- Formation et remise des équipements climatiques aux instituts de recherche
Dans le cadre de l’Observatoire régional pour l’adaptation au changement climatique des pays du sud-ouest de l’océan Indien, le programme ECOFISH et la Mauritius Oceanography Institute (MOI), ont organisé du 28 au 30 avril dernier, une cérémonie officielle de remise des équipements climatiques et un atelier de formation. Ce projet est porté par l’Union Européenne (UE) en partenariat avec la Commission de l’océan Indien (COI).
L’objectif de cette formation de trois jours était de renforcer les capacités des assistants de recherche et les responsables techniques de six pays du réseau régional dont les Comores, le Kenya, Madagascar, Maurice, les Seychelles et la Tanzanie.
Mettre à disposition des équipements (capteurs HOBO) aux instituts de recherche pour la collecte de données. Ces outils permettront d’enregistrer des paramètres essentiels tels que la température, le pH, la teneur de l’oxygène dans l’eau ou encore la salinité, contribuant ainsi à une gestion durable des ressources marines.
La collecte de données en mer et à l’analyse d’images satellites permettra au projet d’évaluer la vulnérabilité des communautés de pêcheurs et d’identifier les meilleures stratégies d’adaptation. L’enjeu : renforcer la résilience du secteur face aux impacts du climat et contribuer à des politiques publiques plus efficaces et durables. A noter que pour une meilleure efficacité, les dispositifs devront rester immergés pendant au moins un mois afin de permettre la collecte des données.
Delphine Goguet, attachée aux affaires maritimes et à la pêche à la délégation de l’Union européenne auprès de la République de Maurice et la République des Seychelles, maintient que l’Observatoire Climatique est un exemple de multilatéralisme et de coopération internationale qui vise à relever les défis climatiques et permettre aux pays de prendre des décisions éclairées sur la gestion de la pêche. Dans son discours elle encourage « l’innovation technologique pour mieux surveiller et gérer les ressources marines. Des technologies avancées comme les capteurs sous-marins, les satellites et les modèles prédictifs peuvent jouer un rôle clé dans la gestion durable des pêcheries. »
Marc Maminiaina, chargé de mission à la Commission de l’océan Indien, a fait état des défis interconnectés qui impactent notre région tels que le réchauffement des océans qui menace la sécurité alimentaire de millions de personnes et provoque la migration des espèces vers des eaux plus froides ; l’acidification des océans qui met en péril la survie des espèces marines à coquille, comme les mollusques et crustacés, à forte valeur ajoutée. D’ici 2050, les prises dans les zones économiques exclusives pourraient diminuer de 2,8 à 5,3 % selon la FAO menaçant davantage les petits pêcheurs et communautés côtières déjà marginalisés. Cet atelier de formation vise à renforcer les capacités régionales, à travers l’Observatoire qui est « un espace d’échanges et de partage d’informations, un catalyseur pour la recherche, un rouage utile pour l’élaboration de stratégies, de politiques publiques et de plan d’actions concrètes. »
Pour le Dr Daniel Marie, directeur du Mauritius Oceanography Institute, « afin de garantir des résultats fiables ainsi qu’un suivi et des prévisions à long terme, il est impératif que tous les pays bénéficiaires soient équipés de matériel standard et de qualité. » Sur la base d’un inventaire réalisé par le programme ECOFISH en 2021, visant à identifier les indicateurs liés au changement climatique et les besoins en équipements dans la région, une liste d’équipements techniques a été établie. Il précise également que les données collectées seront acheminées vers l’Observatoire régional où elles seront analysées par les scientifiques du MOI.
Une démonstration de l’installation des équipements a d’ailleurs été effectuée dans le lagon à Balaclava afin de guider les participants.
Dainise Quatre, Fisheries Scientist des Seychelles Fisheries Authority, participante à cet atelier, souligne que pour un État insulaire comme le sien, les défis liés au changement climatique ont un impact direct sur la production de poisson. Elle considère cette initiative comme essentielle pour renforcer la résilience des communautés de pêcheurs.
Les récentes observations informent des effets dévastateurs du réchauffement climatique sur les populations des pays de la région. Selon la Commission économique pour l’Afrique, les pertes et dommages causés par le changement climatique sur le continent s’élèveraient entre 290 et 440 milliards de dollars entre 2020 et 2030.
Le bassin occidental de l’océan Indien se réchauffe plus rapidement que les autres océans, ce qui aura des incidences sur sa productivité future et donc sur les moyens de subsistance et la sécurité économique de ceux qui dépendent de la mer pour vivre
L’Observatoire Climatique régional été lancé en février 2024. Piloté par la MOI, la plateforme vise à mieux comprendre l’impact du changement climatique sur la pêche artisanale dans le sud-ouest de l’océan Indien à travers l’observation, la collecte, l’analyse et la diffusion des données cruciales.
L’observatoire regroupe aujourd’hui sept pays dont les Comores, la France/Réunion, le Kenya, Madagascar, Maurice, les Seychelles et la Tanzanie.