations du 26 mars 1971à l’effet que Copra Workers on Diego Garcia absolutely must go (voir fac-similé plus loin) », fait-on comprendre au sein de la communauté des Chagossiens à Maurice.

Comme la précédente déclaration historique de Pravind Jugnauth acculant le Royaume-Uni de crime contre l’humanité sur les Chagos, jetant alors un froid dans les relations diplomatiques, le rapport de Human Rights Watch avec son rayonnement international, réitérant que « the United Kingdom is committing an appalling colonial crime, treating all Chagossians as a people without rights », est des plus accablants pour les colonisateurs anglais.

“Full and unconditional reparations “

S’appesantissant sur le fait que « the UK is committing crimes against humanity after removing people from the Chagos Islands », HRW élabore sur trois aspects de ce crime présumé contre l’humanité, à savoir et non des moindres

• « continued forced displacement of Chagossian people,

• « prevention of their return home and

• « persecution of them on the grounds of race and ethnicity. »

Sur la base de ce constat, Clive Baldwin, Senior Legal Adviser et l’une des chevilles ouvrières de cette initiative (Lead Author du rapport), même tardive de HRW, revient avec force sur l’urgence de réparations en faveur des Chagossiens. « The UK and the US, who together expelled the Chagossians from their homes, should provide full and unconditional reparations to generations for the harm they have caused and affected by its forcible displacement of Chagos Islands inhabitants in the 1960s and 70s », déclare-t-il.

Human Rights Watch, reprenant l’une des principales recommandations du rapport avec l’injonction au nouveau roi Charles III de présenter des excuses formelles sans réserve « to every generation (of Chagossians) », affirme que « the UK government will guarantee full reparations for the harms the Chagossians suffered and that such abuses will never be repeated. »

Toujours à ce même chapitre, HRW va plus loin en soulignant à l’intention des États-Unis la nécessité « to ensure investigations into these crimes [against humanity] and accountability for the individuals and state institutions most responsible ». Le lead author du rapport relève que pour prouver leur bonne foi, « the US administration could start righting these wrongs today by publicly announcing it supports the right of all Chagossians to return to all the islands. »

«The US should come clean about its role»

Compte tenu que Washington est le principal bénéficiaire de cet exil des Chagossiens avec l’installation d’une base militaire et nucléaire sur Diego Garcia, HRW préconise que « the United States should come clean about its role in the last 60 years in the forced displacement of the Chagossians from their homeland, and in preventing their return, by publishing all relevant documents. »

En marge de la publication de ce rapport, Human Rights Watch accentue la pression sur l’administration américaine. Ainsi, Tanya Greene, la cheffe de Human Rights Watch’s US Programme, déclare que « the Biden administration has the opportunity to finally take a step in the right direction and acknowledge the fact that the African ancestry of the Chagossians is part of why the U. S.treated them as if they could be exiles thousands of miles away from home and kept there indefinitely. »

Pour sa part, Maurice est appelé à traduire dans la réalité son engagement, soutenant pleinement le droit au retour de tous les Chagossiens quelle que soit leur nationalité. D’ailleurs, dans un communiqué émis subséquemment, le Prime Minister’s Office souligne que « all individuals of Chagossian origin, wherever they live in the world, who wish to resettle in the Chagos Archipelago will be able to do so in accordance with the laws of Mauritius. »

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