Cinéma – Through The Eyes of Anjalay : L’histoire tragique d’Anjalay portée à l’écran

Les réalisateurs Rasesh Ramprosand et Vicky Ramdhun ont remonté le fil de l’histoire pour nous présenter vendredi dernier au MCiné, à Trianon, un passé douloureux de notre île à travers les yeux d’une enfant de huit ans. Through the Eyes of Anjalay, réalisé avec le soutien de la Mauritius Film Development Corporation, et un financement à hauteur de Rs 800 000 en provenance du National Resilience Fund, raconte l’histoire d’Anjalay Coopen, tuée lors d’une fusillade le mercredi 27 septembre 1943 à Belle Vue Harel, alors qu’elle était âgée de 32 ans et enceinte de son premier enfant.

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La nouvelle salle du MCiné, pleine à craquer, avec des spectateurs debout dans les couloirs, a profondément secoué ceux qui, pour la première fois, ont vécu sur grand écran un pan douloureux de notre histoire. Après avoir expliqué avec profondeur la lutte d’un esclave dans Bellaca, et avoir été primé pour avoir raconté le déracinement des Chagossiens dans Chagos Nu Leritaz, les deux réalisateurs font donc un retour vers le passé, vecteur parfait pour contribuer à la mémoire collective.

À travers une construction atypique du récit et la volonté de mettre en valeur l’humanité et la résistance des travailleurs pour le rétablissement de leurs droits, le film raconte l’histoire tragique d’une femme simple, tantôt travaillant dans les champs des cannes, tantôt faisant la lessive à la rivière et préparant le repas du soir dans un feu de bois. Ses deux amies la considèrent comme une grande gueule, mais Anjalay décide d’aller jusqu’au bout de son combat.

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Neelam Jankee interprète avec brio le rôle d’Anjalay, et ses réparties, avec ses deux amies, en kreol morisien suscitent l’émotion. Toutefois, on regrette que le bhojpuri n’ait pas été utilisé dans le film, car tout comme le kreol, le bhojpuri était une langue très utilisée par les travailleurs pour revendiquer leurs droits. Un droit par ailleurs défendu par les syndicalistes Hurryparsad Ramnarain et Sharma Jugdambi, même si, à la fin, ils auront dû s’avouer vaincus face à un dirigeant anglais prêt à massacrer les travailleurs.

Vritika Maduray, âgée de 8 ans, crève l’écran dans la peau d’une écolière qui, à l’occasion de la fête du Travail, devra raconter l’histoire d’un personnage clé de l’histoire de Maurice. Son grand-père l’aide à remonter le fil de l’histoire. Vritika est alors confrontée à un dilemme : profiter d’un jour férié pour s’amuser ou faire en sorte de pouvoir soumettre le lendemain sa rédaction à son institutrice. Le grand-père commence ainsi son récit à la Vallée des Couleurs. Des prises de vues nous montrent aussi l’ashram du Human Service Trust, à Calebasses et Brisée-Verdière.

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Rasesh Ramprosand et Vicky Ramdhun ont expliqué avoir eu des difficultés à tourner ce film dans certains endroits. Autre problème rencontré : le manque de sponsors pour le financement du film. Néanmoins, grâce à l’intervention de Vikram Jootun, directeur de la MFDC, leur œuvre est finalement sortie sur les écrans, et sera même projetée à l’international. Les cinéastes mauriciens ont d’ailleurs bénéficié de l’expertise d’un cinéaste étranger.

Selon Vikram Jootun, un gros travail a été abattu depuis 2015 pour donner un nouveau souffle au cinéma local. Tout a débuté avec le 7 Day Challenge et avec le National Resilience Fund, qui autorise le financement d’un film jusqu’à hauteur de Rs 2 millions.
« Un vieux rêve de feu sir Anerood Jugnauth qui se sera ainsi réalisé. Avant 2015 et dans les neuf années qui ont suivi, seules 16 productions locales ont été réalisées. Et en huit ans, la MFDC, sous ma direction, a réalisé 800 courts-métrages et 20 longs-métrages », explique Vikram Jootun. Et de citer NJ The Legend, basé sur la vie du jockey Nooresh Juglall, décédé tragiquement après avoir chuté en pleine course le 15 mai 2021 au Champ de Mars, et Anoxia, signé de Mohun Kumar et primé à Cannes.

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