Les prévisions pour ce qui est de l’arrivée des premières pluies d’été cette année ne sont guère optimistes. Changement climatique oblige ! Ce qui fait que les autorités, dont la Central Water Authority (CWA) under new management de Prakash Maunthrooa, tentent d’anticiper les difficultés en approvisionnement d’eau potable se profilant à l’horizon.
Ce scénario semble se confirmer avec les conclusions des délibérations de la 11e édition du Regional Seasonal Forecast Forum de la région du sud-ouest de l’océan Indien (SWIOCOF-11), qui s’est réuni aux Seychelles au cours de la semaine écoulée. Les experts sont des plus catégoriques à l’effet que « drier climate expected in coming months. ».
Que ce soit du côté de la station météorologique de Vacoas ou encore de Météo-France à La Réunion, le signal sec pour le reste de cette année demeure une constante. Au titre des projections, la station météo de Vacoas met en garde contre des risques de voir les premières pluies d’été se faisant désirer pour plus longtemps que d’habitude en cette fin d’année.
Le Consensus Forecast pour Maurice note que « cumulative rainfall for September to November is expected to be below normal. The monthly rainfall forecast consensus is as follows : September : below normal (60 mm) ; October : below normal (50 mm) November : Normal (80 mm). » Ces prévisions viennent s’ajouter à une situation pluviométrique déficitaire dans la mesure où les dernières indications pour la période du 1er août au 15 septembre de cette année étaient déjà au rouge.
Commentant la pluviométrie moyenne au cours du mois d’août, la Météo souligne que « well below normal rainfall was recorded during the month of August amounting to 61 mm, representing 56 % of the long-term mean. » La pluviométrie était déficitaire sur l’ensemble de l’île et « especially in the region of Arnaud, Bois-Chéri, Union-Park and Britannia, where it was by 90-150 mm. »
Pour la première quinzaine du mois de septembre, la tendance au régime sec ne s’est guère renversée, avec une moyenne de 22 mm, soit 54% de la moyenne à long terme. La pluviométrie était déficitaire dans l’ensemble de l’île et les water catchment areas de Bois-Chéri et de Bel-Étang accusant un manque à gagner dans la fourchette de 45 à 55 mm.
Par contre, pour le mois de juillet, la pluviométrie enregistrée a été de 123 mm, soit 93% de la moyenne, avec un excédent de 25 à 75 mm sur le plateau central et le nord respectivement, mais par contre un manque à gagner de 75 à 125 mm dans la région du sud-ouest et de 25 à 50 mm dans les autres régions. Cet état des lieux contraste avec « the highest cumulative rainfall for the month being 327 mm recorded at Pétrin. »
Ce mois de juillet dernier, qui a connu l’hiver le plus rigoureux de ces 18 dernières années, a vu la région de Bois-Chéri être arrosée pendant les 31 jours avec Cent-Gaulettes enregistrant 61 mm de pluie en 24 heures, soit le 15 juillet, soit « the hghest 24-hour rainfall »
La pluviométrie déficitaire depuis le mois d’août ne concerne pas seulement Maurice. Tel a été le cas dans les îles, notamment Rodrigues, Saint-Brandon et Agalega, où « well below normal rainfall were observed. » D’ailleurs, à Rodrigues, en dépit des promesses d’investissement de Rs 1 milliard dans le secteur de l’eau, des régions n’ont pas été approvisionnées en eau depuis bientôt trois mois et que la situation risque encore de se détériorer d’ici à la fin de l’année.
« Robine 24/sek »
Le cas de Maurice n’est pas unique, car Météo-France annonce pour La Réunion que « la prévision de précipitations pour le prochain trimestre (septembre-octobre-novembre) confirme celle du mois précédent. Un signal sec est attendu sur une grande partie de l’île en lien avec la situation de l’IOD (Indian Ocean Dipole) et de la persistance de La Niña dans le Pacifique. Les incertitudes restent plus fortes sur le versant est avec un flux d’alizés probablement un peu plus soutenu. Les moyennes de température devraient être normales à inférieures à la normale. »
Explicitant ce phénomène de régime des plus secs, Météo-France Réunion ajoute que « dans l’océan Indien, le signal d’un IOD (Indian Ocean Dipole) en phase négative se renforce. À ce signal régional très fort s’ajoute celui de la Niña dans le Pacifique. En conséquence, l’anomalie sèche qui en découle sur l’ouest du bassin et les régions côtières se renforce. La zone de déficit pluviométrique s’étend vers le sud du bassin en longeant la côte est de Madagascar et passant sur les Mascareignes. »
Du côté du Regional Seasonal Forecast Forum de la région du sud-ouest de l’océan Indien aux Seychelles, l’on rappelle que « the most dominant factor this year is La Niña, which usually means we get less rain. La Niña is based on the temperature of the sea in the Pacific Ocean. »
Les conclusions des délibérations des prévisionnistes des différentes stations de cette partie de l’océan Indien, allant des Comores, de La Réunion, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Tanzanie, Seychelles et l’Afrique du Sud, de la semaine écoulée vont également dans le même sens. Le pre-climate outlook qui se dégage est que « from October to December 2022 less rain is expected than usual and the same for November through to January. Seychelles and several other countries in the southwestern Indian Ocean will experience less rain and lower temperatures in the coming four months compared to yearly norms. »
Ces consultations, organisées sous l’égide de la Commission de l’océan Indien (COI), sont considérées comme étant d’une importance cruciale, car « the forum ensures consistency in the access to and interpretation of climate information. Through interaction with users in the key economic sectors of each region, extension agencies and policymakers, the forum assesses the likely implications of the outlooks on the most pertinent socio-economic sectors in the given region and explores the ways these outlooks could be used by them. »
En tout cas, la fin de l’année s’annonce chaude en termes de robinet 24/7 ou robine 24-sek…