Changement climatique : Maurice sous la menace de possibles dommages irréversibles

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié à la fin du mois dernier, est alarmant. Tout en notant une multiplication des phénomènes extrêmes liés au changement climatique, les spécialistes évoquent également le cas des petits États insulaires, qui ne seront pas épargnés. Ainsi, avec une hausse de 1,5ºC, les petites îles comme Maurice seront davantage exposées aux cyclones tropicaux, aux périodes prolongées de sécheresse et aux fortes précipitations. Pire : si rien n’est fait, note le GIEC, certains dommages pourraient être carrément irréversibles.

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Le rapport du groupe de travail II du GIEC, intitulé Changement climatique 2022: impacts, adaptation et vulnérabilité, et approuvé par les 195 gouvernements membres du GIEC à l’issue d’une session d’approbation virtuelle, met en avant un sentiment d’urgence émanant des petites îles en matière de changement climatique. Parmi les calamités insulaires, l’on note ainsi une hausse graduelle des températures, une augmentation du nombre et de l’intensité des cyclones tropicaux, et une fréquence plus élevée d’inondations brusques et de périodes de sécheresse. Mais aussi une élévation du niveau de la mer, l’invasion d’espèces envahissantes et le phénomène du blanchiment des coraux, dont est par ailleurs également victime Maurice.

Sur la question de l’habitabilité des îles récifales et des zones côtières, les auteurs du rapport ne sont pas optimistes, estimant que celle-ci diminuera du fait des dangers encourus par leurs populations en raison des hausses de température, de l’élévation du niveau de la mer et de la dégradation d’écosystèmes tampons. Mais ce n’est pas tout, puisque dans les zones côtières, où les terres sont grignotées à la suite de grosses précipitations ou par l’impact des vagues, en sus d’une aridité périodique accrue, l’insécurité alimentaire et hydrique risque de s’aggraver. Les auteurs évoquent ainsi des conséquences graves au cas d’une hausse de 1,5 °C.

L’impact, notent les auteurs, sera cependant différent pour les populations selon qu’elles habitent des régions urbaines ou rurales, sur une île tropicale ou non. D’ailleurs, les villes côtières et les régions rurales sont déjà impactées, que ce soit par la montée des eaux, les inondations, les marées de tempête. Idem pour les cyclones, en attestent les récents cas de Batsirai et Emnati, tous deux arrivés rapidement au stade de cyclone tropical intense. Concernant le taux d’intensification, celui-ci aurait en outre augmenté au cours des 40 dernières années, apprend-on encore.

La vie menacée

Et ce n’est pas tout, car l’écosystème des petites îles est aussi menacé. Outre le phénomène de blanchiment des coraux, et qui menace d’ailleurs la survie de ces derniers dans le moyen terme, les îles constituent aussi des pépinières de biodiversité, note le rapport. Pour autant, les espèces qu’elles abritent sont directement menacées d’extinction. Ainsi, près de la moitié des espèces terrestres menacées serait insulaire.
Le rapport, dans ses projections, met d’ailleurs en exergue les répercussions indirectes du bouleversement des écosystèmes terrestres et marins du fait du changement climatique. Ainsi, à l’horizon de 2050, l’on devrait assister à une hausse considérable de la fréquence, de l’étendue et de la durée des inondations sur les côtes insulaires, où résident souvent de larges populations. Sans compter les risques encourus aux grandes infrastructures, le plus souvent situées dans les régions côtières de faible élévation (moins de 10 mètres). Enfin, pour clore le chapitre des risques, les auteurs du rapport évoquent le cas des maladies véhiculées par les moustiques (dengue, chikungunya, zika…), beaucoup plus nombreuses dans les îles de l’océan Indien depuis ces 10 dernières années.
Les auteurs concluent leur rapport en rappelant l’urgence d’agir rapidement contre le changement climatique. Parmi les pistes évoquées pour y arriver, ils notent l’importance de financements appropriés et du transfert de technologies. Mais aussi de la volonté politique afin de réduire nos émissions polluantes. En outre, des mesures ambitieuses, et applicables dans le court terme, sont plus que nécessaires, disent-ils. L’un des plus grands problèmes restant, selon eux, la disproportion des actions engagées, notamment au sein des populations à faibles revenus.
Quant aux petites îles, plus particulièrement, si les initiatives face au changement climatique ne manquent pas, celles-ci sont unidirectionnelles, lit-on dans le rapport. Avec pour effet de détourner des ressources limitées vers d’autres objectifs de développement. Et de prendre exemple sur Maurice, où les projets d’adaptation au changement climatique sont quasi inexistants.

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